Lubrizol reprend une activité partielle
Un arrêté préfectoral autorise l’entreprise à ouvrir deux unités de production, deux mois et demi après l’énorme incendie du 26 septembre dernier. Le point avec la préfecture de Normandie.
La reprise partielle d’activité de Lubrizol a été soulevée le 20 novembre dernier. Le Préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, estimait alors que la demande de l’entreprise pourrait recevoir une réponse favorable sous couvert de garanties de sécurité suffisantes. Le dossier rapidement constitué depuis par Lubrizol a convaincu le Coderst (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques), réuni le 10 décembre. Si l’avis de cette commission est consultatif, le Préfet souhaitait se conformer à sa décision. Dernière étape avant la signature de l’arrêté, la présentation des mesures mises en place a été faite au comité pour la transparence et le dialogue, vendredi dernier. « Le seul angle d’étude de cette demande, pour les services de l’Etat, a été celui de la sécurité » a tenu à préciser Pierre-André Durand en préambule. Olivier Morzelle, récemment arrivé à la tête de la Dreal Normandie, a présenté les mesures mises en place. Elles concernent une unité de mélange et une unité de solubilisation dans lesquelles il n’y a aucune réaction chimique.
Au-delà des obligations réglementaires.
L’entreprise a décidé de mettre en place des mesures de sécurité allant au-delà des obligations réglementaires. Les produits finis et les matières premières ne seront plus stockées futs ou en GRV (grand récipient pour vrac). Ce sont des bassins en béton qui accueilleront les produits, en quantités limitées. En l’état, 561 tonnes de produits seraient stockées au lieu des 8 600 tonnes avant l’incendie. Quant aux trois entreprises choisies pour stocker et mettre en futs les produits finis, elles sont considérées comme des installations classées pour la protection de l’environnement. Elles ont déjà été contrôlées et le seront régulièrement. « Si l’une d’entre elles dépassait les limites qui lui sont assignées, elle perdrait immédiatement son autorisation. Lubrizol devrait trouver un autre prestataire ou arrêter temporairement son activité » complète le Préfet. Les deux unités auront chacune un système de traitement des odeurs autonome. Concernant la prévention des risques, Lubrizol a installé des systèmes autonomes de détection et d’extinction incendie et des bassins de rétention d’eau dont le volume est suffisant pour éteindre un incendie. Toutes ces mesures entrent dans l’arrêté préfectoral qui les fixent ainsi comme des obligations. Pierre-André Durand et Olivier Morzelle ont évoqué un certain nombre de contrôles réguliers au cours du temps. « Par ailleurs, les mesures de sécurisation générales du site nécessitant des travaux supplémentaires, j’ai souhaité que le projet d’arrêté impose un gardiennage permanent » souligne encore le préfet. Les réactions autour de la table ont été contrastées, certaines associations ont exprimé de fortes réticences. D’autres membres ont relevé la nécessité pour l’entreprise, qui emploie directement 400 personnes, de reprendre son activité. Durant les prochains mois, Lubrizol devra relever deux défis : assurer sa pérennité et regagner la confiance des habitants.