Loïc Lelu, le nouveau président de la FFB Oise se place entre crise et avenir du secteur
Élu en décembre 2021, Loïc Lelu a pris sa nouvelle fonction de président de la Fédération du bâtiment (FFB) de l'Oise officiellement le 1er janvier 2022, pour une durée de trois ans et succède ainsi à Philippe Morin. Chef d'entreprise depuis 35 ans d'une société de couverture, membre de la FFB Oise depuis six ans, Loïc Lelu entend continuer la dynamique impulsée par la fédération tout en gérant le combat urgent de la crise que subit le BTP depuis plus de deux ans.
Il
n'est pas nouveau dans le monde du BTP. À 60 ans, Loïc Lelu connaît
bien ce secteur puisqu'il dirige l'entreprise Lelu – 35 salariés
et basée à Pimprez, près de Noyon - qu'il a créée en 1988.
Spécialiste de la couverture, c'est grâce à son savoir-faire, son
ancrage locale et son adaptabilité que l'entreprise a su évoluer...
le modèle parfait de toute entreprise du BTP. Mais ce dernier a été
secoué, puis ébranlé pour être aujourd'hui chamboulé par la
crise sanitaire.
Et
ce nouveau président prend ses fonctions dans ce contexte, un
contexte dans lequel son prédécesseur – Philippe Morin, devenu
par ailleurs vice-président de la fédération – a mené un combat
pour défendre les entreprises du secteur. pour faire face à la crise. « Nous
allons continuer à défendre les entreprises, à discuter avec les
députés et les élus locaux et continuer cette synergie qui existe
», confie Loïc Lelu.
Car
l'enjeu est toujours le même : faire face à la pénurie des
matériaux engendrant par la même occasion une flambée des prix et
des retards d'exécution des chantiers. À cela s'ajoute des
pénalités de retard pour les entreprises et une baisse de la
commande publique concernant surtout la construction de logement
neuf... Une boucle infernale que connaît le secteur du BTP depuis
deux ans et « qui
n'est pas prête de s'arrêter »,
prévoit le nouveau président. «
La pénurie des matériaux a un impact sur les chantiers en cours,
engendre des problèmes de trésorerie, de délais,
détaille-t-il. Et la
flambée des prix continue. On a connu une hausse de 8 à 12%, et depuis
le début de cette année, nous connaissons une hausse de 15% en
moyenne. » Et
les commandes publiques n'augmentent pas plus. « Les
plus grands entreprises peuvent jongler entre les chantiers, les plus
petites, non »,
fait-il remarquer.
Un chamboulement structurel
Entre
inquiétude d'un contexte n'évoluant pas et confiance en « la
flexibilité »
des entreprises du BTP, « ce
qui les caractérise »,
le nouveau président de la FFB Oise fait le point sur un secteur qui
n'a jamais autant été ébranlé, même s'il connaissait déjà des
problématiques, et pense à l'avenir. Car les entreprises locales
font partie d'une chaîne mais n'en sont pas aux manettes...
impliquées dans une stratégie nationale et entrainées dans la
mondialisation. « Aujourd'hui,
il y a tassement dans la construction et il n'y a pas d’amélioration
à l'heure actuelle »,
déplore-t-il. Un président qui s'inquiète aussi pour l'avenir des
entreprises. « L'État
a aidé les entreprises avec des aides financières qui continuent
aujourd'hui. Mais en 2023, 2024, qu'en sera-t-il ?, s'interroge
Loïc Lelu qui incite les entreprises à parler de leur problème
auprès de la fédération pour trouver des solutions efficaces. De
nombreuses entreprises ne pourront pas suivre. »
Alors, la FFB Oise entend remettre au cœur des débats la relance de
la construction des logements neufs.
Ce
secteur flexible ne compte pas stagner. À la FFB Oise, l'avenir
s'anticipe. Baptisée "Entreprise 2035", cette réflexion
prépare les entreprises du BTP de demain. Comment peuvent-elles se
réinventer ? Quel nouveau modèle peuvent-elles adopter ?
Autant de questions poussant les entreprises à évoluer pour
apporter « une
nouvelle vision ».
Ce mandat sera aussi rythmé par d'autres actions. La problématique du recrutement, dans un secteur qui n'a jamais autant manqué de main d’œuvre, est aussi à l'ordre du jour. Tout autant que l'image du BTP, encore trop obsolète pour un secteur en constante évolution où de nombreux métiers passionnants se comptent. « On a encore beaucoup à faire, et ces trois prochaines années seront marquées par la crise sanitaire, et nous nous relèverons dans quelques années, conclut Loïc Lelu. Mais nous avons aussi à mettre en avant nos métiers. »