Marine Tondelier: un an de refondation avant le test des européennes
Un an après son élection à la tête d'Europe Ecologie Les Verts, Marine Tondelier a rendu son parti plus visible et amorcé une refondation d'ampleur, mais elle n'a pas échappé aux polémiques et affrontera un...
Un an après son élection à la tête d'Europe Ecologie Les Verts, Marine Tondelier a rendu son parti plus visible et amorcé une refondation d'ampleur, mais elle n'a pas échappé aux polémiques et affrontera un test majeur aux européennes de juin prochain.
Lorsqu'elle a été élue le 10 décembre 2022, avec 91% des voix des quelque 11.000 adhérents, "c'était la morosité, les militants ne voyaient pas la lumière au bout du tunnel", raconte la secrétaire nationale d'EELV.
A l'époque, le parti est encore assommé par la défaite du candidat à la présidentielle Yannick Jadot (4,6%), et par les divisions internes.
Conseillère régionale et élue municipale d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), un des fiefs de l'extrême droite, Marine Tondelier, 37 ans, ne siège pas à l'Assemblée nationale. Pourtant, "elle a réussi à recréer du lien, et a su se faire une place politique et porter des combats", observe Cyrielle Châtelain, la cheffe des députés écologistes.
Très présente pendant la bataille contre la réforme des retraites et sur les luttes écologistes, Marine Tondelier "existe médiatiquement, c'est quelqu'un qui imprime et qui est pédagogue", renchérit l'adjoint à la maire de Paris David Belliard.
Mais si les querelles intestines se sont raréfiées, elle n'a pas non plus échappé aux polémiques, qu'elle a parfois elle-même créées, par exemple en invitant aux journées d'été d'EELV le rappeur Medine, accusé d'antisémitisme.
"Une erreur" dénoncée par plusieurs figures du parti comme l'eurodéputée Karima Delli ou la tête de liste aux européennes Marie Toussaint. "On a raté la rentrée politique", admet David Cormand, proche de la secrétaire nationale.
Et ses critiques, fin octobre, sur une manifestation pour le peuple palestinien ponctuée de cris "Allah Akbar", ont aussi perturbé les militants, même si elle a rapidement présenté ses excuses en reconnaissant que cette expression religieuse ne pouvait pas être assimilée systématiquement à des actes de violence.
A l'extérieur du parti, elle a été aussi vertement critiquée pour avoir participé au rassemblement contre les bassines en mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), qui a tourné à l'affrontement entre forces de l'ordre et manifestants.
Tout en assurant son attachement à la "non violence", elle affirme que "c'est bien ma place d'être aux côtés des militants écologistes".
Vieille antienne
Pour elle, qui s'est rendue à toutes les rencontres de Saint-Denis organisées par Emmanuel Macron, "on pèse plus qu'on n'a jamais pesé".
En interne, on salue aussi le fait qu'elle ait "renoué le lien avec les activistes, les associations et la société civile".
Une stratégie qui s'inscrit dans son objectif de rassembler un million de sympathisants écologistes d'ici la fin de son mandat.
Marine Tondelier a pour cela lancé en octobre un nouveau mouvement, Les Ecologistes, et engagé une réforme des statuts.
Elle revendique déjà près de 160.000 adhérents et sympathisants confondus. Et le parti n'a plus de dettes, une première depuis 2012.
"Le changement de statut, c'est une vieille antienne écologiste. Elle a fait voter les principes, maintenant il faut les mettre en application", souligne son prédécesseur Julien Bayou.
"Il y a une volonté de réforme, mais je ne sais pas où on va", avoue un autre élu, plus sceptique.
Mais la patronne écologiste est surtout attendue sur les européennes de juin. Elue sur l'idée d'une liste autonome, elle a constamment refusé une candidature commune de l'alliance de gauche Nupes créée pour les législatives de 2022, malgré l'insistance de La France insoumise (LFI).
Le résultat de cette échéance déterminera le rapport de forces entre les partis de gauche.
La barre est haute pour les écologistes qui, en 2019, avait réalisé un score de 13,5% avec Yannick Jadot comme tête de liste. Les sondages les placent pour l'instant sous les 10%, à des niveaux similaires à ceux des socialistes et des insoumis.
Et si elle s'entend très bien avec le chef du Parti socialiste Olivier Faure et même celui du Parti communiste, Fabien Roussel pourtant pro-viande et pro-nucléaire, ses relations se sont tendues avec LFI, dont elle a critiqué le leader Jean-Luc Mélenchon et ses tweets intempestifs.
"Elle est parvenue à son objectif, casser la Nupes", dénonce un député insoumis.
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