Malgré la crise,l’investissement continue

Visages et discours graves vendredi 21 octobre dernier au conseil de la communauté urbaine de Lille pour le débat d’orientation budgétaire de 2012. La crise était omniprésente mais, malgré toutes les menaces, LMCU connaîtra un pic d’investissement à plus de 500 M€.

Jadis, on pouvait lire sur les vitrines “malgré les travaux la vente continue”. Aujourd’hui, le même slogan peut s’appliquer à LMCU sous cette variante : “malgré la crise, les chantiers continuent”. Car telle est la position volontariste que Dominique Baert, grand argentier, a tenue.

Pour autant, il n’avait pas le sourire aux lèvres, car la situation de l’établissement public est tendue. En effet, la crise frappe LMCU qui, avec un budget de 1,6 Md, est la troisième collectivité après le conseil général du Nord et la Région. Cela se ressent sur les recettes mais Dominique Baert exprime aussi cela sous la forme d’un choix politique : “Nous maintiendrons le très haut niveau d’investissement comme un remède anticrise, car les investissements des collectivités soutiennent l’activité des entreprises. Rien ne serait pire que de les lâcher maintenant en baissant l’investissement.”

Les comparaisons. Cela est renforcé par le choix de grandes réalisations qui convergent toutes en milieu de mandat : la station d’épuration de Marquette (70 M€), les accès du Grand Stade (61 M€) et la piscine des Weppes (5 M€). Il est prévu aussi de sanctuariser les grandes priorités comme la nouvelle offre transport, le logement et le renouvellement urbain. L’investissement n’aura donc jamais été aussi élevé à LMCU qu’en cette période de crise, avec un pic de 526 M€ à comparer avec les 350 M€ et 317 M€ de 2009 et 2010 et à rapprocher des 288 M€ de la moyenne du mandat précédent, de 2002 à 2007.

Cela sera fait évidemment en recourrant à l’emprunt mais là aussi Dominique Baert avance des comparaisons : “La cible d’encours de dette sera de 1 622 M€ en fin 2012, soit 107 M€ de plus qu’en 2011, mais inférieur aux 1 655 M€ de 2007 et au pic de 1 831 M€ de 2002, année du métro.” Il n’empêche que la dette pèsera sur le budget de fonctionnement que LMCU s’est engagé à maîtriser à l’euro près à 937 M€, et ce, malgré la mise en service d’équipements budgétivores comme la nouvelle offre de transports en commun, le Grand Stade et la piscine des Weppes. On prévoit de sévères arbitrages entre les différents vice-présidents, car pendant ce temps-là les recettes vont très peu progresser puisque tout recours à la fiscalité est proscrit tant sur les ménages (qui restent épargnés) que sur les entreprises.

Décompression. En décembre, lors du vote du budget primitif, on en saura plus sur la structure de cette dette et notamment sur les emprunts toxiques. Pour l’heure, on s’est surtout attachés à dédramatiser la situation tout en présentant les menaces qui pèsent sur les recettes telles la baisse de la dotation de l’Etat, soit moins 4,8 M€ sur la DGF, et les compensations fiscales. Les recettes n’augmenteront que de 8 M€ “grâce au dynamisme des bases fiscales avec +2,3% de la cotisation foncière des entreprises, +2,8% de la taxe d’habitation et +2,6% de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères”. Alors qu’on attendait un souffle puissant du versement transport fortement augmenté récemment, c’est un simple courant d’air avec une baisse de 8,4 M€ par rapport au budget primitif 2011 et une progression limitée par rapport au produit attendu de 3,5 M€.

Le débat a montré la conscience collective devant la crise mais aucune crispation particulière. Suivant leur sensibilité, les uns et les autres ont apporté des nuances. Bernard Gérard pour l’opposition a quant à lui affirmé que “la suppression de la TP n’a pas abouti à la baisse des ressources” avant de s’étonner de voir que la taxe d’enlèvement des ordures ménagères rapportait plus que ce que coûte la collecte et de contester la politique d’investissement : “Il faut du pragmatisme dans nos choix car ils sont trop élevés par rapport à notre capacité financière menacée par 7 M€ d’emprunts toxiques”, s’insurgeant à nouveau contre la remise en eau de la Basse Deûle dans le Vieux-Lille pendant que la circulation automobile est difficile autour de Lille. Dominique Baert a répondu : “La taxe d’enlèvement des ordures ne couvre que 98% de la dépense et que le Grand Stade ne coûtera que 3,6 M€ en fonctionnement et 1,9 en investissement. Revenons sur terre.”