L’hydrogène vert s’installe en Normandie
A Port-Jérôme-sur-Seine, une usine va produire 28 000 t d’hydrogène vert par an, à destination de l’industrie pétrochimique. Ce projet porté par H2V Industry devrait entrer en production en 2022.
La phase de concertation est désormais achevée. La construction de l’usine H2V Industry à Port-Jérôme-sur-Seine va pouvoir débuter. Un vrai évènement, car cette usine sera l’une des deux premières en France à produire, massivement et par électrolyse, de l’hydrogène vert.
Le process de production est simple : il s’agit de procéder, comme nous l’avons tous fait à l’école, à l’électrolyse de l’eau, qui permet de séparer les molécules d’eau en dihydrogène (H2) et en dioxygène (O2). Une méthode qui a le mérite de ne pas produire de dioxyde de carbone lors du process, à l’inverse du vaporeformage, qui combine du méthane à de la vapeur d’eau… Mieux, l’électricité destinée à alimenter le process d’électrolyse sera à 100 % issu d’énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, hydrolélectrique…), garantissant une production massivement décarbonée.
Un marché qui fait rêver
Créée en 2016, l’entreprise H2V Industry se présente donc comme une pionnière sur ce marché de l’hydrogène. Un marché avec une forte actualité et en plein devenir qui intéresse grandement les investisseurs. HSBC l’a évalué à 1 000 milliards de dollars d’ici 2050. Il pourrait même atteindre 2 500 milliards de dollars au même horizon selon McKinsey. Présent partout dans le monde, l’hydrogène se présente en effet comme une alternative crédible à l’après pétrole et la décarbonation de l’énergie et la production mondiale pourrait ainsi passer de 50 à 500 millions de tonnes en 30 ans.
L’impératif de la transition énergétique a en effet donné un coup de fouet à ces marchés et rendu possible la mobilisation d’investissements qui pourraient dépasser les 65 milliards d’euros en Europe à l’horizon 2030. Un terrain que souhaite conquérir H2V Industry, qui devrait voir ses deux premières usines mises en service en 2022. Des investissements de 250 millions d’euros pour chaque usine.
Une utilisation à proximité
Comme celle de Dunkerque, l’usine de Port-Jérôme-sur-Seine comprendra deux unités assurant la production d’environ 28 000 tonnes d’hydrogène par an, soit l’équivalent de 200 MW. Les applications légèrement différentes. Ainsi à Dunkerque, l’hydrogène sera directement injecté dans les réseaux alors qu’à Port-Jérôme, l’objectif est de l’utiliser sur la Zone d’Activité. L’usine sera implantée sur la zone industrielle de Port-Jérôme 2, entre Le Havre et Rouen, à proximité immédiate des éventuels fournisseurs ou clients. Des contacts étroits ont ainsi été pris avec les usines voisines, et l’hydrogène devrait être utilisé pour la désulfuration des essences ou dans le process de production d’engrais. A terme il pourrait également avoir d’autres applications : production d’électricité, mobilité… L’électricité, d’origine renouvelable, sera livrée par le réseau public de transport d’électricité géré par RTE. Le démarrage des travaux est prévu fin 2020 pour une mise en service de l’usine en 2022/23.