LFI garde la commission des Finances à l'Assemblée, la gauche toujours loin de Matignon

L'Insoumis Eric Coquerel a été réélu samedi à la commission des Finances de l'Assemblée nationale mais le Nouveau Front populaire a été défait pour la quasi-totalité des autres présidences de commission, après avoir laissé échapper le perchoir, ce qui rend sa revendication de former...

 © Marie POUPINEL
© Marie POUPINEL

L'Insoumis Eric Coquerel a été réélu samedi à la commission des Finances de l'Assemblée nationale mais le Nouveau Front populaire a été défait pour la quasi-totalité des autres présidences de commission, après avoir laissé échapper le perchoir, ce qui rend sa revendication de former un gouvernement de gauche de plus en plus incertaine.

Après une nouvelle matinée de tensions au Palais Bourbon, Eric Coquerel a battu l'élue de la Droite républicaine (ex-LR) Véronique Louwagie, qui avait pourtant le soutien du bloc central aux termes d'un accord conclu entre les deux présidents de groupe Gabriel Attal et Laurent Wauquiez, qui avait déjà permis la reconduction de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée.

Chargée notamment de la supervision du budget, la présidence de cette commission revient depuis 2007 à un député d'un groupe s'étant déclaré dans l'opposition.

Dans cet hémicycle sans majorité absolue, c'est le cas de la France insoumise mais aussi de la Droite républicaine.

Au grand dam de la gauche et du RN, les macronistes n'ont pas respecté l'usage qui veut que la majorité s'abstienne de participer au vote. 

Mais M. Coquerel a bénéficié des voix du centriste Charles de Courson qui, en échange de son retrait, a obtenu le poste stratégique de rapporteur général du Budget.

Pour le macroniste Marc Ferracci, "LFI assume ainsi de s’inscrire pleinement dans l’opposition". "Conséquence immédiate: le projet d'un gouvernement exclusivement dirigé par le Nouveau Front populaire est mort", a-t-il écrit sur X.

Anticipant cette remarque, Eric Coquerel a promis de démissionner si Emmanuel Macron nommait un Premier ministre du Nouveau Front populaire, comme la coalition de gauche le revendique toujours après être arrivée en tête à l'issue des législatives.

Et Jean-Luc Mélenchon a de nouveau appelé Emmanuel Macron à "nommer un Premier ministre NFP sans tarder".

La gauche divisée pour Matignon

Mais cette prétention, déjà affaiblie par la défaite jeudi de son candidat André Chassaigne au perchoir, l'a été un peu plus samedi avec la victoire du camp présidentiel dans six commissions sur huit, dont la puissante commission des Lois.

Si LFI a déposé samedi un recours au Conseil constitutionnel contre la participation au vote de 17 députés, qui sont également ministres démissionnaires, à l'élection de Mme Braun-Pivet, celui-ci a déjà répondu vendredi à une association qui l'avait saisie que cela n'entrait pas dans ses compétences de se prononcer sur cette contestation du vote.

Le NFP, qui n'avait pu compter que sur un maximum de 207 voix pour André Chassaigne, s'est en outre montré jusqu'ici incapable de s'entendre sur un nom pour le poste de Premier ministre.

Les socialistes, qui mettent en avant la candidature de la diplomate du climat Laurence Tubiana, ont réclamé vendredi "un vote solennel des députés des quatre groupes" du NFP d'ici au mardi 23 juillet.

Mais les Insoumis rejettent un vote, voulant une désignation par consensus, et s'opposent à tout candidat qui ne s'engagerait pas à appliquer intégralement le programme du Nouveau Front populaire ou qui chercherait des compromis avec les macronistes. Ils mettent en avant le nom de la présidente de la Réunion, Huguette Bello.

Le chef de l'Etat de son côté a fait savoir qu'il attendait de connaître la "structuration" de la nouvelle Assemblée, tandis que son camp plaide pour une large coalition autour du bloc central.

"Celui qui demain gouvernera, ce n'est pas forcément celui qui est arrivé en tête (...) C'est la formation politique qui arrivera à bâtir la coalition la plus large", a résumé le député macroniste Pieyre-Alexandre Anglade.

Mais si la droite entend mettre dès lundi un "pacte législatif" sur la table, elle a martelé qu'elle n'irait pas au gouvernement. Et la coalition droite-bloc central, qui a permis la réélection de Yaël Braun-Pivet n'a atteint que 220 voix, loin là aussi des 289 de la majorité absolue.

L'hypothèse la plus probable est donc qu'avec la proximité des Jeux olympiques, le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal demeure encore en place quelques semaines.

Le RN écarté

Par ailleurs, la répartition des postes clés à l'Assemblée a été marquée par la mise à l'écart du Rassemblement national, voulue par la gauche et de fait entérinée par l'accord entre la droite et le bloc central.  

Aucune des six vice-présidences, pas de poste de questeur sur les trois en jeu, pas même un secrétaire sur douze: Marine Le Pen et ses alliés ont été barrés des postes du bureau de l'Assemblée, sa plus haute instance exécutive, qui sera dominé par la gauche.

Marine Le Pen a dénoncé des "achats de postes" qui "foulent aux pieds la démocratie", privant les "11 millions d'électeurs" du RN de représentants dans les instances de l'Assemblée devenue "une zone de non-droit".

Yaël Braun-Pivet, qui avait plaidé pour que toutes les forces politiques soient représentées au sein du bureau, a assuré que "la voix du RN serait entendue" au sein des instances en rappelant que Marine Le Pen siégerait à la conférence des présidents qui fixe l'ordre du jour de l'Assemblée.

Il y a deux ans, la macronie avait concédé au Rassemblement national deux vice-présidences dans le souci d'une représentation équitable des groupes, comme le préconise le règlement de l'Assemblée.

Faute de gouvernement et d'agenda, les députés ne devraient maintenant pas s'éterniser au Palais-Bourbon. La conférence des présidents, qui fixe l'ordre du jour, s'est réunie pour la première fois samedi après-midi et n'a prévu de nouvelle réunion avant septembre.

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