Les usagers pointent le manque de qualité et l'insécurité dans les trains
Coorganisé par la SNCF et la Région, le comité régional du TER, qui s’est déroulé le 17 novembre dernier à la Maison du projet “Gare cœur d’agglo”, en gare de Creil, a permis de confronter élus et responsables aux réalités du terrain vécues par les usagers de l’Oise dont certains étaient représentés par des associations.
En septembre 2013, la Région Picardie et la SNCF cosignaient la convention TER 2013-2018, un partenariat destiné à optimiser qualité du service et régularité du transport ferroviaire. Les acteurs s’y engageaient à rencontrer les voyageurs du TER Picardie « lors de comités d’étoiles et de lignes, au moins une fois par an ». Des temps d’échanges permettant de tenir les usagers informés sur l’évolution de leur ligne, les programmes d’aménagements ou de modernisation des gares, les calendriers de travaux, l’acquisition de nouveaux matériels, tout en tenant compte des réalités du terrain. Si la nouvelle majorité à la tête de la Région a instauré des comités régionaux en lieu et place des comités d’étoiles, la démarche reste la même : informer les usagers et leur permettre de s’exprimer face aux élus et aux responsables des lignes SNCF dans le but d’améliorer le service public régional. « Il a été décidé avec Gérald Darmanin (vice-président du Conseil régional en charge des transports, ndlr) de faire un comité par département. Dès 2017, nous reprendrons un rythme normal », a précisé en préambule Didier Rumeau, conseiller régional et coanimateur de la réunion aux côtés de la conseillère régionale Fatima Massau. « Nous ne voulions pas d’année blanche en 2016, d’où cette réunion ce soir », a complété cette dernière. Ce comité régional du TER, réuni à Creil, a permis de mettre en lumière les nombreux aménagements réalisés durant l’année 2016 sur le réseau départemental.
Creil, gare stratégique de Picardie La Picardie est un réseau très dense, desservi par 69 gares, pour un coût d’exploitation de 255 millions d’euros (73 gares pour le Nord-Pasde-Calais et un coût de 544 millions d’euros). L’axe Creil/Paris (Chantilly, Orry-la-Ville) est particulièrement chargé, la capitale et sa banlieue étant des lieux d’attraction pour le travail. Plus de 400 trains (Transilien, TER, Intercité, trains de fret) traversent chaque jour la gare de Creil, nœud ferroviaire majeur entre l’Îlede-France et les Hauts-de-France. Cette gare, qui est aussi une zone de garage terminus pour les lignes Transilien D et H, assure la régularité de ces lignes qui font transiter 800 000 voyageurs par jour, soit huit fois le trafic national du TGV. Et parmi tous les chantiers de 2016 (opérations de modernisation des réseaux TER, infrastructures, mise en accessibilité, vidéosurveillance, nouvelles rames de Transilien, remplacement de trains gris par des Bombardiers…), ceux menés en gare de Creil apparaissent comme stratégiques. Dans le cadre du programme Vigirail prévoyant le traitement de 68 aiguillages sur deux ans, 35 aiguillages (3,2 km de voies ferrées, rails, ballasts et traverses) y ont été renouvelés en 2016 pour un budget de 17 millions d’euros (30 au total). « La gare de Creil est un des plus gros chantiers de France », a confirmé Dominique Normant, directeur adjoint TER Picardie, lors de cette réunion.
Des usagers mécontents À côté de ces bonnes nouvelles, quelques voix discordantes, parfois même véhémentes, se sont fait entendre parmi les usagers. Les unes portant sur des problèmes de sécurité – « les caméras vidéo, ça ne suffit pas ! » –, ce à quoi Dominique Normant devait répondre que les niveaux d’incivilité étaient les « mêmes qu’en 2013/2014 ». Les autres pointant les retards, les insuffisance de trains et les rames surchargées : « Dans les Bombardiers, vous voulez mettre toutes les personnes, c’est du suicide ! », ou encore « les trains sont bourrés ! ». « Je suis d’accord avec vous pour dire que les conditions de transport ne sont pas satisfaisantes », a admis le directeur adjoint TER Picardie. « Non, elles sont exécrables », lui a rétorqué l’usager. Malgré les efforts conjugués de la SNCF et de la Région avec de nouveaux trains, de nouveaux horaires comme sur la ligne Paris/ Laon ou encore le cadencement de la ligne K entre Crépy et Paris, certaines problématiques semblent insolubles. « La gare du Nord est saturée, avec un train toutes les 30 secondes, tout est centralisé à Paris, c’est une vraie difficulté et à moins de créer une gare du Nord bis… Le Picard est celui qui fait le trajet domicile/travail le plus long. La saturation de l’infrastructure est un sujet qui dépasse largement notre département », a lâché Dominique Normant sur le ton du constat