Implanté à Courrières

Menuiseries Bouillon : le patrimoine chevillé au corps

La PME, basée dans la zone d'activités des Chauffours à Courrières, a entre autres glané le chantier de la préfecture de Lille. Rencontre avec Romain Christory, son directeur.

Romain Christory, directeur de Menuiseries Bouillon.
Romain Christory, directeur de Menuiseries Bouillon.

Des fenêtres et des portes en bois, oui, mais pas n'importe lesquelles. Menuiseries Bouillon, qui fêtera en 2024 ses 70 ans d'existence, est spécialisée dans l'ouvrage de patrimoine et de sites classé. Préfecture du Nord à Lille (trois ans de travaux pour un budget de 3 millions d'euros), Condition publique à Roubaix, gare Lille-Flandres, de Paris-Nord ou de Tourcoing, tribunal de grande instance et hôtel de la Cour des comptes d'Arras, conservatoire de Valenciennes... «40 à 45% de notre activité provient de marchés publics», précise Romain Christory. 

Le chef d'entreprise, qui a repris les rênes de Bouillon en 2019, affiche un portfolio impressionnant et un regard passionné sur les planches de sapelli - une essence africaine - fraîchement arrivées à l'atelier. La menuiserie travaille également le chêne, le mélèze ou le pin sylvestre. La fabrication se fait exclusivement à Courrières, dans la zone d'activités des Chauffours. Le bois brut, suivant un système de commande automatisé, passera sur plusieurs machines afin d'être découpé, raboté et usiné «au demi millimètre près», avant d'être assemblé et peint manuellement.

Les planches de bois sont assemblées et peintes manuellement.

Croissance à deux chiffres

Ici, le 100% sur-mesure, rebaptisé «moutons à cinq pattes» pour la complexité de sa mise en œuvre («Si c'est trop simple, on ne se démarque pas !»), est le mot d'ordre. Et ce pour les deux grandes gammes que propose la société : «menuiserie traditionnelle» (mouton et gueule de loup avec crémone en applique ou à l'espagnolette) ou «menuiserie à recouvrement». 

Les commandes de particuliers désireux de faire refaire leurs portes et fenêtres anciennes à l'identique mais adaptées aux normes thermiques représentent pour leur part environ 20% du marché, le reste provenant de commandes de promoteurs. Ces activités ont engrangé en 2023 un chiffre d'affaires de 7,8 millions d'euros, en hausse de près de 10% par rapport à 2022. La PME, qui embauche 55 personnes (dont 30 à la production et 15 à la pose sur les chantiers), est ainsi en pleine ascension. Mais tel n'a pas toujours été le cas.

D'une famille à l'autre

Fondée en 1954 par Roger Bouillon à Montigny-en-Gohelle, il y a une dizaine d'années la menuiserie périclitait, «faute d'investissements et de capacité d'usinage», relate Romain Christory. En 2013, alors qu'il est en stage à San Francisco comme ingénieur, son père, François Christory, issu de l'industrie textile, lui demande s'il est prêt à rejoindre l'aventure : un an auparavant, il a racheté Bouillon et y a investi un million d'euros pour la faire repartir. 

Menuiseries Bouillon travaille essentiellement le sapelli mais aussi le chêne, le mélèze et le pin sylvestre.


Romain décide de traverser l'Atlantique : «On a modernisé notre outil de production avec l'achat de nouveaux centres d'usinage automatisés et de logiciels. Nous avons développé nos gammes avec de la menuiserie traditionnelle que l'on ne faisait pas auparavant. Nous avons amélioré la qualité, trouvé de nouvelles façons de travailler et, enfin, acquis une renommée auprès d'architectes et de donneurs d'ordre. Aujourd'hui nous sommes un acteur incontournable dans la menuiserie extérieur-bois au niveau régional. Nous sommes connus auprès des principaux architectes du patrimoine, qui nous sollicitent sur de nombreux projets», s'enthousiasme-t-il.

La feuille de route pour 2024 ? Agrandir l'atelier ! Des auvents ont déjà été installés, soit un investissement de 200 000 euros. Prochaine étape, dès 2024, Romain Christory projette de mettre en place une seconde ligne de finition peinture et d'améliorer encore les postes de travail pour les salariés. Un investissement de 400 000 euros.