Loin de Lille et proche de Paris, le Pays de Valois s'affirme
Frontalier de l'Île-de-France, Le Pays de Valois, dans l'Oise, vit avec une sphère d'influence assez importante de son voisin, plus grand que lui. Loin de subir, le territoire a entamé une transformation tant sur le plan économique, touristique, social que culturel pour le rendre plus attractif tant pour ses habitants que pour les visiteurs. Avec l'innovation au cœur de la démarche, Didier Doucet, président très dynamique, met au centre de son action le bien-être des habitants... pour que le Pays de Valois rayonne à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières.
Avec Paris à ses portes, quelles sont les particularités du Pays de Valois ?
Le territoire est
limitrophe à la région parisienne et l'alimentation de la sphère
parisienne est importante tant pour l'économie que pour les
habitants. Cette influence est traduite également au travers
d'entrepôts logistiques par exemple, au travers d'une organisation
spatiale du tissu économique qui fait qu'aujourd'hui nous avons une
proportion importante de notre population qui va travailler à
l'extérieur du territoire, notamment en région parisienne, à peu
près les 2/3, et ce, soit sur la plateforme aéroportuaire de Roissy,
soit vers la région parisienne. L'objectif est d'essayer d'inverser
ce mouvement pendulaire et faire rester sur le territoire les
habitants, car ils sont au centre de notre politique.
Quelle est votre réaction face à cette situation géographique ?
Cette situation
induit donc une réorientation vers l'attraction d'entreprises à
valeur ajoutée plus importante pour pouvoir offrir à nos habitants
des emplois qui correspondent à leur qualification et ainsi les
relocaliser sur le territoire. Aujourd'hui, nous souhaitons sortir de
la logistique telle que nous l'avons connue ou en tout cas en être
moins impactés. Alors nous sommes bien conscients au vu de la
situation géographique du territoire et les dessertes, qu'elles
soient ferroviaires ou routières, que nous avons, que nous
continuerons à être attractifs pour la logistique. Mais même dans
la logistique, nous souhaitons une valeur ajoutée. Aujourd'hui, il
existe de la logistique industrielle avec de la transformation ou
plus de compétences intégrées. Cependant, nous avons vraiment la
volonté d'aller chercher des entreprises, pour celles qui souhaitent
s'installer sur le territoire, avec une valeur ajoutée renouvelée.
Et puis nous n'oublions pas que nous avons déjà un tissu économique
existant qu'il faut pouvoir continuer à développer.
Comment cette volonté politique est-elle concrètement déployée ?
Nous avons cette
chance d'être, sans doute, un des rares territoires de l'Oise, sous
réserve de la loi ZAN, qui va être en capacité de mobiliser dans
les 10 à 15 ans, 100 ha de terrains destinés au développement
économique. Tous ne seront pas de la consommation de terre agricole et
dans ce sens nous avons également le projet de réhabiliter
certaines friches industrielles ou de terrains non occupés. Nous
avons donc, par exemple, le projet « Pôle gare » qui est
la réhabilitation d'un terrain de 40 ha, en plein cœur de
Crépy-en-Valois, au pied de la gare, destiné à accueillir à la
fois des activités tertiaires (bureaux, centres de formations) mais
aussi des logements, des équipements publics, comme notre centre
culturel intercommunal que nous allons bâtir ici, ou encore un
parking Silo pour la gare. Ce projet, qui se fait en lien avec le
pôle d'échange multimodal que la communauté de communes, est en
train de réaliser autour de la gare.
Le dernier étage de ma
fusée sera sur le plateau de Lévignen où nous ambitionnons, sur
30/35 ha, d'accueillir des entreprises déjà installées sur le
territoire, notamment des industries, et qui ont besoin de se
développer ou de regrouper des sites qui sont aux alentours. Nous
avons de la demande de la part des entreprises qui ont des besoins
urgents de pouvoir continuer à se développer sur le territoire. Et
nous pourrons y répondre car nous serons maîtres du foncier, et
c'est essentiel : les entreprises qui s'installeront, ce sont
celles que nous aurons choisies. Et cette volonté s'inscrit dans
l'ambition du Projet de territoire, qui a été revoté en 2022, pour
les dix années à venir.
Quel est le potentiel du territoire et comment l'utiliser ?
Nous sommes au sud
des Hauts-de-France, donc assez loin de la sphère d'influence du siège de notre région, Lille, et malgré tout nous avons tout
de même des atouts importants. C'est d'abord évidemment cette
proximité avec l'Île-de-France et nos dessertes, telle que la
Nationale 2. Mais finalement, cet axe structurant ne concerne que
très peu de communes compte tenu de la configuration du Pays de
Valois. Donc l'ambition est d'utiliser les autres atouts,
c'est-à-dire son patrimoine naturel, son patrimoine historique et
son patrimoine bâti pour pouvoir irriguer une forme nouvelle de
développement économique, au travers du développement touristique
qui irriguera, à termes, dans les 62 communes. L'objectif est
d'utiliser l'ensemble de ces atouts pour avoir un développement qui
repose, finalement, sur ce qui existe mais sur une ambition nouvelle
d'attractivité.
Et la politique touristique va-t-elle dans ce sens ?
Nous sommes aux
portes de Paris, à 35 mn en train, et à 20 mn de Roissy. J'ai
l'habitude de dire que nous sommes aux portes du monde, donc l'idée
est aussi d'attirer tout ce public qui va à Paris sur le territoire
et d'en faire une vraie destination et non pas simplement une
destination courte durée mais aussi une destination où l'on vient
véritablement parce qu'il y a un intérêt à y venir. Cette idée
fait partie d'une vraie ambition de développement et d'attractivité
de ce territoire en utilisant nos atouts qui ne sont sans doute pas
suffisamment mis en avant et utilisés. Par exemple, nous avons le
parc d'attractions La Mer de Sable installé sur notre territoire, et
nous captons finalement très peu des 450 000 visiteurs qui y
viennent par an. Il faut que nous mettions en avant, par exemple, nos
vois vertes, nos forêts, la Vallée de l'Automne avec des sites
fabuleux. Et l'idée est d'essayer, autant que faire se peut, de
travailler avec les territoires voisins : Pierrefonds et son
château ou encore la Cité de la langue française sont à nos portes et
nous pouvons profiter de l'attractivité d'autres sites avec comme
idée, pourquoi pas, de mutualiser des approches communes et nous y
travaillons avec l'Office de tourisme.
La culture est-elle intégrée à cette ambition ?
Avec la
présentation de notre nouvelle fresque monumentale, nous avons
inauguré le "Parc et parcours monumental" en plein air
dont l'ambition est de créer un parcours qui ira dans l'ensemble des
communes avec des points d'accroches à peu particuliers, comme le
donjon de Vez où il y a déjà une collection d'art contemporain
mais d'autres points dans la Vallée de l'Automne par exemple. C'est
totalement innovant et c'est une ambition unique en Europe. Donc
c'est la preuve que nous pouvons innover dans autre chose que
l'industrie ou la technique. Nous avons également une vraie volonté
de ramener le théâtre, et de créer une sphère culturelle de
qualité et accessible à tous.
Quel en est l'impact sur le développement économique ?
Cette politique que nous mettons en œuvre, nous la déclinons à peu près dans tous les aspects de nos politiques. Elle a donc un impact sur le développement économique : dans toutes les zones d'activités que développe la communauté de communes, il y a un cahier des charges artistique. Donc, le parc de sculptures a aussi vocation à se décliner dans les installations d'activités, qu'elles soient industrielles, commerciales etc. C'est finalement une unité d'ambition que nous allons décliner sur tous les sujets qui concernent la collectivité. Par exemple, nous avons lancé la commercialisation d'un parc d'activités économiques, qui se situe à Silly le Long et Le Plessis Belleville, que nous avons baptisé ART&Co, de 40 ha avec 10 ha déjà occupés. Nous allons sélectionner les entreprises pour créer un pôle qualitatif qui s'intègre dans notre ambition et abandonner peu à peu la logistique. Dans cette commercialisation, il y a un cahier des charges artistique où les porteurs de projet doivent nous réserver sur leur pignon un retour de 30 m et une partie de leur façade pour y poser une œuvre monumentale. Les bâtiments étant positionnés dans la courbure de la Nationale 2, nous y verrons une œuvre de 700 mètres de long car chaque pignon constituera une petite partie de l’œuvre. C'est totalement novateur et innovant et les porteurs de projet sont enthousiastes à cette perspective. Car cette oeuvre valorise leurs bâtiments, les entreprises, leurs employés et elle crée pour eux une capacité d'attirer des clients ou des employés car ils peuvent venir dans un endroit qui a du sens qui s'inscrit dans un projet. Par ailleurs, nous avons créé un fonds de dotation qui doit être alimenté par des mécènes et des entreprises. Ce parc d'activités est un intermédiaire entre ce que nous connaissions avant et ce que nous ambitionnons pour la suite. Finalement, nous pouvons innover à travers une vraie politique d'aménagement culturel, touristique, de mobilité, car tout cela est lié, pour valoriser ce territoire.
Chiffres
62 commues
3099 entreprises
96 établissements industriels
La première micro-ferme bio robotisée de la région
Implantée dans le petit village de Lagny-le-Sec depuis 2023, dont le maire est Didier Doucet, la première micro-ferme bio robotisée a pour ambition de mettre en avant le circuit court alimentaire ainsi que la production maraîchère locale. La commune, qui est actionnaire majoritaire du projet, a choisi Néofarm pour concrétiser le projet, en tant qu'actionnaire minoritaire et exploitant. L'automatisation passe par un portique robotisé multi-outils destiné à faciliter les actions les plus fastidieuses telles que le désherbage, le repiquage et l’arrosage, mais aussi à planifier au mieux le calendrier de plantation et de récolte grâce à un logiciel dédié. Deux maraîchers gèrent les serres non chauffées et la production de plein champ. Les fruits et légumes sont vendus en circuit court dont 60% en vente directe et un distributeur a été installé.