L’expression d’une inquiétude
Le grand débat a suscité de multiples analyses et propositions. C’est dans ce sens que l’Union régionale des Hauts-de-France pour l’habitat (URH), les bailleurs sociaux et leurs partenaires se sont mobilisés afin de porter collectivement les enjeux spécifiques du logement dans une contribution régionale intitulée «10 points de vue portés par les acteurs du logement en Région Hauts-de-France».
Les partenaires du logement en Hauts-de-France souhaitent que les choix budgétaires nationaux leur permettent de continuer à répondre aux besoins croissants en logement des ménages de la région et aux attentes des territoires exprimées dans leurs politiques locales de l’habitat. Comme l’exprime Jean-Louis Cottigny, président de l’URH, «c’est la santé des territoires qui est en jeu, davantage que la santé financière des organismes, contraints à des arbitrages patrimoniaux et territoriaux». Ainsi, les partenaires proposent de renforcer la décentralisation et la territorialisation des politiques du logement.
Une remise en cause du modèle économique du logement social ?
Pour rappel, les professionnels du mouvement HLM ont démontré leur engagement à répondre aux besoins des ménages en région. Ils illustrent quotidiennement leur capacité d’adaptation et d’innovation. Les démarches de regroupement et de coopération, engagées de longue date, aujourd’hui accélérées par la loi ELAN, se poursuivent.
Les acteurs du logement nourrissent cependant de très fortes inquiétudes à un moment où le modèle économique du logement social, pourtant bien commun de la nation, est profondément remis en cause au travers des baisses d’APL. Les risques sont grands d’une métropolisation de la production, d’une privatisation du secteur HLM et d’une spécialisation du parc, qui contredisent la fonction d’inclusion sociale et territoriale reconnue jusqu’alors au logement social et la mission d’intérêt général qu’il assume en relation étroite avec les collectivités.
Un effet domino pour la chaîne du logement ?
Pour Jean-Louis Cottigny, «fragiliser le maillon du logement social, c’est mettre en difficulté toute la chaîne du logement, fragiliser les dynamiques d’aménagement du territoire régional. C’est renoncer à la politique du logement, d’abord faute d’offre adaptée suffisante et de logements à très bas loyers. C’est fragiliser la promotion privée et l’accession sociale qui portent souvent solidairement les enjeux de mixité sociale sur nos territoires». Et de poursuivre : «C’est enfin déstabiliser les marchés privés de la vente et l’équilibre de l’offre sociale sur les territoires par une massification des ventes HLM à laquelle les bailleurs sociaux sont désormais contraints.» Le président exprime ainsi ses craintes pour l’emploi et l’économie régionale. «C’est prendre un risque énorme car, en moyenne, 1,6 milliard d’euros sont injectés chaque année par le mouvement HLM.»
L’Union régionale pour l’habitat des Hauts-de-France
La mission de l’association professionnelle au service des organismes HLM en région, l’Union régionale pour l’habitat des Hauts-de-France (60 organismes, 568 0000 logements, 1,4 million d’habitants), est de valoriser et de coordonner l’action des organismes en les accompagnant dans la mise en œuvre des politiques nationales du logement. Elle représente également le mouvement HLM auprès de l’ensemble des acteurs de l’habitat de la région, notamment au sein des instances de décision et de réflexion régionales et infrarégionales. L’association s’inscrit avec les organismes dans les politiques territoriales de l’habitat en mobilisant notamment ses compétences d’observation et d’expertise