Stratégie
Logement bois bas carbone : Technologies et habitats implante un site de production à Saint-Quentin
La société TH, basée en Haute-Savoie, construit des logements en bois bas carbone qu’elle souhaite accessible à tous. Elle ouvre un site d’assemblage dans l’Aisne prochainement.
La société TH (Technologies et habitats), basée en Haute-Savoie, s’apprête à s’implanter dans l’Aisne, à Saint-Quentin. Une étape cruciale dans le développement de l’entreprise qui propose depuis neuf ans des habitations bas carbone de qualité, et sans surcoût. « Nous avons créé l’entreprise avec la volonté de répondre aux maux dont souffre le secteur du bâtiment. Tout d’abord, c’est une activité très polluante en raison de l’usage intensif du béton. Le niveau de qualité des constructions livrées est de moins en moins bon. Enfin, il est en grande pénurie de main d’œuvre malgré le recours à des salariés étrangers », résume Alain Bejean, cofondateur de TH.
Sur la question environnementale, l’entreprise a donc fait le choix des matériaux biosourcés, notamment du bois. Ce qui entraîne un surcoût de 15% environ. « Pour rendre l’habitat bas carbone accessible à tous, et compenser ce surcoût des matériaux, nous avons donc industrialisé les process de fabrication », rebondit l’entrepreneur. Une façon de répondre aux deux autres problématiques du secteur. En effet, la liste, parfois interminable des réserves établies lors de la livraison d’un logement, n’est pas sans conséquence. « Cela consomme beaucoup d’énergie, d’effort, de temps, d’argent et génère de la frustration », analyse l’entrepreneur. Par ailleurs, le déroulement d’un chantier compte de nombreux temps morts liés à la livraison des matériaux.
Industrialisation des process
L’industrialisation permet des gains de productivité importants, avec des contrôles qualité : optimisation du temps de fabrication et livraison des logements sans aucune réserve. « Nous concevons des blocs de bâtiments entièrement finis comprenant la salle de bain, les sols, la circulation des fluides, l’électricité… Ils sont prêts à être connectés entre eux une fois livrés », explique Alain Bejean. Les blocs peuvent être rassemblés entre eux pour constituer une ou plusieurs pièces. Si le bois est le principal matériau, les logements conservent un aspect classique.
Ce système s’adapte aux besoins architecturaux de chaque projet et ne génère pas déchets. Les logements présentent une très faible consommation énergétique et répondent aux exigences de la RE2031. « Le temps de chantier sur le site est divisé par dix, ce qui occasionne beaucoup moins de perturbations pour les riverains. »
Cent emplois à Saint-Quentin
« Depuis deux ans, nous ressentons une forte accélération de la demande », se réjouit le cofondateur. L’entreprise profite donc d’un contrat concernant la construction de 300 chambres étudiantes à Soissons pour ouvrir son deuxième centre d’assemblage à Saint-Quentin. L’entreprise est en cours de signature d’un bail. Ce sont 250 logements qui devraient être produits par an à partir du second semestre 2024. Ils seront destinés aux Hauts-de-France, une petite partie de la Normandie, de l’Île-de-France et du Grand Est. « Nous avons déjà décroché un contrat dans la région d’Arras », se réjouit le dirigeant.
« Nous sommes sur une industrialisation non automatisée qui comporte 25 postes de travail pour construire un module, dont chaque mode opératoire est précisément décrit. Nos modules ne sont jamais les mêmes, selon les projets, mais ils sont toujours faits de la même manière », poursuit le responsable. Ainsi, l’entreprise emploie 50% de personnes sans diplôme qui sont formées en interne. Une centaine de postes devraient être créés à Saint-Quentin. « Nous travaillons avec Pôle Emploi pour recruter dans une large population nos salariés qui seront en préformation durant huit mois » note le responsable.
L’entreprise a déjà fabriqué 400 modules, soit près de 300 logements, principalement pour les promoteurs et les bailleurs sociaux. « Nous fabriquons actuellement un logement tous les deux jours », note le cofondateur. Elle compte 75 salariés et vise un chiffre d’affaires de huit millions d’euros en 2023. Un chiffre qui devrait doubler en 2024, pour afficher un CA de 32 millions et un effectif de 200 personnes l’année suivante.