Droit
Libre installation des notaires : la Chancellerie publie un bilan de la première vague
Le ministère de la Justice a publié mi-décembre les résultats de son enquête sur la situation des candidats nommés dans le cadre de la première carte relative à la liberté d’installation des notaires.
Les
enseignements de cette enquête doivent, selon la Chancellerie,
permettre d’engager « une
réflexion constructive »
entre le ministère et l’Autorité de la concurrence sur
l’évolution des prochaines cartes de libre installation. Menée
auprès des 1 925 candidats à la création d’un office notarial
nommés à l’occasion de la première carte (2016-2018), cette
étude
vise
à dresser un état des lieux de leur situation économique actuelle
et de leurs perspectives de développement, en prenant en compte le
contexte particulier de la crise sanitaire.
85%
des répondants se sont effectivement installés
Ces
derniers ont ainsi été invités à répondre à un questionnaire
permettant de retracer l’ensemble de leur parcours, depuis leur
cursus de formation jusqu’à aujourd’hui. Plus d’un millier
(1 111), soit 58% d’entre eux, ont répondu à cette enquête.
Parmi
eux, 772 (soit 40%) ont répondu à l’ensemble des questions. Il
en ressort tout d’abord que 14% des répondants n’ont pas prêté
serment et que 99% de ceux qui ont prêté serment se sont
effectivement installés. Au final, 85% des candidats nommés qui ont
répondu à l’enquête se sont donc effectivement installés, et
98% d’entre eux étaient toujours en activité à la date de
l’enquête.
Environ
six mois entre la nomination et l’installation
Pour
l’ensemble des candidats nommés, le parcours moyen de la
nomination à l’installation est de six mois. 72% d’entre eux
ont déclaré avoir été nommés dans la commune où ils
souhaitaient s’installer, alors que la moitié de ceux qui n’ont
pas prêté serment ont déclaré ne pas avoir été nommés dans la
commune désirée.
73% des offices nouvellement créés sont détenus par une personne
physique, et 13% par des sociétés titulaires d’offices
notariaux.
Des
emprunts de 100 000 à 200 000 euros
87% des répondants qui se sont installés ont déclaré avoir fait un
emprunt bancaire pour créer leur office. Cet emprunt a été le seul
moyen de financement pour 70% d’entre eux, et il a été contracté
auprès de la Caisse des dépôts et consignations pour 60% d’entre
eux. Les montants empruntés sont le plus souvent compris entre 100
000 et 200 000 euros, sur une durée moyenne de 13 ans, et à un taux
moyen global de 1,17% (ce qui correspondant des mensualités moyennes
de 1 100 euros).
Un bilan positif pour seulement 67% des répondants
67%
des répondants installés dressent un bilan positif de la première
vague d’installation. En ce qui concerne le chiffre d’affaires de
leur office, il repose essentiellement sur les activités réservées
aux notaires : l’immobilier (70%) et le droit de la famille (20%).
Quant à leur clientèle, elle est majoritairement composée de
clients qui n’ont pas de notaire « habituel »
(40%) et concentrée dans leur zone d’installation (77% dans les
six derniers mois d’activité). L’Île-de-France et la région
PACA-Corse n’apparaissent pas comme les régions offrant le niveau
d’activité le plus satisfaisant.
Un net besoin d’accompagnement
Autre
constat,
61% des répondants installés estiment avoir rencontré des
difficultés dans le développement de leur activité. Les
principales causes évoquées sont la baisse des tarifs, la
diminution des actes, les règles déontologiques trop strictes, la
saturation du marché et des manœuvres déloyales. Ils auraient par
ailleurs apprécié bénéficier de davantage d’aide et de
formation à la gestion d’entreprise avant leur installation, et la
moitié d’entre eux ont rencontré des difficultés pour trouver
des locaux. 60% déclarent toutefois avoir bénéficié
d’accompagnement ou de soutien de la part du Conseil supérieur du
notariat (CSN), et 46% de la part de la chambre des notaires locale
ou régionale. Enfin, 22% ont obtenu de l’aide auprès de confrères
notaires, d’experts-comptables, de conseils financiers et des
banques.
Un
retour d’expérience pour établir la prochaine carte
Au final, seuls 61% des répondants installés considèrent que les perspectives de développement de leur activité sont relativement bonnes. Surtout, 87% d’entre eux estiment que la périodicité biennale de révision des cartes est trop courte au regard de leur expérience sur le terrain. Ainsi, si 84% des candidats nommés ne regrettent pas de s’être portés candidats dans le cadre de la première carte, seuls 46 % d’entre eux conseilleraient à un diplômé notaire de se porter candidat à court ou moyen terme.