Lunginnov : une jeune pépite lilloise qui brille à l’international

En à peine trois ans d’existence, la start-up en biotechnologies Lunginnov réalise déjà 85% de son chiffre d’affaires à

L’équipe de Lunginnov.
L’équipe de Lunginnov.

Comment vérifier au plus vite l’existence et le degré d’une détresse respiratoire au cours d’un sepsis sans avoir recours à l’imagerie médicale, surtout quand on ne dispose pas d’appareil et que le patient n’est pas déplaçable ? Par une simple prise de sang grâce à un biomarqueur, l’endocan. Découvert par les pneumologues Philippe Lassalle et Maryse Delehedde, cette molécule est aujourd’hui le produit phare de la jeune société de biotech créée par les deux médecins fin décembre 2009. Ils en ont développé des produits de recherche et des outils de diagnostic. “Il s’agit d’outils très simples, faciles d’utilisation et qui concernent beaucoup de secteurs médicaux, explique Maryse Delehedde, cofondatrice et gérante de Lunginnov. Ils permettent non seulement d’aider au diagnostic, mais aussi de suivre l’évolution de la maladie en 24 à 48 heures, rien qu’avec une prise de sang.” Si la dirigeante reconnaît qu’il s’agit d’un marché de niche, il est visiblement juteux car nouveau et donc encore peu concurrentiel. “L’endocan a été découvert en 1996 et a fait l’objet de nombreuses publications et donc de validations scientifiques et médicales avant d’être mis sur le marché. C’est un produit plus robuste que ceux de nos concurrents qui valident leurs recherches avec nos propres études”, justifie Omar Daoudi, directeur des ventes internationales.

L’équipe de Lunginnov.

L’équipe de Lunginnov.

Un canal de vente unique par Internet. Les quatre premiers produits mis en vente sur le site internet dès le mois d’août 2010 sont partis comme des petits pains. Aujourd’hui, 44 produits sont proposés, toujours sur Internet. Aux yeux de Maryse Delehedde, c’est le canal de vente idéal pour une jeune entreprise innovante pour se faire connaître “sans moyens financiers pour communiquer”. Le site a fait dès le début l’objet de traductions en huit langues (dont le chinois, le turc, le hongrois et l’arabe) afin de répondre au plus près des marchés intéressants et de faire décoller immédiatement les ventes à l’export (35 pays aujourd’hui). Et pour comprendre les règles douanières imposées par le Japon et l’Australie, Maryse Delehedde, lauréate du réseau Entreprendre Nord avec Philippe Lassalle en 2009, a su se faire bien conseiller par les partenaires institutionnels et financiers mis à la disposition des entreprises. Depuis 2011, la CCI international accompagne Lunginnov de manière concrète sur les marchés étrangers, notamment dans le cadre du diagnostic Eval’export (juin 2011). Depuis 2008 déjà, la start-up était “bio-incubée” par le GIE Eurasanté, qui est l’agence pour le développement économique du secteur santé de Lille Nord-Pas-de- Calais. En tant que société de recherche, elle a aussi bénéficié du crédit impôt recherche d’Oséo et de fonds Feder, et en tant que relais de croissance, d’aides financières pour son développement à l’export et d’aides au recrutement. La société compte aujourd’hui trois salariés, trois personnes en contrat de professionnalisation, trois stagiaires et une personne en contrat d’alternance.

Après un chiffre d’affaires de 500 000 euros en 2011 (multiplié par dix tous les ans !), l’année 2012 continue d’écrire sa success story, avec des accords commerciaux importants avec la Chine en janvier, avec le Brésil en avril, au Japon en mai et avec la Turquie en juin. En juillet, Lunginnov expose pour la première fois aux Etats- Unis sur l’AACC 2012 (American Association for Clinical Chemistry) sous le “Pavillon France” grâce à Ubifrance, la CCI international (Lille) et le conseil régional Nord-Pas-de-Calais. En août, c’est le lancement du dernier-né de la gamme de kits Elisa de Lunginnov pour détecter l’endocan/ESM-1 circulant dans les fluides biologiques. Et ça n’est pas prêt de s’arrêter : les marchés africains et maghrébins sont très intéressés par les produits de la jeune société lilloise. Mais il n’y a pas que le développement commercial qui a de la valeur aux yeux de Maryse Delehedde : elle travaille aussi en R&D sur des maladies rares – des “niches de niches” – afin de faire avancer la science. Un supplément d’âme toujours intéressant.