Artisanat
L'ébéniste Loïc Budin cultive le goût de la transmission à Hallivillers
Loïc Budin, ébéniste installé à Hallivillers (Somme) depuis 1996 a décidé depuis quelques années de se concentrer sur la formation de néophytes ou d’amateurs éclairés qui souhaitent découvrir le travail du bois.
Aussi loin qu’il se souvienne, Loïc Budin a toujours été attiré par le travail du bois. Enfant, il fabriquait des cages pour ses oiseaux et ses lapins mais aussi des accessoires pour son poney. À l’adolescence, il commence même à restaurer des meubles pour ses proches.
Une passion du travail manuel qui le pousse tout naturellement vers l’ébénisterie. Après un apprentissage de la menuiserie, Loïc Budin poursuit son cursus en s’intéressant aux escaliers et à la charpente avant de revenir à l’ébénisterie, son premier amour.
« Il y avait assez peu de formation dans la région, il est donc parti à Tournai en Belgique où il a rejoint les rangs de l’Institut Saint-Luc qui forme, encore aujourd’hui, aux métiers d’art. C’est une merveilleuse école dont il garde de très beaux souvenirs », confie Marie Budin, son épouse, qui l’accompagne dans cette aventure.
Un goût prononcé pour les métiers d’art
Après avoir fait ses premières armes dans l’Oise, Loïc Budin rencontre Bernard Steinitz, antiquaire parisien mondialement connu qui a fait le choix d’intégrer à sa prestigieuse maison, un pôle entier dédié à la restauration de meubles.
Loïc Budin a l’opportunité d’intégrer cette équipe d’une vingtaine de professionnels. Là, il découvre des savoir-faire d’exception et côtoie doreurs, vernisseurs, monteurs en bronze, horlogers… « Tous les métiers de l’ameublement de l’époque de Louis XVI étaient réunis dans cet atelier parisien », se souvient Marie Budin.
En 1996, après un passage aux États-Unis, l’ébéniste, qui a beaucoup appris au sein de la Maison Steinitz, décide finalement de créer son propre atelier à Hallivillers, à proximité de sa maison natale.
Là, il profite de l’engouement pour la restauration des meubles anciens et peut s’épanouir dans un travail solitaire qui demande beaucoup de patience et de doigté. Très sollicité par des chineurs passionnés de brocantes ou de visites chez les antiquaires, il prend soin d’objets anciens pour leur redonner une seconde vie. En parallèle, Loïc Budin est approché par un ami qui a créé, au sein du village, un Centre de formation au travail du bois.
« Il lui a proposé d’animer quelques semaines de stages dans sa spécialité. Loïc a accepté et a pris beaucoup de plaisir à transmettre son savoir », rappelle Marie Budin. Après dix ans de collaboration, le centre déménage. L’ébéniste souhaite cependant poursuivre cette nouvelle activité et décide de monter avec sa femme, Marie, sa propre offre de formation. Tous les deux organisent donc entre huit et dix semaines de stage chaque année.
Partager son savoir-faire
« Les stagiaires sont ravis de venir apprendre dans un atelier d’artisan et non pas dans une école. Ce sont souvent des passionnés du bois ou des gens en recherche d’un nouveau métier », détaille Marie Budin qui fait table d’hôte chaque midi lors des périodes de stages. Si Loïc Budin a un temps choisi d’accompagner des apprentis, il a décidé aujourd’hui d’ouvrir ses portes uniquement aux particuliers.
Attaché à l’échange et aux relations humaines, l’ébéniste a construit une offre sur-mesure dédiée à des groupes de cinq personnes maximum. Il propose des thématiques très diverses comme : ébénisterie outils main, électroportatif, machines stationnaires, jouets en bois, sculpture, restauration de meubles et sièges…
Il enseigne une ébénisterie d’art, où le travail se fait essentiellement à la main, loin des pratiques actuelles où le numérique a pris une place importante, permettant de répondre à une demande plus tournée vers le design.
« Les stages ont une durée de deux jours et demi ou une semaine et peuvent s’enchaîner en fonction des besoins et des moyens de chacun, note Marie Budin avant d’évoquer l’ambiance chaleureuse de chacun de ces rendez-vous : Tout le monde vient par plaisir, souvent pour le loisir, avec l’envie d’apprendre. Il y a beaucoup d’échanges au sein des petits groupes. L’atelier n’est pas extensible et Loïc veut prendre du temps pour chaque stagiaire. L’idée est de partager son savoir-faire, d’offrir à chacun ce qu’il est venu chercher et de travailler dans une atmosphère chaleureuse », ajoute-t-elle.
Reconnu pour sa pédagogie et son sens du partage, Loïc Budin bénéficie d’un solide bouche à oreille depuis une décennie. Si l’ébéniste a choisi d’évoluer professionnellement et n’honore plus de commandes, il a décidé de conserver ses formations qui lui permettent de ne pas quitter totalement le travail du bois.
« De plus en plus de gens ont envie de faire par eux-mêmes, envie de fabriquer et revenir à des choses concrètes. Loïc aime énormément enseigner, partager ses connaissances, le fait avec beaucoup d’empathie, de patience et de gentillesse. Certains stagiaires reviennent régulièrement et de belles amitiés se sont créées ! », sourit Marie Budin.