Medef : Geoffroy Roux de Bézieux tire sa révérence
Discussion sur les seniors à venir, difficultés à peser sur le politique… Lors de sa dernière conférence de presse, l’actuel président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a longuement évoqué la transformation de l’action du syndicat patronal dans un panorama changeant.
« Non,
ce n’était pas un règne »,
corrige
Geoffroy
Roux de Bézieux,
reprenant
les
propos d’une journaliste. Pourtant, le 20 juin, l’actuel
président du Medef, élu
en juillet
2018,
a bel et bien tiré sa révérence, lors d’une conférence de
presse, au siège de l’organisation patronale. Les nouvelles
élections
se tiendront
le
6
juillet.
Geoffroy
Roux de Bézieux
a
commenté
l’actualité et dressé un
bilan
de son mandat, lequel a été scandé par des « crises
successives »,
a-t-il rappelé (gilets jaunes, Covid,
guerre
en Ukraine..).
Les
cinq années passées à
la tête
du Medef ont
aussi
été marquées par de profonds changements
dans le dialogue social en France, sous l’égide d’un président
de la République qui a montré peu d’appétence pour gouverner
avec les corps intermédiaires de la société.
Parmi
les « réussites »
que reconnaît l’actuel président du Medef figure « la
reprise d’un dialogue régulier avec les syndicats ».
L’agenda
social autonome, dont il a été l’initiateur, compte
13
accords signés à son actif, d’après le Medef, dont celui sur le
partage de la
valeur
ajoutée.
Le
bilan s’avère moins positif
sur
le plan du paritarisme. «
Nous sommes parvenus à défendre l’autonomie d’Action Logement
»,
défend
Geoffroy
Roux de Bézieux.
En
outre, l’accord sur la santé au travail a «
évité
la création de France santé au travail »,
a-t-il
ajouté. En
revanche, la
gestion de l’Unedic a fait l’objet d’un cadrage sévère du
gouvernement, sans que les partenaires sociaux n’en abandonnent la
gouvernance (après avoir menacé de le faire). Faut-il en partir ?
«
La
question se pose pour tous les partenaires sociaux et fait l’objet
d’un débat. (…). Notre position est que nous avons légitimité
à rester dans cette gouvernance, dans
la mesure où le patronat finance pour partie l’assurance
chômage »,
tempère Geoffroy
Roux de Bézieux.
Mais
plus
largement, à
la suite de l’épisode de la
réforme des retraites, la donne pourrait changer, en matière de
dialogue social. «
Le
gouvernement a donné le signal selon
lequel il
allait
laisser la main aux partenaires sociaux sur
l’agenda social de manière assez large »,
a-t-il
annoncé.
L’autonomie
des partenaires sociaux devrait
varier,
selon
si
les sujets font l’objet ou pas d’une lettre de cadrage. Celui
des seniors,
envisagé de manière large (comment
les recruter, les garder… ),
se
situe « entre
les deux »,
précise Geoffroy
Roux de Bézieux.
Pour
lui, il
s’agit d’un sujet qui pourrait faire l’objet d’un dialogue
constructif.
Des chefs d’entreprises inquiets
Les
résultats des enquêtes d’opinion menée par le syndicat
contiennent quelques motifs de satisfaction pour Geoffroy Roux de
Bézieux. En effet, le niveau de notoriété spontané du Medef
auprès des Français a crû, pour atteindre 32 %, d’après un
récent sondage Opinion Way. La CGT talonne le Medef (31%), suivie de
FO (21%) la CFDT (17%) et la CPME (10 %). En
revanche, les derniers résultats du sondage IFOP, menés tous les
quatre mois auprès d’entreprises de 10 salariés et plus sont peu
réjouissants. « Cela se sentait déjà dans les discussions
informelles, il y a un infléchissement négatif du moral des chefs
d’entreprises », annonce Geoffroy Roux de Bézieux.
Concernant leur propre entreprise, près des trois quarts (73%) des
dirigeants se déclarent optimistes. C’est neuf points de moins
qu’en janvier, où un pic avait été atteint (82%). L’ensemble
des secteurs sont concernés par cette tendance négative, bâtiment
et commerce en tête. Par ailleurs, 40% seulement des chefs
d’entreprises se déclarent optimistes quand à la situation
générale du pays, en baisse de trois points par rapport à janvier
et de 12 points par rapport à août 2022.
La
cause majeure de l’inquiétude des dirigeants réside dans la
difficulté à recruter, citée par 48% d’entre eux, tous
secteurs confondus. L’augmentation des prix vient en deuxième
(45%) et les effets potentiels de la conjoncture nationale et
internationale sur l’activité, ensuite
(22%). Les difficultés d’approvisionnement, en revanche,
semblent s’estomper. Elles ne sont citées que par 14% des
sondés. Autre tendance
préoccupante, les entrepreneurs sont de plus en plus nombreux
à s’inquiéter de la situation financière de leur entreprise. Ils
sont 27% à estimer qu’elle s’est détériorée.
Parmi
les quelques motifs d’optimisme, en dépit de la réforme des
retraites, « les chefs d’entreprise disent que le dialogue
social est de bonne qualité. La tension sociale dans la rue est
restée à la porte des entreprises », analyse Pierre
Fouquet, responsable de l’information économique au Medef.
95 % des dirigeants jugent que la qualité du dialogue social
dans leur entreprise est bonne ou très bonne. Autre point
positif, un carnet de commandes plein (47% des sondés).
Pour autant, celui ou celle qui prendra la succession de Geoffroy Roux de Bézieux n’aura pas la tâche facile.