L’insertion professionnelle des jeunes diplômés fragilisée
Si l’insertion dans l’emploi des jeunes diplômés de 2018 s’est encore améliorée, selon le récent baromètre de l’Apec, en revanche, l’incertitude prévaut pour les futures promotions, en raison des conséquences économiques de la crise sanitaire.
Les difficultés des entreprises liées à la crise sanitaire se répercuteront sur l’emploi et devraient renforcer la vulnérabilité des jeunes entrants sur le marché du travail. Le dernier baromètre de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) sur l’insertion des jeunes diplômés(*), dévoilé en mai, relate, en effet, les problèmes d’embauche pour cette génération qui se dessinent d’ores et déjà et qui ont été constatés dès le début du confinement. Sur le seul mois d’avril, une chute de 69 %, a été enregistrée, par rapport à la même période de 2019, pour les offres d’emploi ouvertes aux jeunes diplômés (contre 62 % pour l’ensemble des offres cadres). Et cette baisse significative a également concerné les secteurs-clés de leur insertion professionnelle : l’informatique (- 71 %, sur un an), l’ingénierie R&D (- 73 %) et le conseil et gestion des entreprises (- 66 %), qui représentent plus de la moitié des offres qui leur sont destinées.
Une bonne insertion professionnelle pour la promotion 2018
L’inversion de tendance est brutale. Antérieurement à la crise sanitaire, le niveau d’accès à l’emploi s’est en effet amélioré. Ainsi, selon les résultats du baromètre, 94 % des diplômés de 2018 ont au moins eu une expérience professionnelle, tandis que 85 % d’entre eux ont été embauchés 12 mois après l’obtention de leur diplôme. De surcroît, les conditions de travail pour cette catégorie restent favorables avec une augmentation du niveau de rémunération de 6,5 %, par rapport à la promotion précédente.
Des points de fragilité
L’Apec pointe néanmoins certaines fragilités, qui pourraient s’exacerber avec la crise économique. Les embauches de jeunes pourraient se réaliser dans des conditions dégradées. Outre «le processus fastidieux d’accès à l’emploi», les contrats précaires, notamment, le temps partiel ainsi que les contrats à durée déterminée ou l’intérim (31 % des diplômés 2018 en poste concernés) et le défaut de statut cadre (43 %), représentent déjà un obstacle majeur pour les jeunes diplômés et viennent souvent peser sur le début de leur carrière. Conséquence de ces signaux faibles relevés par l’Apec : 21 % de jeunes diplômés déclarent que leur emploi ne répond pas à leurs espérances ; ainsi un jeune sur cinq estime occuper un «job alimentaire», en attendant de trouver une opportunité correspondant véritablement à ses attentes, en adéquation avec son niveau d’études. Dans le même sens, les disparités entre filières demeurent : les jeunes issus de disciplines moins recherchées (les sciences humaines et sociales, lettres, langues et arts ou les sciences fondamentales, en particulier), devraient rencontrer davantage de difficultés à s’insérer professionnellement. En revanche, l’accélération, avec le confinement, de la digitalisation des entreprises devrait bénéficier à ceux ayant suivi des cursus axés sur les nouvelles technologies. Pour remédier aux conséquences de la crise sanitaire actuelle, Philippe Dialynas, directeur général adjoint de l’Apec incite les entreprises «une fois les conditions de la reprise d’activité atteintes» à ajuster leurs critères de recrutement «afin de ne pas écarter du marché de l’emploi les plus fragilisés, notamment les plus jeunes.»
(*) Le baromètre a été réalisé en interrogeant 500 jeunes diplômés de niveau Bac +3/4, et 1 000 jeunes diplômés de niveau Bac +5 ou plus, âgés de 20 à 30 ans, résidant en France et ayant obtenu leur diplôme en 2018.
Jihane MANDLI et B.L