Gazettescope
Mariage de passion ou de raison en entreprise ?
Recruter n’est pas un chemin aisé pour le chef d’entreprise. Passé ce cap, rien n’est gagné. Il faut fidéliser ce salarié qu’il considère comme un bon élément dans son collectif. Dans un contexte post-Covid qui rebat nombre de cartes sur le marché de l’emploi et sur la perception même du travail, quelques bases sont à respecter. Comment faire de son salarié un salarié épanoui et heureux ? La Gazettescope s’est penchée sur le sujet.
L’onde de choc post-pandémie n’est pas sans effet sur le monde du travail. Le phénomène constaté chez les anglo-saxons caractérisé par la «grande démission» ou «démission lente» n’épargne pas notre espace hexagonal. Sans doute pas de la même ampleur, mais tout de même, on ne saurait l’occulter. Côté recrutement pour beaucoup d’entreprises, 2022 fut une année difficile. La raison : un nombre insuffisant de candidats ou des profils inadéquats. Ce n’est pas seulement le cas pour les métiers dits en tension et pénuriques, comme ceux liés aux secteurs du bâtiment, de l’hôtellerie et de la restauration, de la propreté, des services à la personne.
La fidélité, ça a du bon...
Au-delà du processus de recrutement, l’un des enjeux majeurs pour les entreprises tient en la fidélisation des collaborateurs déjà en poste. D’une façon prosaïque et logique, un salarié qui reste dans l’entreprise, c’est un recrutement en moins à effectuer. Il ne serait pas exact d’affirmer que la motivation numéro un du salarié est aujourd’hui d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte chez la concurrence. On compte - heureusement - pléthore de collaborateurs qui sont entrés dans l’entreprise qui est la leur actuellement, depuis 10, 20 ans, voire plus, qui s’y plaisent, y sont épanouis et ne voudraient pour rien au monde la quitter. Alors, bien sûr, la période Covid a rebattu beaucoup de cartes en termes de management, de recrutement. Le dirigeant doit en tenir compte. On considère généralement qu’un nouvel employé mettrait entre 6 et 8 mois avant d’être pleinement opérationnel. Un laps de temps durant lequel il peut nourrir des doutes, se remettre en question sur son choix de rejoindre son entreprise, être démarché ailleurs…
Le pouvoir de choisir...
Si les salariés ont aujourd’hui le pouvoir de choisir leur entreprise, ils ont aussi celui de la quitter. Une étude de 2019 menée par Cadremploi apportait déjà des éléments de réponse : un cadre sur trois déclarait alors avoir déjà démissionné suite à une mauvaise intégration, dont 65 % dans les six mois qui ont suivi son arrivée. La crise générée par la pandémie que nous avons traversé a été à l’origine de risques psycho-sociaux, tels que des dépressions sévères ou des burn-out, ainsi que de nombreuses démissions. L’impact de cette crise sur la santé mentale n’est plus à prouver : bon nombre de salariés ont perdu confiance, remettent le sens qu’ils donnent à leur travail. La conjoncture actuelle plutôt favorable à l’emploi conjuguée à un changement de paradigme sociétal quand à perception du travail, tant individuellement que collectivement, amène les candidats en position de force sur le marché du travail. Une période d’essai reste une période complexe pour l’employeur : une recrue mal intégrée à l’organisation ou à son équipe à forcément plus de chances de répondre à d’autres sollicitations avant la fin de la période d’essai.
Le télétravail, vecteur de fidélisation
Alors comment fidéliser son salarié ? Il n’y a là pas de recette miracle, mais davantage d’attitudes à adopter, de bon sens, demandant une adaptabilité. Actuellement, le levier numéro un de fidélisation est de proposer du télétravail. Il est à présent incontournable, devant le salaire, l’intérêt du poste ou les perspectives d’évolution. Assurer un bon équilibre vie professionnelle/vie personnelle, revaloriser régulièrement les salaires, offrir un bon environnement de travail, avoir une politique de formation dynamique, travailler la culture d’entreprise et la marque employeur, proposer des techniques de management modernes : autant de facteurs de fidélisation. Laquelle n’est au final jamais définitivement acquise. Vouloir conserver ses salariés est une chose, connaître leur envie de rester dans l’entreprise en est une autre. La volonté de démissionner est secrète. Rares sont les salariés qui clameront haut et fort leur envie de quitter l’entreprise. Il est donc fondamental de toujours prendre la température quant aux risques de départ des salariés de leur poste. Le jeu en vaut la chandelle. L'efficacité d'une équipe ne passe-t-elle pas d'abord par sa force motrice à aller de l'avant... y compris en y mettant un dosage de bonne humeur ? En somme, être sérieux sans se prendre au sérieux. Même en entreprise. Surtout en entreprise.