L’industrie du futur attend son décollage
Au Creusot, Safran a misé sur une usine 4.0 pour accompagner le développement des moteurs LEAP pour lesquels le site produit les disques de turbine. Un investissement de 50 millions d’euros sur sept ans a permis d’opérer cette modernisation.
En 1987, Safran s’installait au Creusot avec une usine de production de disques de turbine destinés aux moteurs d’avion CFM 56 qui équipent encore aujourd’hui une partie des flottes Airbus et Boeing. Depuis 2016, le site a opéré un virage. Les moteurs CFM 56 n’étant plus installés sur de nouveaux appareils, l’usine ne leur fabrique plus que des disques utilisés comme pièces de rechange. « Safran Aircraft Engines a développé et produit une famille de moteurs de nouvelle génération, le LEAP, qui consomment 15 % de carburant en moins et donc réduisent de 15 % les émissions de dioxyde de carbone » précise Maxime Capon, directeur de l’établissement Safran au Creusot. Les disques fabriqués en Saône-et-Loire partiront ensuite en Seine-et-Marne ou aux Etats-Unis pour équiper des moteurs qui feront voler l’A320 Néo ou le Boeing 737 Max.
Moderniser le site
Pour accompagner cette montée en production des disques pour moteurs LEAP, soit 2050 disques produits en 2019, Safran a investit 50 millions d’euros dans l’usine creusotine, en faisant ainsi un de ses sites pilotes. « Nous créons ici une usine 4.0 avec une nouvelle ligne d’usinage automatisée et nous disposons d’un nouveau concept pour nos 12 centres d’usinage automatisés. » Le close door machining ou usinage à porte fermée consiste en l’automatisation sécurisée du processus d’usinage des pièces mécaniques. Piloté par un opérateur qualifié, ce dernier n’intervient plus dans l’enceinte du centre d’usinage. « C’est un système avancé de programmation numérique d’interface homme / machine et de surveillance des paramètres visant à réduire l’intervention de l’opérateur. » Pour le directeur du site, le process gagne en ergonomie pour le salarié, en coût grâce à l’automatisation, en temps avec un cycle réduit et enfin en qualité. « Toutes les tâches pénibles sont supprimées. » Les nouveaux équipements apportent également leur lot de données numériques, un atout pour adapter les paramètres d’usinage et faire de la maintenance prédictive.
Continuer sur la lancée
La crise sanitaire et, avec elle, les restrictions des déplacements ont mis à mal le secteur aéronautique dont Safran reste un fournisseur de poids. Les effets s’en font ressentir sur le site du Creusot qui travaille pour le domaine civil. « Nous avons une réduction significative de 50 % de notre activité. » Safran ne prévoyant pas un retour à la normale de l’activité aéronautique avant trois à cinq ans, le directeur de site continue à travailler sur la modernisation de son usine et s’appuie sur l’activité partielle. Au Creusot, Safran emploie 200 personnes et, conformément aux accords de transformation d’activité signés avec les partenaires sociaux, l’entreprise peut avoir recours à l’activité partielle à hauteur de 40 %. « Notre objectif est de maintenir l’emploi et les compétences afin d’être prêt pour la reprise. »
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert