L’industrie dunkerquoise veut être soutenue par les Pouvoirs publics
Quatre parmi les plus importants industriels du Dunkerquois viennent de signer un Manifeste commun appelant à être soutenus par les Pouvoirs publics dans leurs efforts pour réduire leurs émissions de CO2. Il en va, selon eux, de leur compétitivité et du maintien d’une industrie forte sur le territoire.
Ce sont quatre gros industriels implantés dans le Dunkerquois parmi les plus gros émetteurs de CO2 : ArcelorMittal, Liberty Aluminium Dunkerque, Comilog et Ferroglobe Manganèse France. Ils viennent de signer un manifeste appelant à «un pacte industriel et territorial pour une neutralité carbone», soutenus par l’ADEME, la CCI Littoral Côte d’Opale et la communauté urbaine de Dunkerque.
Derrière l’enjeu environnemental de cette première en France, il y a aussi et surtout un fort enjeu économique. Selon les signataires du manifeste, il en va même de la compétitivité de leur unité de production et, au-delà, de la pérennité de l’industrie dans le Dunkerquois, voire même en France et en Europe. En effet, pour contenir le réchauffement climatique, il est devenu plus qu’urgent de diminuer au maximum les émissions de CO2, en changeant notamment les modes de production. L’Europe impose même un système de quotas pour les industries les plus émettrices de CO2. Si l’entreprise dépasse le quota d’émission auquel elle a droit, elle doit désormais payer une taxe, actuellement fixée à 25 euros la tonne de CO2, une taxe qui va augmenter au cours des prochaines années et à laquelle les entreprises hors Europe ne sont pas soumises. Ce qui impacte forcément la compétitivité des entreprises européennes. Les quatre signataires parlent même de «dumping climatique et de concurrence déloyale» et mettent en garde contre des risques de délocalisation face à cette concurrence alors même – grand paradoxe – que leurs productions sont moins polluantes que celles de pays asiatiques, Chine en tête (études à l’appui), qui ne sont pas soumis aux mêmes règles. Liberty Aluminium Dunkerque a, par exemple, rappelé que ses émissions étaient passées de plus de 3 kg de CO2 par kilo d’aluminium produit en 2011 à moins de 2 kg en 2018. Quant à ArcelorMittal, elle est parvenue à réduire ses émissions de CO2 à moins de 1,8 tonne par tonne d’acier produite.
Mieux soutenir les efforts
Dans leur manifeste, et eu égard aux efforts consentis, les signataires appellent donc à l’instauration d’une taxe carbone sur les produits importés hors d’Europe afin que les règles soient les mêmes pour tout le monde et que le prix de revient de la production ne soit pas plus élevé pour les Européens en raison d’une taxe que les autres n’auraient pas à payer. Les quatre industriels plaident aussi pour un meilleur accompagnement de leurs efforts et de leurs investissements pour faire baisser leurs émissions de CO2, car, bien évidemment, innover coûte du temps et de l’argent. Ils demandent, enfin, que l’argent récolté par l’Etat grâce au système de quotas carbone profite d’abord à l’innovation des industries.