Macron mise sur l'ouverture de l'Ouzbékistan, l'Etat de droit en sourdine
Le président français Emmanuel Macron a affiché jeudi sa "confiance" dans la politique d'ouverture de son homologue ouzbek Chavkat Mirzioïev, appelant à renforcer le partenariat et les échanges économiques avec ce pays d'Asie centrale aux...
Le président français Emmanuel Macron a affiché jeudi sa "confiance" dans la politique d'ouverture de son homologue ouzbek Chavkat Mirzioïev, appelant à renforcer le partenariat et les échanges économiques avec ce pays d'Asie centrale aux réflexes toujours autoritaires malgré les réformes engagées.
"L'Ouzbékistan est en train de se transformer. Nous devons être au rendez-vous. Nous serons au rendez-vous!", a-t-il assuré à Samarcande, joyau architectural sur l'ancienne Route de la soie.
La France soutient et veut "participer" à la stratégie menée depuis sept ans en Ouzbékistan, une politique "d'apaisement et de stabilité régionale", "d'ouverture et de modernisation" de l'économie, a-t-il martelé lors de la première visite d'un président français dans cette ex-république soviétique depuis 1994.
Les deux dirigeants ont annoncé que leurs deux pays allaient engager des discussions pour conclure un partenariat stratégique d'ici la fin 2023.
L'Ouzbékistan mise depuis 2016 sur l'ouverture et les réformes pour attirer les investisseurs étrangers et sur la diversification de ses partenaires pour asseoir son indépendance, notamment vis-à-vis de l'ancienne puissance tutélaire russe.
S'il a sorti son pays des 25 ans d'isolement imposés par son prédécesseur, le redouté Islam Karimov, dont il était un fidèle serviteur, le président Mirzioïev ne souffre en revanche aucune contestation. Et en juillet 2022, 21 personnes ont été tuées lors de rares manifestations.
Vers un partenariat stratégique
Emmanuel Macron n'a fait aucune référence publique à la situation de l'Etat de droit dans ce pays, au régime qualifié d'autoritaire par des ONG, mais il a assuré que les investissements français l'aideraient sur la voie des réformes.
Ils offrent une "double garantie politique, celle de réformes qui vont continuer de se faire et celle d'un accompagnement stratégique inédit de la France dans la région", a-t-il dit.
Le président Mirzioïev a vanté de son côté "une nouvelle ère de coopération qui commence" entre les deux pays, ainsi qu'"une entente et une confiance" mutuelles.
"Les réformes sont irréversibles", "nous continuerons notre politique d'ouverture", a-t-il dit, assurant vouloir "construire un pays démocratique", doté d'une "société civile forte", malgré une scène politique verrouillée.
"Ayez confiance, vous avez la parole du président", a-t-il conclu, en promettant de créer "les meilleures conditions" possibles pour les entreprises françaises.
Signe de cette bonne entente, plusieurs accords ont été conclus dans l'énergie et la modernisation des infrastructures ouzbèkes.
Emmanuel Macron, arrivé mercredi soir en Ouzbékistan en provenance du Kazakhstan voisin, achève ainsi une visite de deux jours en Asie centrale destinée à renforcer la présence française dans un ancien pré-carré russe de plus en plus courtisé par la Chine, la Turquie et l'Europe.
Visite touristique
A Astana mercredi, M. Macron avait aussi appelé à "accélérer" le partenariat stratégique avec le Kazakhstan en louant le refus de toute "vassalisation" du pays, notamment vis-à-vis de la Russie, malgré les "pressions" subies et annoncé la signature de plusieurs contrats.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a fustigé une "tentative de l'Occident de mettre en oeuvre une politique anti-russe en Asie centrale, pour rompre les liens forts et de longue date avec cette région".
Le spécialiste français de l'uranium Orano a annoncé de premières activités d'extraction en Ouzbékistan, important producteur, qu'il ambitionne de développer.
Le Trésor français va octroyer de son côté des prêts pour l'adduction en eau potable dans la région de Kachkadarya (sud) alors que l'Ouzbékistan, pays le plus peuplé d'Asie centrale avec 35 millions d'habitants, est en grande partie désertique.
Comme François Mitterrand accompagné d'Islam Karimov en 1994, Emmanuel Macron s'est longuement promené jeudi avec son homologue Mirzioïev. Il a ainsi visité plusieurs sites légendaires de Samarcande, comme le Registan, vaste esplanade encadrée de trois médersas (écoles coraniques) richement décorées de céramiques et de versets du Coran.
Il s'est également rendu dans la nécropole où est enterré le chef de guerre Tamerlan, qui fit édifier de somptueux édifices au XIVe siècle.
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