Maître Rui-Manuel Pereira et Maître Frédérique Morel: Un bâtonnat nancéien à deux têtes
Deux robes noires pour un même costume de bâtonnier ! Maître Rui-Manuel Pereira et Maître Frédérique Morel viennent de prendre officiellement au début du mois leurs fonctions respectives de bâtonnier et de vice-bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Nancy pour la période du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2021. Une première dans l’univers judiciaire nancéien et presque une nécessité vu le nombre de réformes en cours dans la sphère de la justice avec en première ligne pour cette profession : la réforme des retraites où la mobilisation est forte et déterminée.
Jeudi 9 janvier. 13 heures. Aux pieds de la statue d’Emmanuel Héré à Nancy près de la Cour d’appel, tout est calme en cette heure de fin de pause-déjeuner, pas pour longtemps ! En petits groupes, des avocats nancéiens arrivent par vague avant de former une troupe représentative pour remonter en direction de la place Carnot afin de rejoindre le cortège de manifestants de la journée interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Sous un petit crachin presque breton, ils enfilent comme un seul homme leur robe noire. À l’instar de leurs consœurs et confrères, Maître Rui-Manuel Pereira et Maître Frédérique Morel endossent leur «tenue de travail» avant de regrouper tout ce joli monde, histoire de préparer le cortège. Cela peut ressembler à un baptême du feu pour celui et celle qui viennent de prendre leurs fonctions de bâtonnier et de vice-bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Nancy. Pas vraiment, le duo est déjà très actif au sein de l’Ordre et également au niveau Conseil national des barreaux. Il va mener les affaires du barreau nancéien jusqu’au 31 décembre 2021. Deux avocats pour un bâtonnat ! Une première à Nancy. «Nous allons expérimenter quelque chose d’intéressant. Il y a naturellement l’aspect de parité entre homme et femme, d’ailleurs sur ce sujet notre profession compte aujourd’hui plus de femmes que d’hommes mais c’est surtout le fait qu’être à deux va nous permettre d’avoir des actions et des réflexions plus pertinentes.»
«La Justice est malmenée»
La quarantaine tous les deux, ils affichent une complémentarité certaine du fait de leurs spécialités propres. Maître Frédérique Morel est une professionnelle du droit civil, elle est originaire des Vosges, «de la plaine», et a fait ses études dans la cité ducale où elle prête serment en février 1999. Son acolyte, Maître Rui-Manuel Pereira est «un Nancéien pure souche aux origines portugaises.» Sa spécialité ? Le droit pénal où il s’affiche comme un procédurier aguerri voire redoutable, il prête serment en 2000. «Le fait de former un duo au niveau du bâtonnat de l’Ordre va également, peut-être, rendre la fonction plus attractive mais surtout de renforcer l’engagement dans la défense des intérêts des quelque 360 avocats du barreau nancéien.» L’engagement, il apparaît aujourd’hui très fort pour la profession. La réforme des retraites avec le risque de voir disparaître leur régime autonome (voir notre interview de l’ancien bâtonnier Frédéric Berna dans notre n°1945 du 9 décembre dernier), «où nous sommes confrontés au mépris du gouvernement qui va détruire un système qui est solidaire et qui fonctionne», s’affiche comme le sujet chaud du moment pour les robes noires. «Nous ne sommes pas opposer, par principe, aux réformes, mais tout ce qui a été mis en avant ne sont que des pseudo-concertations», assure Maître Rui-Manuel Pereira. Les autres dossiers en cours sont tout aussi lourds avec notamment la fusion du tribunal de grande instance et des tribunaux d’instance (une réforme entrée en vigueur au 1er janvier). «Les décrets d’application sont tombés mi-décembre, nous découvrons les choses. Il n’y a pas eu de vraie discussion. Aujourd’hui, les avocats et la justice en général sont complètement malmenés», continue Maître Frédérique Morel. Le duo a du pain sur la planche…
Duo complémentaire
Maître Rui-Manuel Pereira est un pénaliste. Maître Frédérique Morel est civiliste. Un homme et une femme aux spécialités différentes «ce qui permet d’afficher des synergies, des complémentarités quand nous sommes appelés à représenter et à défendre les intérêts de nos consœurs et confrères», assurent le bâtonnier et le vice-bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Nancy. Le duo devrait permettre de faire face plus facilement aux fonctions de bâtonnier jugés souvent comme chronophage. «Nous sommes avocats avant d’être bâtonnier. Être deux pour assurer la fonction va permettre d’être beaucoup plus efficace. Et il y a beaucoup plus d’idées et de solutions dans deux têtes que dans une seule.» Pas faux !