Lille : l'Adulm pointerait-elle une Métropole trop autonome ?
L'Agence de développement et d'urbanisme de Lille métropole a organisé le 20 mai dernier un webinaire pour révéler les résultats d'une étude répondant à la question : «La métropole lilloise est elle une locomotive des dynamiques économiques territoriales ?». Étonnamment, la réponse (temporaire) est négative.
«La métropole lilloise, locomotive
des dynamiques économiques territoriales ?» C'est la question
à laquelle l'Agence de développement et d'urbanisme de Lille
métropole (Adulm) a essayé de répondre à travers ses travaux ces
dernières années.
En partenariat avec la Métropole
européenne de Lille, la Région Hauts-de-France et le laboratoire
EconomiX (CNRS – Université de Paris-Nanterre), la recherche a
abouti à une conclusion étonnante : non, en termes d'emploi Lille n'aurait pas l'effet de débordement escompté sur les
territoires voisins.
Les atouts de la région ne cessent
pourtant d'être vantés, la transfrontalité en tête. «Lille
est une porte d'entrée incontournable pour accéder à d'autres
métropoles», introduit Mathilde Bellenchien, chargée d'études
à l'Adulm.
Un manque de synergie sur un
territoire complexe
Cependant, Nadine Levratto, du
laboratoire EconomiX, cible une structure très complexe de la
métropole lilloise. En étudiant les différents flux qui parcourent
le périmètre (trajets domicile-travail, établissements-siège
social...) , l'étude indique que chaque territoire qui le compose
fonctionne, en réalité, de manière autonome, sans dépendre de
Lille. «Selon une publication de France stratégie, Lille est une
métropole dont la dynamique de l'emploi n'est pas partagée avec
les territoires environnants», cite-t-elle.
Ce manque de synergie, par ailleurs
inhabituel par rapport à la moyenne nationale, pourrait s'expliquer
par un manque de complémentarité dans les différentes activités
implantées sur le territoire, ou encore par des décisions
politiques ne pouvant êtres prises en compte par les statistiques.
De quoi surprendre et rendre perplexes
plusieurs acteurs économiques régionaux... et frontaliers. «Nous
ne pouvons pas dire que Lille est une île», réagit par exemple
Frédéric Seynhaeve, directeur adjoint de l'Agence de développement
territorial de la Wallonie picarde. Et de continuer : «Le
biais des statistiques est qu'elles ne prennent pas en compte toutes
les réalités.»
C'est pourquoi l'Adulm ne compte pas
clore le dossier et va continuer d'approfondir ses recherches,
notamment en incluant dès que possible, après la fin de la crise
sanitaire, les déplacements liés aux loisirs. «De notre côté,
nous continuerons de travailler au développement du territoire et à
ses échanges avec ses voisins», indique Simon Jodogne,
directeur adjoint à la direction gouvernance et dialogues
territoriaux de la MEL.
Des échanges commencent d'ailleurs à
s'intensifier avec Bruxelles, mais aussi le Littoral et Paris.