Maud Bregeon visite la nouvelle unité de production d'Unither

Jusqu’ici spécialisé dans la production d’unidoses stériles, le site amiénois d’Unither se diversifie dans le secteur des vaccins. Maud Bregeon, porte-parole du Gouvernement, a découvert le 8 novembre les nouvelles installations.

Johann Cauvez présente le nouveau produit d’Unither à Hubert de Jenlis, maire d’Amiens, Rollon Mouchel-Blaisot, préfet de la Somme et Maud Bregeon. (@Aletheia Press/DLP)
Johann Cauvez présente le nouveau produit d’Unither à Hubert de Jenlis, maire d’Amiens, Rollon Mouchel-Blaisot, préfet de la Somme et Maud Bregeon. (@Aletheia Press/DLP)

« Aujourd’hui, la technologie développée sur le site est celle du ‘’Blow-Fill-Seal’’, c’est-à-dire : soufflage, remplissage et scellage, qui permet de fabriquer des unidoses stériles », explique Johann Cauvez, directeur d’Unither Amiens. Ce 8 octobre le site, jusque-là spécialisé dans la fabrication de sérums physiologiques sans conservateurs, reçoit la visite de Maud Bregeon, porte-parole du Gouvernement, pour lui présenter la réorientation de son activité.

En effet lors de la crise sanitaire, le sous-traitant pharmaceutique a observé les difficultés liées au remplissage de capsule de vaccins. « Nous disposons d’un outil industriel permettant une production très efficace, d’où l’idée de nous lancer sur ce nouveau marché de l’injectable et du biologique », poursuit-il. Baptisé Euroject, le projet a entraîné la construction d’un atelier de 6 000 m² où seront installées cinq nouvelles lignes, destinées à produire à terme un milliard de vaccins unidoses et à créer 200 emplois d’ici 2027. « Nous sommes partis de rien ; il était donc essentiel pour nous de pouvoir être accompagnés par l’État pour réduire le risque », confie Johann Cauvez. Sur un investissement global de 95 millions d’euros, Unither a ainsi pu bénéficier d’un soutien de la BPI à hauteur de 34,8 millions d’euros.

Lever tous les freins

Le produit imaginé par Unither s’appuie donc sur la même technique de fabrication utilisée pour les unidoses servant à nettoyer le nez ou les yeux des bébés et fabriquées sur le site amiénois. L’innovation réside ici dans le fait de connecter directement une aiguille à une dose préremplie de vaccin, la rendant immédiatement prête à être injectée. « Le premier enjeu était de passer de la chimie à la biologie. Le second était de garantir qu’un produit biologique reste actif après avoir été en contact avec la capsule en polyéthylène qui est encore chaude lors du remplissage », résume Johann Cauvez.

Johann Cauvez présente l’une des nouvelles lignes de production à Maud Bregeon et Hubert de Jenlis. (@Aletheia Press/DLP)

Si ces deux défis ont été relevés, Unither doit encore travailler avec les autorités compétentes pour obtenir une autorisation de mise sur le marché et trouver des partenaires pour lui confier une solution à introduire dans les unidoses. « Actuellement, nous ne sommes pas encore compétents pour fabriquer des produits biologiques », indique le directeur du site amiénois.

Une innovation qui fait rayonner le territoire

Dans l’atelier flambant neuf, les tests ont déjà commencé, laissant entrevoir la possibilité de lancer la production dès 2025 et de créer 200 d’ici 2027. « Nous avons ici un bel exemple d’innovation à la française, avec des perspectives de création d’emplois et de développement à l’international », se félicite Maud Bregeon, porte-parole du Gouvernement.

« C’est notre rôle de mettre en lumière, dans un contexte difficile, ce qui fonctionne bien. La Somme est une terre d’industrie, et nous pensons qu’elle a vocation à le rester », assure-t-elle, tandis que le directeur d’Unither Amiens insiste l’importance à conserver un système d’éducation et de formation performant. « Nous avons la chance d’avoir de bons ingénieurs, de bons pharmaciens, de bons ouvriers et de bons techniciens. C’est ce qui nous permet d’innover et de rester compétitifs », conclut Johann Cauvez.

Rencontre avec les représentants syndicaux locaux

À la demande du député de la Somme François Ruffin et en présence du sénateur Rémi Cardon, Maud Bregeon a rencontré plusieurs représentants syndicaux, notamment ceux de Metex, repris cet été par le groupe Avril avec le soutien de la BPI. Des représentants syndicaux d’Auchan, Valeo et Watts, touchés par des plans sociaux ont également participé aux échanges.

Le 1er octobre dernier, le groupe américain Watts a annoncé la fermeture de son site à Hautvillers-Ouville et la suppression de 98 emplois. « Nous avons signé un protocole d'accord hier pour entrer dans le PSE, mais ce que nous voulons, c'est conserver notre emploi », explique Stéphane Graindor, représentant CFDT de l’entreprise. « Nous ne sommes pas déficitaires, nous gagnons de l'argent, nous avons du travail. La preuve : aujourd'hui, la direction parle de recruter des intérimaires, alors que les licenciements sont prévus pour le mois de mars ! », pointe-t-il, dénonçant une fermeture motivée uniquement par le profit.

« Notre production ne va pas disparaître, elle va être transférée en Bulgarie, en Italie et sur le site de Virey-le-Grand », précise Stéphane Graindor, qui, avec l’ensemble des salariés compte proposer cette semaine à la direction une solution alternative. « Cela fait 27 ans que je suis dans le groupe ; il n’y a pratiquement jamais eu d'investissements, ni de nouveaux produits. Mais nous, depuis le fin fond de la Somme, on s'est toujours battus, on a toujours fait notre travail comme il fallait, et on a tout donné pour notre métier », dénonce le représentant syndical.

« Quand une entreprise est en bonne santé, il y a des comportements qui sont inacceptables » abonde Maud Bregeon. « La situation de Watts soulève deux questions : celle des délocalisations et celle de l’utilisation de l'argent public. Dans certaines entreprises, ces fonds profitent aux actionnaires et non à l'outil de travail ou à l'investissement » déclare François Ruffin. Si la porte-parole du Gouvernement reconnaît que cela a été « souvent le cas ces dernières années », elle défend cependant l’importance pour l’État de soutenir massivement les entreprises. « Il faut réindustrialiser le pays, c'est le premier vecteur de souveraineté. En France, depuis plusieurs années, on ouvre plus d'usines qu'on en ferme. France 2030, c'est 52 milliards d’euros, et c’est, par exemple, ce qui va permettre la création de 200 emplois chez Unither », observe Maud Bregeon.

« Je sais que ce ne sont que des chiffres et que cela ne correspond pas à la réalité que vous vivez. Mais ce combat est porté par le Président réellement, sincèrement », assure-t-elle avant d’évoquer la nécessité de porter ce sujet à l’échelle européenne pour se protéger des pratiques chinoises notamment. « Je ne me décharge pas de notre responsabilité. Je dis simplement que les solutions ne se trouvent pas uniquement en France, mais aussi au niveau de l’Union européenne », conclut-elle, persuadée que les 27 peuvent se mobiliser aussi rapidement sur cette question qu’ils l’ont fait lors de la crise sanitaire.

Maud Bregeon, François Ruffin, Rémi Cardon et Samir Benyahya, délégué syndical CFDT de Metex. (@Aletheia Press/DLP)

DLP