Patrimoine naturel

Maizicourt : le "Jardin remarquable" de Catherine et André Guévenoux

Le petit village de Maizicourt abrite un des plus beaux jardins des Hauts-de-France. Il a été créé par des propriétaires passionnés et discrets. De la communication est mise en place pour mieux faire connaître ce petit coin de paradis de notre région.


Samuel Bonningues, l’un des trois jardiniers.
Samuel Bonningues, l’un des trois jardiniers.

Pour découvrir le jardin de Maizicourt, il faut se garer sur un parking puis longer la propriété avant de parvenir à la grille d’entrée. Les abords extérieurs très fleuris du château entretenus par les trois jardiniers donnent déjà un bel avant-goût des beautés à découvrir dans le parc et le jardin, ou plutôt les jardins. Car sur huit hectares se sont presque 20 petits jardins différents qui se succèdent, tous différents, abritant des surprises entre taille au cordeau et nature sauvage. Ce sont de beaux écrins pour la chapelle, le pigeonnier, le poulailler, l’étable, l‘écurie.

Chaque jour, trois jardiniers s’affairent à entretenir l’œuvre de la vie de Catherine et André Guévenoux, qui a permis à la commune de 188 habitants d’être classée 3 fleurs. Différentes inspirations étonnantes composent le jardin : espagnole, belge, française, italienne, française, allemande, japonaise.

« Depuis petite, j’ai toujours jardiné, raconte la discrète Catherine Guévenoux, 80 ans. Quand nous sommes arrivés, le château était entouré d’une forêt vierge d’un hectare. L’aménager a été beaucoup de travail durant 20 ans. Je voulais que mes dix petits-enfants gardent des souvenirs d’enfance. Ce sont des souvenirs importants. Comme un peintre, j’ai toujours attaché beaucoup d’importance aux couleurs. Monet disait d’ailleurs que son plus beau tableau, c’était son jardin. Le soir et le matin quand la lumière traverse les arbres, je me dis que je suis au paradis. »

En 1989, le lieu était à l’abandon.

Chaque jour, elle continue de passer beaucoup de temps dans son jardin, classé "Jardin remarquable". C’est en 1989 que le couple a acheté le château du XVIIIsiècle alors en mauvais état et le parc d’un hectare. Au fil des années, il  lui a redonné son lustre et aménagé l’œuvre de leur vie : leur jardin. Grâce à l’acquisition de parcelles, il se développe aujourd’hui sur huit hectares, 2 000 visiteurs viennent le visiter chaque année, en majorité des étrangers et des spécialistes de jardins. En 2003, le lieu a obtenu le prix national "Jardin et vieilles maisons françaises" puis en 2006 le prix national des "Jardins de l’année". En 2013, il avait été sélectionné dans le cadre de l’émission de télévision Le jardin préféré des Français 2013

Une fois la grille d’entrée franchie, les visiteurs sont donc invités à une balade pas comme les autres. L’atmosphère se fait d’abord asiatique avec des bambous et cerisiers pleureurs japonais. L’orangerie est le lieu d’exposition de vieux outils, jouets anciens et traditionnels. La visite se poursuit notamment en longeant par l’extérieur la cour d’honneur du château, entourée d’une guirlande de ferronnerie sur laquelle sont attachés des rosiers anciens. Quant aux phlox, ils commencent à fleurir. Direction le potager, à l’ombre de l’église, qui est à sa maturité et abrite une gloriette couverte de rosiers.

Les gros buis ronds sont les seuls vestiges de l’ancien parc.

Une haie d’ifs met en valeur des rosiers blancs

Le parcours mène ensuite derrière le château. À l’exception des vieux arbres, les gros buis ronds sont les seuls vestiges de l’ancien parc qui offre une parenthèse de fraîcheur. Une haie d’ifs met en valeur des rosiers blancs sur tiges ou tapissants. Des hortensias arborent leur plus belles couleurs. Toujours majestueuse, l’allée des peupliers se fait refuge pour conifères, bruyères, miscanthus… Surprise dans le clos des enfants avec sa cabane en saule tressé. Dans leurs pâtures, des ânes broutent tranquillement. Plus loin, le tour de haie, chemin bordés de doubles haies de charmes, aubépines, houx, noisetiers et églantines, donne sur la campagne environnante.

Quant au cloître à l'italienne, il occupe l’emplacement d’un ancien hangar. C’est un des derniers terrains achetés par les propriétaires. Il est entouré de hautes haies d’ifs. Il s’ouvre en arcades sur le reste du jardin. Deux petits pavillons symétriques encadrent une tonnelle recouverte par une glycine et une passiflore. Au milieu du bassin où se déploient des nymphéas se trouve une statue en plomb du XVIIIsiècle.

Le bassin, situé dans le cloître.

Ces longues minutes hors du temps laissent un grand sentiment de plénitude. Ce jardin a une âme : « Il y a des gens qui sont émus et qui pleurent », confie Catherine Guévenoux pressée de retrouver son havre de paix : « J’ai du travail qui m’attend. Un jardin, ce n’est jamais terminé. » 

Depuis quelques mois, Samuel Bonningues est l’un des trois jardiniers. Chargé de l’accueil, de l’animation et de la communication, en particulier sur les réseaux sociaux, il ajoute : « Madame adore harmoniser les couleurs. Le jardin, c’est son œuvre. Elle a créé ici près de 20 petits jardins souvenirs de voyages, d’enfance et de ses rêves. Je pense par exemple au labyrinthe qui était au XVIIIe siècle un lieu de rencontre et dans lequel on ne peut pas se perdre. Il y a aussi la prairie de Charlotte où on laisse l’herbe pousser. Pour résumer, dans ce jardin, il y a des endroits très travaillés et d’autres naturels où l’on laisse la nature libre. Ici, nous n’utilisons aucun produit chimique et on enlève les pissenlits à la main. Je suis content de travailler dans cet environnement agréable. »

Les fleurs se renouvellent toutes les trois semaines.