Luxe, calme et volupté…
Enfin une nouvelle adresse dans le monde restreint des hôtels 5 étoiles lillois. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit du premier «boutique-hôtel» au nord de Paris. Situé rue de la Barre, cet hôtel particulier du XVIIIe siècle s’est doté de 19 chambres luxueuses, d’un restaurant gastronomique, de salles de réunions et d’un service haut de gamme.
En retrait de cour, entourée de verdure et dans un calme serein – malgré l’agitation de la rue de la Barre –, cette ancienne propriété d’un industriel nordiste est en train de revivre une seconde jeunesse grâce au coup de génie – et de folie ! – d’Aurélie Vermesse, pour qui le milieu de l’hôtellerie était jusqu’alors totalement inconnu. Ou du moins, d’un point de vue professionnel. Epicurienne et amoureuse des bonnes tables, ancienne directrice de Mader Colors (entité du fabricant régional de peintures industrielles Mader), elle a eu le déclic lors d’un week-end au Relais&Châteaux Les Crayères à Reims. Un déclic, voire même un coup de foudre qu’elle a elle-même du mal à expliquer. “Après le repas, j’ai discuté avec le directeur général et j’ai visité la cuisine du restaurant. Ç’a été comme une lumière. J’avais le puzzle et il venait de mettre la pièce finale. Et pourtant je n’avais jamais pensé à avoir un hôtel auparavant, c’était tellement surprenant que c’en devenait évident. Je savais diriger, mais je ne connaissais pas l’hôtellerie” explique-t-elle. Après avoir démissionné et suivi une formation (un MBA à l’Essec), son choix se confirme, même si le parcours a parfois été semé d’embûches : “Je ne connaissais personne dans ce milieu, mais je ne me suis pas découragée, j’ai fait des stages dans tous les types de métiers.” Et elle se lance à Lille : “une évidence. Je crois fondamentalement au potentiel régional. L’offre en hôtellerie n’est pas complète, il y a une vraie attente dans le luxe personnalisé“. Rapidement, un premier projet se dessine : le couvent des carmes, à Lille. Mais malheureusement rien ne s’est passé comme prévu : “Je devais être gestionnaire. Pendant un an j’ai mené le projet, mais je n’ai pas su m’entendre avec les investisseurs.” Le projet capote mais pas l’envie. Jusqu’au jour où elle visite cette somptueuse bâtisse rue de la Barre. Un vrai coup de cœur. Après un investissement immobilier de trois millions d’euros – soutenu par Finorpa, Autonomie et Solidarité et OTC Agregator –, elle se retrouve propriétaire de ce joyau, niché au cœur du Vieux-Lille. “Quand j’ai visité les lieux, j’ai su que c’était là !” Après deux ans de réflexion et une année de travaux, le Clarance Hôtel Lille ouvrira ses portes le 16 avril.
Préserver l’authenticité des lieux. Même si la demeure était déjà bien conservée, il a fallu la mettre aux normes pour pouvoir accueillir 19 chambres, un restaurant, un bar et deux salles de réunions. D’autant plus que l’établissement s’est engagé dans une démarche respectueuse de l’environnement pour être en cours de certification Green Globe1. “Chaque chambre portera le nom d’un poème de Baudelaire, avec un tarif à partir de 170 euros“, explique Bastien Blanquart, directeur marketing. Epurée, la décoration apporte une certaine sérénité à chacune des chambres, sublimée dans l’unique suite de l’hôtel, au dernier étage et avec vue sur les toits lillois ! “Le Clarance est un boutique-hôtel. Autrement dit, c’est un endroit où on vit une expérience plus que de passer une simple nuit à l’hôtel. On pourrait dire que c’est une chambre d’hôtes hôtel“, précise Aurélie Vermesse. En réaction à la standardisation des établissements des grandes chaînes hôtelières, les premiers boutiques-hôtels sont nés à New York et San Francisco et commencent doucement à arriver en Europe. Forte de son expérience avortée au couvent des carmes, Aurélie Vermesse s’est entourée de 23 salariés et choisit, pour le restaurant, un chef de renom…
La Table par Nicolas Pourcheresse. “On s’est tout de suite bien entendus, j’aime beaucoup son travail.” Le plus jeune chef étoilé de France en 2005 et ancien chef de chez Meert ira puiser ses inspirations culinaires dans le potager du jardin privatif adossé à l’hôtel et devrait régaler les amoureux des bons produits dans ce restaurant de 40 couverts. Il a prévu de composer pour les clients une “cuisine, ébouriffée, pure et brute” !
“J’ai choisi Clarance car c’est à la fois classe et un peu désuet. Mais aussi parce que la prononciation anglaise est possible“, explique Aurélie Vermesse, qui espère atteindre une rentabilité positive d’ici deux ou trois ans, notamment en touchant une clientèle étrangère, touristique mais aussi d’affaires. Seul regret pour la directrice, ne pas avoir pu ouvrir un spa : la zone étant protégée, difficile de réaliser certains travaux… Quant à cette aventure, à la fois bien entamée mais pas encore réellement commencée tant que les premiers clients n’auront pas poussé la porte de leurs chambres, elle semble la combler quotidiennement : “C’est magique de réaliser ce projet à 50 ans, je retrouve une seconde jeunesse ! Nous allons nous couper en quatre pour satisfaire la clientèle.“
1. Certification internationale qui accompagne et récompense les organisations touristiques ayant opté pour une démarche d’amélioration de la gestion environnementale et sociale de leurs activités.