L'occasion fait le savon
Les ingrédients utilisés par Delphine Honoré pour la création de ses savons sont pour le moins originaux : chicorée, pomme de terre, charbon. La préparatrice en pharmacie espère même pouvoir rivaliser avec le fameux savon de Marseille avec ses "Galets du Nord".
La fécule de pomme de terre recèle des qualités très nourrissantes et hydratantes pour la peau. Des huiles raffinées des grands noms de la cosmétique à la fécule de pomme de terre, il n’y a qu’un pas que cette mère de famille a franchi avec pour objectif de détrôner le sacro-saint savon de Marseille ! Après avoir été commerciale pour une grande marque de cosmétiques dans la filière bio, Delphine Honoré suit une formation sur les huiles essentielles à Avignon et organise dans son «cabinet médical» à Arques des animations d’ateliers sur les produits naturels et bio, notamment les huiles essentielles. L’envie d’aller plus loin dans la commercialisation de produits imaginés et fabriqués par elle-même fait son chemin. Elle suit une formation en savonnerie à Paris et démarre son projet en mai 2013. L’idée est d’utiliser les produits phares du Nord-Pas-de-Calais dans la fabrication de savons : la chicorée, le houblon, le lin, la fécule de pomme de terre et même le charbon entrent dans la composition des «Galets du Nord», sa marque déposée.
Le savon au charbon pour les bricoleurs ! Les savons noirs au charbon «sont davantage destinés aux hommes et aux bricoleurs ou pour les loisirs créatifs», explique la jeune femme. En effet, «le charbon est abrasif et la couleur noire évite les salissures sur le savon». Le savon ocre, emballé dans une toile de jute, rappelle la pomme de terre du terroir, le savon marron à la chicorée exhale un doux parfum de cannelle. «La cannelle est un très bon désodorisant. Je conseille donc ce savon en cuisine, pour se débarrasser des odeurs d’oignon sur les mains par exemple», explique Delphine Honoré. L’élaboration d’un savon est assez longue. Il faut compter trois mois de travail avant la commercialisation. «Je mets au point mes formules, je fabrique des échantillons de savon, les fait sécher cinq à six semaines à température ambiante, j’envoie les formules et les échantillons à un laboratoire qui me donne ou non son attestation et j’entre ensuite dans la phase de fabrication», explique celle qui fabrique aujourd’hui environ 200 savons par mois. Objectif : le seuil des 400 pour pouvoir en vivre. Les marchés s’ouvrent petit à petit : chambres d’hôtes, magasins de produits du terroir, pharmacies, hôtels… Le bouche à oreille fonctionne, elle sait s’adapter au client et entend bien convaincre de futurs adeptes avec des produits «customisés».