Mathis Molinié, chef d'un bistrot de quartier et star de TikTok
"Chez Philippe", c'est l'histoire d'un père et d'un fils, unis par la cuisine. Une affaire de famille (et de copains) qui fait rêver la terre entière sur les réseaux sociaux.
Les pieds bien sur terre… Mathis Molinié est une star montante des réseaux sociaux, avec plus de 370 000 followers sur TikTok. Pourtant, le jeune homme sait que c’est dans sa cuisine et en salle que tout se joue. Voilà sept ans que le jeune chef a rejoint son père, Philippe, en cuisine. Celui-ci œuvre depuis plus de 30 ans, rue aux Ours à Rouen. Un agrandissement de salle (passant de 38 à 70 couverts), l’obtention d’une terrasse, un relooking, et voilà Mathis aux commandes, sous le regard bienveillant (mais critique) de son père.
« Nous, nous aimons l’esprit bistrot. Il faut qu’il y ait du bruit, que les couverts claques et que ça parle fort dans la salle… » sourit Mathis Molinié. C'est d'ailleurs comme cela que son père a toujours pensé la restauration : un moment convivial, avec des tables de copains qui commentent les matchs de foot. Pour autant, il n'est pas question ici de tomber dans le cliché. « On peut très bien manger dans un bistrot. A Paris, les gens le savent », commente le jeune chef, qui veut être vu comme le tenancier « d'un bon bistrot de quartier... là où on va bien manger. » À la carte : trois entrées, trois plats (terre / mer / veggie) et trois desserts, comme l'a toujours fait Philippe. Les plats sont renouvelés tous les mois, en fonction des produits de saison, que Mathis et son équipe choisissent avec minutie, le plus localement possible, chez des fournisseurs, qu'ils veulent là aussi, « humains ».
Notoriété et opportunités
Pour autant, la vie numérique du restaurant et de Mathis n'en est pas moins débridée. Il publie régulièrement de courtes vidéos qui résument, en une minute, deux heures de travail en cuisine. « J'avais déjà vu beaucoup de chefs présenter des recettes, par exemple, explique-t-il. J'ai voulu faire différemment et je me suis inspiré de ce que faisait un chef brésilien ». Et puis... une vidéo en amène une autre. « Je prends un réel plaisir à faire mes montages, avoue-t-il. Et puis ce sont aussi des souvenirs pour plus tard, comme l'album photos de mon père... »
Il l'admet, d'un point de vue strictement commercial, être suivi par des personnes aux quatre coins du monde, « ça ne m'apporte pas grand-chose ». D'autant que la clientèle du restaurant est plutôt une clientèle d'affaires, de quartier. « Mais c'est une forme de reconnaissance qui est agréable », poursuit Mathis Molinié. Et la notoriété a d'autres avantages. « Nous sommes invités à des évènements, sollicités pour des partenariats... Cela ouvre des opportunités. Et c'est de la publicité gratuite. Pour l'instant, ce n'est que du positif. »
Karaage et riz au lait
Pour être plus proche de ses clients, aussi, Mathis Molinié propose un live tous les samedis soirs. « Mon père découvre que l'on peut parler avec le monde entier », sourit-il. De quoi voyager aussi, un peu, virtuellement. Ce qui tombe bien, car le jeune homme adore voyager, notamment en Asie, où il souhaite emmener son père prochainement. Rien d'étonnant à ce que des saveurs asiatiques se retrouvent facilement dans ses plats. Son plat-signature, le karaage (une recette de poulet frit japonaise), figure par exemple en bonne place sur la carte... non loin du riz au lait de Philippe.
La passation entre le père et le fils est bien là. Ne reste qu'à attendre que la plaque du Michelin (et non pas une étoile, à laquelle Mathis n'aspire pas), vienne rejoindre celle du Gault & Millau sur le pas de la porte. Une forme de reconnaissance simple, à laquelle Philippe a toujours rêvé.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre