Méo-Fichaux entre tradition et innovation

Torréfacteur de cafés depuis 1928, le groupe Méo-Fichaux est l'union de deux entreprises familiales. Depuis la fusion en 2012, l'ETI nordiste (150 M€ de CA) surfe sur une croissance à deux chiffres. Entre investissements sur le site historique de la Madeleine, lancement d'une marque de café bio et conquête de nouveaux marchés, Méo-Fichaux se donne les moyens de ses ambitions désormais européennes.

Gérard Meauxsoone (à gauche) et Dominique Ruyant, co-dirigeants du groupe Méo-Fichaux.
Gérard Meauxsoone (à gauche) et Dominique Ruyant, co-dirigeants du groupe Méo-Fichaux.

A Lille, tout le monde connaît le café Méo qui est devenu, au fil des décennies, une véritable institution dans le Nord. Son histoire débute en 1928. Jules et Emile Meauxsoone, père et oncle de Gérard Meauxsoone, actuel co-directeur général avec Dominique Ruyant, ouvrent leur première épicerie fine dans la capitale des Flandres. Ils figurent parmi les premiers français à obtenir des licences d'importation pour des cafés en provenance du Brésil. Ils fondent la marque Méo en 1945.

Depuis, ce fleuron de l'industrie agroalimentaire régionale aux 34 000 tonnes de cafés torréfiés par an s'est bâti une solide réputation et a pris une nouvelle dimension en 2012, année de la fusion avec l'entreprise familiale Fichaux. «Nous nous connaissions depuis longtemps puisque nous étions deux torréfacteurs indépendants situés à seulement quelques kilomètres l'un de l'autre mais surtout deux entreprises familiales aux mêmes valeurs et au même esprit. Méo souhaitait franchir un palier, le rapprochement avec Fichaux s'est fait tout naturellement» raconte Gérard Meauxsoone.

Tous deux portés par une riche histoire familiale, les deux torréfacteurs nordistes ont uni leurs forces pour s'imposer comme un acteur important sur le marché européen du café. «L'objectif du rapprochement était de voir plus grand pour le groupe et c'est le cas aujourd'hui. Nous avons investi sur le marché des capsules en 2013, un segment en plein essor et surtout un exemple parfait de projet que nous n'aurions pas mené seuls» insiste le co-directeur général.

«Faire rayonner la marque mais avant tout mon nom de famille»

Arrivé il y a deux ans au poste de responsable de la digitalisation du groupe, Edgar Meauxsoone, fils de l'actuel co-dirigeant, apporte un vent de fraîcheur au groupe familial. «Méo a 92 ans de savoir-faire, Fichaux 110 ans. Le groupe a donc plus de 200 ans d'expérience dans le café, les nouvelles générations n'arrivent pas pour casser l'existant mais bien pour améliorer l'activité en se servant notamment des nouveaux outils technologiques et digitaux». Edgar Meauxsoone assure que l'ADN familial est une des clés de la réussite : «La transmission ne peut qu'être saine. En tant qu'héritier, je travaille pour faire rayonner la marque mais faire rayonner avant tout mon nom de famille, et ça, c'est une motivation supplémentaire». 

Ce côté familial est également très apprécié chez les collaborateurs : «la longévité est très longue ici et le turn over très faible. Il y a ce petit quelque chose en plus». Cette étiquette d'ETI familiale pèse aussi beaucoup auprès des producteurs et négociants de café : «Nous nous fournissons dans de nombreux pays (principalement au Brésil, en Colombie et au Vietnam ndlr) et le côté familial installe une confiance avec nos interlocuteurs internationaux».

Deuxième marque française de café bio

Depuis la fusion en 2012, le groupe Méo-Fichaux ne cesse de monter en puissance. «On dit souvent qu'une entreprise familiale peut être la meilleure chose comme la pire des choses. Dans notre cas, nous avons travaillé en bonne intelligence et compréhension collective. L'objectif est que l'entreprise reste sous le contrôle de la famille sans fermer la porte bien entendu à des partenaires extérieurs» glisse Gérard Meauxsoone. Dixième marque du marché, Méo-Fichaux est en progression de 37% par rapport à 2021. Le torréfacteur nordiste glane même la deuxième place au classement français des marques de café bio. 

Méo-Fichaux a la particularité de s'adapter aux tendances du marché. Sur le segment du café en grain, un marché en plein essor, Méo-Fichaux affiche 74% de croissance. Dynamisé par une croissance à deux chiffres depuis 10 ans, le groupe lance Kouta, une nouvelle marque de café bio visant l'empreinte carbone neutre. Au delà d'un emballage 100% recyclable et d'une traçabilité assurée sur l'ensemble de la filière, cette marque a la particularité de transporter le café de Colombie par voilier jusqu'à Bordeaux. «Le café est transporté à hauteur de 15% par voilier, nous visons les 80% d'ici 3 ans et les 100% d'ici 5 ans». Difficile néanmoins aujourd'hui de savoir si ces ambitions sont réalisables à horizon 2027.

Extension du site historique de la Madeleine

Méo-Fichaux (250 collaborateurs) déploie son activité sur deux sites dans la métropole lilloise, à La Madeleine et dans le quartier Bois-Blanc à Lille. Le 22 avril, le groupe a inauguré sa nouvelle halle sur l'usine historique de La Madeleine. D'un montant d'investissement de 7,3 M€, cette extension de 5 000 m² supplémentaires comprendra de nouvelles lignes pour la mouture et la mise en place en silos du café moulu. 

Méo-Fichaux signe ainsi la dernière étape de son programme d'investissement global de 12 M€ dans son outil de production, comprenant notamment l'installation d'une nouvelle ligne de conditionnement de capsules. Avec cette ligne supplémentaire, la cadence industrielle s'accélère passant de 500 à 1 500 capsules par minute soit 450 millions de capsules par an (7% du CA). Le groupe qui place le digital et l'international comme axes forts de développement entrevoit sereinement les années à venir.