Londres courtise la capitale française du retail

Plus d'une dizaine d'entreprises londoniennes ont été accueillies à EuraTechnologies le 15 novembre pour visiter les lieux et rencontrer plusieurs start-up françaises de l’écosystème retail.

Michael Finnimore
Michael Finnimore

Pas moins de quatorze entreprises se sont déplacées dans la métropole lilloise pour chercher des opportunités de business alors qu’un partenariat a été signé entre la MEL et l’agence de développement économique London & Partners.

Brendan Baldrey.

Range Room, Brendan Baldrey, CEO

Range Room opère dans le l’industrie de la mode en B to B. Elle met en relation designers, producteurs et détaillants par le biais d’un showroom digital. «C’est du management visuel», décrit Brendan Baldrey, CEO de l’entreprise et ancien designer. Pour lui, le B to B dans le secteur du textile n’inclut pas assez de technologie et se concentre davantage sur la base de données. «Nous nous sommes investi dans un processus créatif, explique-t-il. C‘est ce qui différencie la marque et fait venir les clients en magasin.» La plate-forme, lancée en décembre 2016, est d’ores et déjà utilisée à l’international, notamment en Chine et en Inde. Pour Brendan Bladrey, les opportunités ne manquent pas à Lille. L’entreprise est en discussion avec Pimkie. Elle souhaite également adapter son système à d’autres secteurs comme l’univers des meubles et des jouets. Avec un chiffre d’affaires d’un peu moins de 100 000 €, Range Room cherche pour l’année prochaine des investisseurs en France et ailleurs, notamment par le biais de KPMG.

Michael Finnimore.

Poq, Michael Finnimore, directeur des ventes

Pour Michael Finnimore, il y a un bénéfice mutuel à l’implantation de start-up anglaises à Lille. Pour lui, le partenariat entre la MEL et London & Partners signifie qu’il n’y a moins de «barrières pour les entreprises qui viennent et sont soutenues dans l’obtention de bureaux et d’informations sur l’écosystème local, de même à Londres. Nous pouvons aider à bâtir des ponts plus forts en matière de la collaboration technologique», souligne le directeur des ventes. Poq est une plate-forme créée en 2011 qui aide à la création d’applications mobiles pour donner au client la meilleure expérience de vente. L’entreprise compte 25 clients détaillants, principalement situés au Royaume-Uni et aux États-Unis, ainsi que dans certains pays européens. Selon Michael Finnimore, le networking est une bonne occasion de présenter leur travail. Dans la même optique, Poq est à la recherche de futurs prospects, ayant de préférence des ventes concentrées sur le mobile.

Jeremy Dood.

GoInStore, Jeremy Dood, représentant business development

GoInStore s’est spécialisée dans la mise en relation des internautes avec les magasins par le biais d’un système de vidéoconférence live avec les vendeurs sur place. Le cofondateur, André Hordagoda, est parti d’un constat : «En visitant sa sœur manager d’un magasin de sacs à main, il a remarqué qu’en 45 minutes, aucun client n’était passé, laissant trois vendeurs expérimentés désœuvrés. André a dit : il n’y a pas de clients dans le magasin, mais le site web doit probablement en compter des centaines. Pourquoi ne pas rendre disponible le personnel du magasin aux clients en ligne ?» Selon Jeremy Dood, «les consommateurs ont dix fois plus de chance d’acheter dans un magasin que sur Internet». Lancée en 2015, l’entreprise travaille pour l’instant surtout au Royaume-Uni et en Allemagne. Si elle n’a pas de clients directs en France, elle y travaille indirectement par le biais du Marriott Hotel International. L’entreprise a prévu de se mettre en relation avec des marques comme Decathlon.

Antoine Leclercq.

Crezeo, Antoine Leclercq, CEO

Créer un réseau social propre aux sociétés, tel est le credo de Crezeo depuis 2015, via sa solution Potion. «Sur Facebook, les entreprises ont une faible visibilité, elles ne possèdent pas les données», explique Antoine Leclercq. Pour lui, ces plates-formes, regroupant salariés et clients, permettent de développer un engagement de la part des consommateurs. Les vendeurs deviennent community managers. «Ils peuvent organiser des événements avec la communauté locale», ajoute-t-il. Crezeo travaille autant avec les marques qu’avec les magasins et compte une dizaine de clients dans l’univers retail. La société ambitionne de démarrer son premier business à l’international au Royaume-Uni. Antoine Leclercq s’est dit intéressé par un possible partenariat avec GoInStore ou Poq.

Encadré

L’IA s’invite dans le marketing

Créé en 2007 à Oxford, Real Eyes propose aux entreprises d’analyser leurs vidéos publicitaires par le biais des émotions enregistrées chez les spectateurs. Les expressions faciales sont recueillies, via une société de panel, par la webcam des intéressés, puis décodés par des algorithmes. Pour Dorota Smaggia, directeur France, «les gens n’arrivent pas à parler de leur ressenti». Le dispositif permettrait aux marques de savoir comment leur image est perçue, comment adapter un spot publicitaire dans un autre pays ou tester une vidéo «borderline». Déjà présente à Boston, Londres et New York, la marque cherche des prospects en France et a levé des fonds dans ce sens.

Encadré

Un partenariat pour dynamiser l’activité économique lilloise

Cette visite a été l’occasion de signer un partenariat entre la MEL et London & Partners, l’agence de développement économique de la capitale anglaise, en présence de Rajesh Agrawal, adjoint au maire de Londres, et de Damien Castelain, président de la MEL. Le programme, baptisé “city-to-city”, offre un panel de services gratuits et payants afin de faciliter l’installation des entreprises dans une nouvelle ville. Il donne notamment accès à un espace de coworking, s’occupe des démarches administratives relatives à une première installation avec des offres en matière de transport et d’hôtellerie. Il permet par ailleurs de prendre contact avec le réseau local. Le dispositif, lancé à Paris quelques mois plus tôt, sera mis en place par Lille’s Agency.