Librairies indépendantes : Sauvegarder une exception française

Comme la librairie indépendante Bossuet à Toul, les professionnels du livre ont adapté leur outil de travail à la crise.
Comme la librairie indépendante Bossuet à Toul, les professionnels du livre ont adapté leur outil de travail à la crise.

C’est l’un des secteurs les plus impactés par la crise sanitaire et les deux confinements : celui des librairies indépendantes. Elles sont plus de 3 000 en France, quelque 150 dans la région Grand Est. Pour aider ces établissements à surmonter ces temps difficiles, les dispositifs d’aide sont massifs et réels. Mais cela suffira-t-il ?

La filière constituée des librairies indépendantes demeure le premier circuit de vente de livres en France, pesant 40 % du marché, devant les grandes surfaces culturelles, la grande distribution alimentaire et internet. Il existe plus de 3 000 librairies en France – 150 dans la région Grand Est -, soit l’un des réseaux les plus denses au monde. La loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre a fait de la librairie un pan de l’exception culturelle française. Ces atouts sont contrebalancés par une situation économique et financière fragile. Le secteur de la librairie indépendante reste l’un des moins rentables du commerce de détail, avec un résultat net moyen de 1 %. Les deux fermetures administratives liées à la crise sanitaire ont affaibli la branche. Il y a bien eu le système du drive pour rattraper une partie du chiffre d’affaires, mais la levée du second confinement ne dissipe pas les incertitudes et inquiétudes. L’Observatoire de la librairie sollicite d’ailleurs les libraires pour suivre l’impact de la crise sur la profession.

Booster la vente en ligne

Les librairies indépendantes bénéficient du fonds de soutien de 25 millions d’euros mis en place au niveau du centre national du livre, en lien avec les directions régionales des affaires culturelles. Il s’inscrit dans la troisième loi de finances rectificatives pour 2020, comme les six millions d’euros visant à la modernisation des librairies, afin d’améliorer les conditions d’accueil et accroître les gains de productivité par une gestion informatique plus performante. Face au second confinement, la prise en charge des frais d’expédition des libraires a été actée jusqu’au 31 décembre. Les mesures figurant dans le Plan de relance 2021-2022 avalisent la poursuite du dispositif de modernisation des établissements à hauteur de six millions d’euros en 2021. L’optimisation des plateformes de ventes à distance est une l’une des pierres angulaires de ce déploiement. Comme la généralisation de l’action «Jeunes en librairie», destiné à faire découvrir aux collégiens et lycéens la chaîne du livre et le rôle des librairies de proximité. Un autre levier est sans doute à actionner : la vente en ligne représente 15 % des achats de livres. Un millier de librairies sont présentes sur le portail librairiesindependantes.com. Une potentialité à développer sans doute encore davantage.