Résultats 2022

Malgré la conjoncture, le Crédit Agricole Nord de France va de l’avant

Le Groupe Crédit Agricole Nord de France a publié des résultats 2022 en croissance, bien qu’affectés par une hausse sensible du coût du risque. Alors que cette nouvelle année s’annonce difficile pour certains de ses clients, la banque va renforcer son accompagnement auprès d’eux, tout en continuant d’investir massivement dans son propre développement.

Laurent Martin, directeur général, et Bernard Pacory, président du Crédit Agricole Nord de France.
Laurent Martin, directeur général, et Bernard Pacory, président du Crédit Agricole Nord de France.

Un bilan contrasté. À l’occasion de la publication des états financiers 2022 du Crédit Agricole Nord de France, son président Bernard Pacory s’est d’abord réjoui de «résultats toujours de bonne facture». De fait, le groupe bancaire régional a vu son produit net bancaire progresser l’an dernier de 7,1% sur un an, à 699,9 millions d’euros, tandis que son bénéfice net part du groupe augmentait pour sa part de 6%, à 169,8 millions d’euros. Sur la période, la banque a également attiré 51 000 nouveaux clients, octroyé un volume substantiel de nouveaux crédits (5,6 milliards d’euros), affiché une croissance «soutenue» de son activité d’assurance de biens et de personnes et atteint une taille de bilan inédite, au-delà de 40 milliards d’euros.

Essoufflement de la dynamique commerciale

Pour autant, le ton de l’équipe dirigeante n'était pas à l’euphorie en ce 31 janvier. Car «après avoir été très forte lors du premier semestre, la dynamique commerciale n’a ensuite cessé de s’infléchir tout au long de la seconde partie de l’année», a ainsi relevé Laurent Martin, directeur général. Dans un contexte marqué par la décélération de l’activité économique, le regain d’inflation et le durcissement de la politique monétaire européenne - qui s’est traduit par une remontée importante des taux d’intérêt -, la banque a enregistré un doublement de son coût du risque. 

Correspondant aux pertes et aux provisions passées pour faire face à de possibles défauts de remboursements de la part de ses clients, celui-ci a ainsi grimpé à 65,6 millions d’euros. «Il s’agit de la principale explication au recul du résultat net de la caisse régionale» (hors résultats des filiales du groupe), pointe Laurent Martin. Cet agrégat a chuté de 24,4% sur un an, à 102,3 millions d’euros.

Dans le même temps, le Crédit Agricole Nord de France a été affecté par la combinaison de taux d’intérêt en nette hausse et le maintien d’un taux d’usure (taux maximal auquel les banques peuvent prêter) trop bas. «Dans la mesure où notre propre coût de financement sur les marchés excède ce taux d’usure d’une part, et où le coût de l’épargne que nous collectons auprès de nos clients s’est lui aussi renchéri d’autre part, nous perdons de l’argent à chaque fois que nous octroyons un crédit immobilier», a rappelé Laurent Martin. Une situation loin d’être neutre pour la caisse régionale, qui distribue chaque année environ 3 milliards d’euros de financements liés à l’habitat.

Un fonds de solidarité pour les «petits professionnels»

Face à la persistance de multiples incertitudes macroéconomiques, la direction de la banque se veut donc prudente pour 2023, «ce d’autant plus que nous n’anticipons aucune amélioration de notre coût du risque pour cette année», a précisé Laurent Martin. Dans ce cadre, plusieurs dispositifs d’accompagnement des clientèles fragiles vont être mis en place. À ce titre, les particuliers aux faibles revenus qui se retrouvent étranglés par l’inflation pourront par exemple bénéficier d’aménagements dans le remboursement de leur crédit immobilier. 

En parallèle, les professionnels confrontés à l’envolée de leur facture énergétique seront aidés de différentes manières : gel temporaire de leurs échéances de remboursement, restructuration de la dette existante, mise en place d’un Prêt garanti par l’Etat Résilience, suspension des frais de monétique… «Véritable geste mutualiste, un fonds de solidarité de 500 000 euros va être déployé pour permettre à cette catégorie de clients de traverser cette période difficile. Près de 1 500 d’entre eux pourraient ainsi recevoir des aides directes de notre part», a prévenu Laurent Martin. Quant aux entreprises industrielles, elles bénéficieront d’un suivi et d’une assistance renforcés.

De nombreux investissements

En dépit de cet environnement peu porteur, le Crédit Agricole Nord de France compte aller de l’avant. «Parce que nous sommes la banque du temps long, et parce que notre économie régionale et nos territoires recèlent toujours de nombreuses opportunités, nous allons continuer d’investir», a indiqué Bernard Pacory. Déjà, les équipes vont être étoffées, avec notamment 12 créations de postes dédiées à la clientèle d’entreprises et une trentaine dans le réseau de proximité. 

Ensuite, plusieurs filiales du groupe vont profiter d’investissements en fonds propres significatifs, parmi lesquelles Square Habitat (10 millions d’euros), Nord Capital Investissement (14 à 20 millions d’euros) ou encore EX’IM (30 millions d’euros répartis sur trois ans), le leader français des diagnostics immobiliers. Enfin, la rénovation du parc d’agences va se poursuivre. Sur les 230 existantes, 150 l’ont été l’an dernier, et 30 le seront en 2023.

Un fonds de capital-développement ouvert aux clients

Dans le but à la fois de financer des entreprises locales et d’enrichir son offre de produits d’épargne, le groupe régional va aussi innover. Dès le mois de mars, Nord Capital Investissement va en effet lancer un fonds commun de placement à risque (FCPR), qui investira au capital de sociétés des Hauts-de-France. Baptisé FCPR PME et Territoire, ce véhicule prévoit de lever 20 millions d’euros auprès des clients de la banque. Le ticket d’entrée est fixé à 2 500 euros.

En 2022, le Crédit Agricole Nord de France a attiré 51 000 nouveaux clients.

Le calendrier des deux nouveaux sièges se précise

Réfléchissant depuis plusieurs mois au remplacement de ses deux sièges «vieillissants» de Lille et d’Arras, le Crédit Agricole Nord de France devrait lancer durant le deuxième trimestre des concours d’architecture. Pour le siège lillois, la solution d’une rénovation de fond en comble du bâtiment existant a été arrêtée. D’une surface de 16 000 m², il devrait accueillir d’ici fin 2027 quelque 730 collaborateurs. La localisation du site arrageois actuel, sur la Grand Place, rendant tous travaux de rénovation complexes, le choix de construire de nouveaux locaux a été retenu. La banque est ainsi en «négociations avancées» avec la Communauté urbaine d’Arras en ce qui concerne l’acquisition d’un terrain à proximité de la gare, au niveau de l'îlot Bergaigne. Espéré également pour fin 2027, le nouveau site s’étendrait sur 9 000 m² et regroupera 400 salariés.