Marylise Léon et Sophie Binet, un an au sommet du syndicalisme français
La bataille perdue contre la réforme des retraites, une entente syndicale préservée, les luttes à venir pour le "pouvoir d'achat" ou l'écologie: les leaders de la CFDT et de la CGT dressent, pour l'AFP, le bilan de leur première...
La bataille perdue contre la réforme des retraites, une entente syndicale préservée, les luttes à venir pour le "pouvoir d'achat" ou l'écologie: les leaders de la CFDT et de la CGT dressent, pour l'AFP, le bilan de leur première année à la tête des deux principales centrales.
Sophie Binet avait succédé à Philippe Martinez le 31 mars 2023, au terme d'un congrès CGT houleux. Mi-avril, Marylise Léon avait été désignée en douceur à la CFDT après le départ surprise de Laurent Berger, puis pris les rênes du premier syndicat français en juin. Depuis, les deux femmes se sont installées, chacune avec son style.
- Un an de luttes -
Sophie Binet déplore, dans un entretien à l'AFP, que l'exécutif n'ait "absolument pas" tiré les leçons de l'épisode des retraites et critique un pouvoir "toujours plus vertical".
Elle souligne des luttes "gagnantes", de la Tour Eiffel aux sans-papiers en passant par Valdunes, insistant sur un "bilan collectif". Sur un plan plus personnel, la dirigeante âgée de 42 ans reconnait que piloter une centrale, "c'est intense et c'est fatigant, mais c'est exaltant aussi".
Côté CFDT, qui généralement met en avant sa culture du compromis, Marylise Léon assure, dans un entretien distinct, que "post-retraites, les équipes restent toujours très combatives, toujours aussi mobilisées". "Il n'y a pas moins de combativité à la CFDT", insiste la responsable âgée de 47 ans.
- Unité syndicale -
Sophie Binet vante une unité syndicale "pérennisée": en témoignent la récente tribune des cinq grandes centrales contre une réforme de l'assurance-chômage ou leurs propositions communes sur le "pacte de la vie au travail".
"Ça n'est plus seulement une unité syndicale de sommet", dit-elle, vantant une "maturité" et une "confiance" entre organisations. Elle admet toutefois "une divergence" avec la CFDT pour qui "l'unité syndicale n'est pas un objectif permanent".
Avec les autres syndicats, confirme Marylise Léon, "il y a une bonne entente, une confiance aussi, qu'on a réussi à entretenir, et des relations, malgré le fait qu'on soit passé à autre chose côté intersyndical".
En interne
Certaines voix évoquent des tensions récurrentes au sein de la CGT. Mais Sophie Binet met en avant "une organisation très rassemblée", réfutant l'idée qu'elle puisse être cornaquée par son numéro deux, l'ex-patron de la fédération des Cheminots Laurent Brun, et celui de l'Energie Sébastien Menesplier.
Côté CFDT, Marylise Léon assure qu'un an après le départ de Laurent Berger, "la cohésion interne est toujours très forte" avec "aucun questionnement" son leadership. "Je pense qu'il y en a eu quand Laurent (Berger) a annoncé qu'il partait parce que ça a été extrêmement inattendu (...) dans une période de grande popularité", admet-elle.
Les deux dirigeantes se réjouissent de la bonne "dynamique" des adhésions, qui se poursuit depuis le conflit des retraites ("quasiment 70.000" adhésions en un an pour la CGT, "86 ou 87.000" pour la CFDT).
Présence médiatique
Pendant le conflit des retraites, Laurent Berger était plus visible dans les médias que Philippe Martinez. Depuis, Sophie Binet, qui maîtrise l'art de la "punchline" et multiplie les déplacements, semble avoir pris l'ascendant.
D'après un comptage réalisé sur la plateforme de veille média Tagaday, Marylise Léon totalise sur un an 8.100 retombées contre… 25.000 pour Sophie Binet (tous médias confondus).
"Je ne réponds pas à toutes les sollicitations", explique la numéro un de la CFDT. "Je ne suis pas une opposante à Emmanuel Macron. Je ne dis pas que c'est ce que fait Sophie Binet, mais elle est probablement perçue comme telle."
"Je ne suis pas dans une course à l'échalote avec les autres organisations syndicales", rétorque la dirigeante de la CGT.
Défis pour l'avenir
A court et moyen terme, la "priorité numéro un" reste "le pouvoir d'achat", souligne Marylise Léon, citant aussi "la qualité du travail, les conditions de travail". Autre défi: les transformations écologique et numérique qui vont nécessiter "des besoins d'adaptation et des évolutions énormes".
Sophie Binet cite, elle, la lutte "contre l'extrême droite et contre l'extrême argent". En déplorant de découvrir dans la presse les projets du gouvernement concernant le marché du travail, notamment "la remise en cause de l'assurance chômage".
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