L'open data, une opportunité réservée aux start-up ?
L'ouverture des données publiques fait partie du projet de loi pour une République numérique, actuellement discuté au parlement. Cette mesure doit permettre de booster l'activité économique, et pas seulement celle des start-up, d'après un débat organisé par la secrétaire d'État chargée du Numérique, Axelle Lemaire.
Quelque 700 amendements ont été déposés par les parlementaires pour modifer le projet de loi pour une République numérique, porté par Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique. Le 12 janvier dernier, veille du démarrage de l’examen du texte à l’Assemblée nationale, un débat sur «la stratégie d’open data pour le développement de l’économie de la donnée» était organisé à Bercy par la secrétaire d’État. Le principe et les modalités de l’ouverture des données publiques constituent l’un des axes du projet de loi. Et, si ce dernier accompagne des changements sociétaux, «l’ouverture des données recèle un potentiel économique», insiste Axelle Lemaire. Une étude d’impact des mesures contenues dans le texte a montré que l’ouverture des data peut induire «entre 0,5 et 1,5 % du PIB, directement et indirectement», poursuit Laure Lucchesi, directrice adjointe de la mission Etalab. Cette structure, fer de lance de Bercy en matière d’open data, anime la plateforme «data.gouv.fr», laquelle propose 21 000 jeux de données qui concernent tous les domaines, émanant de différents types d’acteurs, et sont librement réutilisables par les internautes. Pêle-mêle, on y trouve les données sur les accidents corporels de la circulation, les tableaux de synthèse des ventes en France de produits contre la dysfonction érectile, les taux des impôts locaux de chaque département… Parmi les bases de données de premier plan, figure la base BAN (Base Adresse Nationale) issue d’une collaboration entre l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière), la Poste, les collectivités locales, et aussi le projet citoyen OpenStreetMap. Elle référence l’intégralité des adresses en France, avec leur position géographique. Et la base Sirene de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), la plus complète existante sur les entreprises (effectifs, secteurs d’activité, date de création…), actualisée en permanence, vient d’y être rendue accessible sur la plateforme.
Start-up et PME également concernées
Une nouveauté dont se réjouit Rand Hindi, spécialiste de l’analyse de données, fondateur et PDG de la start-up Snips. Cette dernière fait partie de l’écosystème des jeunes pousses qui inventent de nouveaux services pour les particuliers ou pour les entreprises, en croisant des jeux de données différents, dans le cadre de problématiques spécifiques. Snips a, par exemple, réalisé une application qui prédit quelles seront les rames de train les plus bondées… Pour le jeune entrepreneur, qui a vu passer les effectifs de sa structure de trois à 40 salariés, en quelques années, cette évolution n’aurait «jamais été possible sans l’open data. (…) seules les entreprises qui possédaient ce type de données pouvaient s’aventurer sur ces marchés. Aujourd’hui, c’est possible pour d’autres. Il existe à présent un écosystème de start-up qui n’aurait pas pu exister, il y a dix ans». Avis partagé par Christian Frisch, cofondateur et directeur de la technologie de Data Publica, qui annonce un chiffre d’affaires de 507 600 euros, en 2014. À propos de la base Sirene, auparavant, «ces données étaient disponibles avec licence, et exploitées seulement par de gros acteurs», souligne l’entrepreneur, qui entend bien en tirer profit pour améliorer la qualité de ses services. Sa start-up propose un outil d’analyse, C-Radar, destiné aux entreprises. «Cela leur permet d’analyser leur marché, de trouver des partenaires ou, aussi, de nouveaux clients», explique Christian Frisch. Une illustration de comment l’open data peut constituer également un atout pour les PME et TPE qui oeuvrent dans des domaines de l’économie, et ne relevant pas nécessairement du numérique.