McCain va investir 17 millions d’euros sur son site de Béthune en 2022
Pour maintenir sa compétitivité, le géant canadien de la frite surgelée va construire un nouveau bâtiment sur son site de Béthune. La livraison de six nouvelles lignes de conditionnement ultramodernes est prévue fin 2022.
Un investissement de 17 millions d’euros, qui plus est à quelques centaines de mètres de l’ancien site Bridgestone, cela valait bien une petite visite d’Agnès Pannier-Runacher. Le 24 août, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Économie s’est donc rendue sur le site béthunois de l’entreprise McCain (227 salariés), une des trois unités françaises du géant canadien, avec Harnes et Matougues (51). «Dix-sept millions d’euros, c’est un investissement considérable pour une entreprise comme celle de Béthune, a lancé Agnès Pannier-Runacher. Et une entreprise qui continue d’investir pendant la crise, alors que 70% de son chiffre d’affaires est remis en cause par la fermeture de nombreux établissements, c’est une excellente nouvelle !»
125 millions d’euros depuis cinq ans
Grâce à ce gros investissement, McCain va donc construire un nouveau bâtiment et ainsi pouvoir accueillir six nouvelles lignes de conditionnement ultramodernes. «C’est un projet multi-impacts, a précisé Thomas Delcroix, le directeur du site. Cela va nous permettre d’améliorer l’ergonomie et la sécurité pour la conduite opérationnelle des lignes, mais également nous faire progresser en termes de qualité et de productivité.» L’objectif de McCain est même extrêmement concret : «Ces lignes vont nous permettre de proposer des formats différents et adaptés, allant de 500 grammes à 3 kilos. On va pouvoir couvrir toute la gamme de la grande distribution.»
Une telle annonce avait aussi fait déplacer le directeur de McCain Europe. Logique. «Sur les cinq dernières années, McCain a investi environ 125 millions d’euros dans ses trois usines en France, a rappelé Erwin Pardon. Moderniser nos emballages, c’est améliorer notre compétitivité sur le marché. Or, le marché de la pomme de terre est mondial et très concurrentiel.» L’enjeu national est aussi de taille pour le directeur belge de l’entreprise canadienne : «Le marché français représente 30% de notre chiffre d’affaires (1,6 milliard d’euros).»
1 million de tonnes de pommes de terre par an
En France, McCain c’est aussi 30% du marché des frites surgelées et de produits dérivés en grande distribution et en restauration rapide, et même 40% en restauration traditionnelle. Et le leader des produits surgelés à base de pomme de terre insiste également sur sa volonté de défendre le 100% français. McCain s’approvisionne dans les environs directs de ses usines de production. «Tout un sourcing de pomme de terre se fait autour de la région, confirme Thomas Delcroix. A Béthune, nous travaillons avec 150 agriculteurs dans un rayon maximum de 200 kilomètres», a-t-il expliqué les yeux dans les yeux à la ministre. Sur l’ensemble du territoire, le géant de la frite surgelée achète un million de tonnes de pommes de terre par an, auprès de plus de 850 agriculteurs.
Réduire de 50% les émissions de CO2 d’ici 2030
Et cela tombe bien car McCain veut également «accélérer sa transformation vers une production plus moderne et très durable», selon Erwin Pardon : «D’ici 2030, nous voulons réduire nos émissions de CO2 de 50%.» Fondée en 1957 au Canada, McCain, qui s'est implantée dans notre pays en 1981, n’est donc pas prête de renier son amour pour la France et pour les consommateurs de l’Hexagone. Seule petite ombre au tableau, cet investissement n’aura pour le moment aucune retombée sur l’emploi dans le bassin béthunois.
Agnès Pannier-Runacher défend la politique de réindustrialisation et d’attractivité
«L’usine McCain de Béthune est la parfaite illustration de la façon dont l’industrie en France peut se développer, se moderniser et contribuer à la transition écologique, le tout dans un climat de confiance», a lancé Agnès Pannier-Runacher, en préambule à son intervention, au terme d’une heure de visite et après avoir conversé à plusieurs reprises avec des salariés de l’entreprise. «Car cette entreprise est canadienne. Ce projet montre donc la confiance des investisseurs étrangers dans une France industrielle.» Et la conclusion qu’elle en a tirée n’est pas une surprise : «Il faut y voir le résultat d’une politique menée sous l’égide du président de la République en faveur de l’attractivité et de la reconquête industrielle.»
Agnès Pannier-Runacher s’est également félicitée de voir la France «sur la première marche du podium devant l’Allemagne en termes de projet industriels pour les investissements étrangers en Europe. En 2020, une année très difficile, la France a enregistré autant de projets que l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne réunis.» La ministre a ensuite détaillé les clés de la réussite, selon elle : «la baisse des impôts sur les sociétés, plus récemment la baisse des impôts de production, l’évolution de la fiscalité du capital pour faire en sorte qu’on investisse dans une entreprise plutôt que dans un bien moins créateur d’emplois; et la volonté de simplifier les relations entre les services de l’Etat et les entreprises». Enfin, en citant l’exemple de McCain, Agnès Pannier-Runacher s’est félicitée que «des industriels investissent en dehors du plan de relance». Un plan de relance dont 35 milliards d’euros sur les 100 milliards sont consacrés à relocaliser des productions.