Lille mise sur les terrasses
Au lendemain de l'annonce du passage à la phase 2 du déconfinement, Martine Aubry a énoncé les mesures que la ville a prises pour venir en aide à ses restaurateurs. Depuis le 2 juin, les terrasses sont privilégiées.
Les cafés, bars et restaurants ont enfin pu rouvrir le 2 juin dernier. Ce retour aux festivités reste encadré par une liste de règles que Gérard de Poorter, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) des Hauts-de-France, ne manque pas de rappeler : distance d’un mètre entre chaque table et pas plus de 10 personnes regroupées, port du masque pendant les déplacements, pas de service au comptoir ni de buffet…
Autant d’obligations et d’interdictions qui freineront les consommateurs les plus frileux, et qui, par conséquent, ne sauvera pas l’intégralité des 1 500 établissements lillois contraints à la fermeture le 14 mars dernier. 15 à 20% de ces bars et restaurants n’ont d’ailleurs pas pu rouvrir, faute de place pour appliquer les règles de distanciation. Les autres verront leur nombre de couverts divisé par deux. En somme, ceux qui disposent d’une terrasse seront les mieux logés. Consciente des problèmes de trésorerie qui s’abattent sur ses restaurateurs, la maire de Lille, Martine Aubry, a annoncé un dispositif d’aide exceptionnel.
Exonération des droits de terrasses
Élaboré en étroite concertation avec l’UMIH, des commerçants et leurs représentants, ce plan est présenté comme une «solution supplémentaire» à celles proposées par l’Etat. Cette solution mise tout sur les terrasses, avec l’exonération des redevances d’occupation du domaine public. Pas uniquement pour cet été, mais pour l’intégralité de l’année 2020. Elle concernera également les food-trucks, triporteurs et friteries. «C’est la seule aide que nous puissions donner. Elle représente déjà 960 000 euros de perte de rendement pour la ville», indique Martine Aubry. Une telle exonération pour la taxe foncière semble en effet inenvisageable, puisque tout type de commerce pourrait s’en réclamer.
Piétonnisation de certaines rues
La ville a également autorisé la création de terrasses pour les cafés, bars et restaurants qui n’en disposent pas. Et ce selon plusieurs conditions. La première étant d’arrêter toute activité après 23 heures. Les tables ne doivent pas empiéter sur la voirie, ni empêcher le passage des personnes à mobilité réduite et des véhicules de secours. Les vitrines de commerçants et les entrées d’immeubles doivent aussi être dégagées.
Ces créations ou extensions de terrasses ont été rendues possibles sur le parvis de Notre-Dame de la Treille, rue Pierre Mauroy, et dans les quartiers de Wazemmes, Bois Blanc, Moulins, ainsi que sur la place Cormontaigne. «Les dispositifs sont en fait les mêmes qu’au moment de la braderie», résume Martine Aubry. Les rues des Bouchers et de la Monnaie sont quant à elles entièrement piétonnisées. «Les restaurateurs s’organisent ensemble pour partager l’espace sans créer de conflits», se félicite la maire.
Organisation interne à revoir
D’autres endroits de la ville, connus pour leur agitation, n’auront pas ces privilèges. Martine Aubry est tranchante lorsqu’il s’agit d’interdire l’installation de terrasses supplémentaires dans la rue Massena, ou encore dans le quartier du Nouveau Siècle «pour assurer la tranquillité des riverains». La Grand Place ou encore la place du Théâtre ne verront pas fleurir de nouvelles terrasses non plus. Cette fois en faveur du respect du patrimoine.
De nombreux restaurateurs dans d’autres parties de la ville n’auront pas droit à leur terrasse. C’est le cas de La Bellezza, enseigne prisée par les Lillois, qui n’a pourtant pas hésité à rouvrir un intérieur délimité par des plexiglas. Exit cependant la file d’attente le long de la rue Esquermoise : celle-ci est désormais «virtuelle». Côté salariés, le groupe affiche en toute transparence la charte à signer, mentionnant un rappel des règles à suivre à chaque briefing d’équipe et une prise de température des employés à chaque début de service. «Malgré le masque et les ajustements nécessaires, on va continuer à vous faire passer un pur moment de bonheur à la Bellezza», assure le groupe Big Mama.
Avec plus de retenue, Gérard de Poorter, tient également à cet esprit : «En plus des pertes économiques, ne plus créer de convivialité a été un coup dur», dit-il au nom des restaurateurs qu’il représente.