Macron et la longue quête d'un Premier ministre, une sensation de déjà-vu
Le même ballet dans la cour de l'Elysée, le même temps qui s'étire : comme cet été, les consultations s'enchaînent, les noms fusent mais aucun ne s'impose pour Matignon. Mardi, Emmanuel Macron sera toujours en quête d'un Premier ministre...
Le même ballet dans la cour de l'Elysée, le même temps qui s'étire : comme cet été, les consultations s'enchaînent, les noms fusent mais aucun ne s'impose pour Matignon. Mardi, Emmanuel Macron sera toujours en quête d'un Premier ministre, six jours après la censure du gouvernement Barnier.
Cette fois, le chef de l'Etat avait pourtant promis d'aller vite, selon ses proches. Le budget 2025, à l'origine de toutes les crispations, ne peut pas attendre indéfiniment une sortie de crise.
Et le président, à trop procrastiner, risque de laisser s'installer un peu plus la petite musique des deux extrêmes sur l'inéluctabilité de sa démission, faute de stabilité gouvernementale.
La réouverture de Notre-Dame lui a certes offert une parenthèse enchantée. Le temps d'un week-end, le monde a pu savourer la renaissance d'un des symboles de Paris et de la France, ravagé en 2019 par un incendie.
Après ce moment de "communion" nationale, retour aux affaires courantes pour le gouvernement sortant de Michel Barnier et pour le chef de l'Etat, avec à ce stade aucune fumée blanche en perspective pour un successeur à Matignon.
"C’est le brouillard total pour le président. Il atterrit à peine" après Notre-Dame et "se sert des consultations pour gagner du temps", résumait lundi un proche. Et pour tenter de trouver un voie qui permette d'écarter une nouvelle censure à court terme.
Plus de consultations
Après les socialistes et les Républicains (LR) vendredi, Emmanuel Macron a reçu lundi les indépendants (Liot), les communistes et les écologistes.
Et reconvoqué mardi à 14H00 l'ensemble des partis "dans une logique de compromis" afin de "constituer un gouvernement d’intérêt général".
Exit donc le Rassemblement national et La France insoumise, associés dans un "front antirépublicain" et donc peu susceptibles de contribuer à une sortie de crise selon le chef de l'Etat.
Soit de nouvelles discussions interminables en vue ? "Emmanuel Macron fait une réunion pour poser une forme de cadre, et ensuite il s'efface pour nous laisser faire", a esquissé la patronne des écologistes Marine Tondelier sur France Info, laissant présager à nouveau accrocs et surenchères.
En attendant, les noms continuent de s'égrener pour Matignon, Sébastien Lecornu jeudi, François Bayrou vendredi, Catherine Vautrin, voire Jean-Yves Le Drian lundi sans que la roulette ne semble vouloir arrêter sa course.
Ils sont tous confrontés au même défi, l'entêtante arithmétique issue des législatives post-dissolution qui contrarie toute quête d'une majorité "anti censure", de la droite modérée aux sociaux-démocrates.
Pas de délai
Avec une sensation de déjà-vu après la succession d'Elisabeth Borne en janvier, puis celle de Gabriel Attal au lendemain de la dissolution de l'Assemblée le 9 juin et des législatives cet été.
Deux noms avaient circulé avec insistance en janvier, celui du ministre des Armées Sébastien Lecornu et celui d'un proche de la première heure d'Emmanuel Macron, Julien Denormandie, avant que le choix du président ne s'arrête sur Gabriel Attal, devenu le plus jeune Premier ministre de la Ve République.
Après une autre parenthèse enchantée, celle des Jeux olympiques en juillet-août, le chef de l'Etat a aussi multiplié les consultations pour lui trouver un successeur, avant de nommer Michel Barnier le 5 septembre.
Gabriel Attal, démissionnaire dès le 8 juillet après la défaite du camp présidentiel aux législatives, aura donc géré pendant 51 jours les affaires courantes, un record sous la Ve, ajoutant au sentiment de transition sans fin.
Si ce record a peu de chances d'être battu, le calendrier restait incertain lundi. "Je ne donne pas de délai, ni dans un sens ni dans l'autre", martèle ainsi un proche du président.
Pendant ce temps, Emmanuel Macron ne laisse guère entrevoir devant ses interlocuteurs le fond de sa pensée. "Les voies du seigneur ne sont pas toujours pénétrables", pointait le président du groupe communiste à l'Assemblée, André Chassaigne, à sa sortie de l'Elysée.
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