Loi immigration: Darmanin envoie une nouvelle série de signaux à droite

Gérald Darmanin a adressé dimanche un nouveau clin d'oeil aux droites en étant le premier poids lourd de la majorité à accorder un entretien au JDD où il assure "n'avoir aucune question taboue" avant l'examen de son projet de loi immigration pour...

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale, le 17 octobre 2023 à Paris © JULIEN DE ROSA
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale, le 17 octobre 2023 à Paris © JULIEN DE ROSA

Gérald Darmanin a adressé dimanche un nouveau clin d'oeil aux droites en étant le premier poids lourd de la majorité à accorder un entretien au JDD où il assure "n'avoir aucune question taboue" avant l'examen de son projet de loi immigration pour lequel le soutien très hypothétique des LR est crucial.

Avant l'examen de ce texte controversé qui débutera le 6 novembre au Sénat, le ministre de l'Intérieur, ex-LR ayant rejoint Emmanuel Macron dès 2017, n'en finit plus de tendre la main à son ancien camp pour faire adopter son projet de loi qu'il présente comme le "texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années".

"Il n'y a aucune question taboue si c'est pour être efficace pour protéger les Français", a déclaré le ministre interrogé dans le Journal du Dimanche sur les limites imposées par la Constitution ou la jurisprudence européenne en matière d'immigration. 

Il affirme cependant que la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) "ne (l)'empêche pas de faire (son) travail de ministre de l'Intérieur", et dit respecter "l'intégralité des règles de l'Etat de droit" et la Cour. 

La juridiction internationale basée à Strasbourg est régulièrement critiquée par la droite et l'extrême droite pour le cadre légal qu'elle impose sur les expulsions dans certains cas d'étrangers radicalisés.

Si dans l'entretien-fleuve de trois pages que M. Darmanin a accordé au JDD, il déclare ne pas "s'asseoir" sur la justice européenne, le ministre de l'Intérieur avait dit au lendemain de l'assassinat d'un professeur à Arras par un Russe d'origine ingouche, "assume(r)" être condamné par la CEDH pour la reprise des expulsions de ressortissants du Caucase fichés S vers la Russie comme cela avait été le cas pour deux Tchétchènes en août 2022.

"La CEDH doit comprendre qu'elle juge dans une situation de crise terroriste qui n'existait pas lorsque ses règles furent imaginées", a-t-il encore souligné auprès du JDD.

"Il va falloir à un moment donné que la supériorité du droit français, que la sécurité du peuple français, passent avant tout verrou juridique", "sinon nous allons continuer de déplorer des morts", a affirmé le président du Rassemblement national Jordan Bardella sur le plateau du Grand rendez-vous (Europe 1/Cnews/Les Echos).

-les contours du compromis-

Comme les élus LR qui n'ont cessé de répéter ces dernières semaines qu'ils ne voteraient pas le texte si son "volet régularisations" était maintenu, le patron du RN a épinglé dimanche son article 3, consacré à la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension.

Il s'est dit toutefois prêt à discuter, à cette condition: "Etes-vous prêt à renoncer au plus grand appel d'air migratoire que vous êtes en train d'organiser (...), pour vous concentrer sur la riposte ?"

De son côté, la tête de liste de Reconquête aux élections européennes Marion Maréchal, qui plaide également pour une "réforme constitutionnelle", a estimé sur BFMTV "que ce gouvernement, et en particulier Gérald Darmanin, n'a plus aucune légitimité et aucune crédibilité pour aller aujourd'hui devant les Français mener une réforme sur la question de l'immigration".

Sur l'épineux dossier des métiers en tension, Gérald Darmanin s'est dit auprès du JDD prêt à "discuter" au risque de froisser les partisans de cette disposition au sein de la majorité présidentielle comme le ministre du Travail Olivier Dussopt ou le président de la commission des lois à l'Assemblée, Sacha Houlié. 

Pour M. Darmanin, "l'heure est cependant assez grave pour qu'on ait des compromis sur des choses qui ne sont pas centrales", a déclaré le ministre. 

"Certains veulent un décret ou une circulaire, d'autres que ce soit dans la loi. Nous discuterons donc de ce sujet comme de tous les autres mais le gouvernement est attaché à des mesures de justice envers ceux qui produisent dans notre pays sans jamais poser de problème d'ordre public", a-t-il expliqué.

M. Darmanin est le premier poids lourd du gouvernement à s'exprimer dans les colonnes du Journal du Dimanche depuis que l’hebdomadaire a repris sa parution sous la direction du journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune après des semaines de grève et des départs massifs au sein de la rédaction.

grd-jmt/dch   

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