Les travaux pourraient commencer en 2018
Les contraintes de la phase administrative retardent la reconversion de la base aérienne en une plate-forme dédiée au e-commerce et à la logistique. Le point avec David Taïeb, PDG de BT Immo Group, porteur du projet.
S’est-il découragé à un moment donné ? David Taïeb, PDG de BT Immo Group, qui avait manifesté son intérêt pour le site de l’ex-BA103 en 2013, assure que non. «Jusqu’à maintenant, j’ai toujours eu le soutien des collectivités locales.» Il dit aussi avoir l’appui des services de l’Etat et de la Région. Prudent, il table sur un bouclage du dossier administratif pour la fin de 2018 et sur un démarrage, aussitôt, des aménagements de la première phase du projet.
À vrai dire, jusqu’à présent, ce sont plutôt des élus locaux qui s’inquiétaient : le promoteur allait-il se montrer patient ? Rien que la transaction entre l’Etat vendeur (qui avait annoncé la fermeture de la base en 2008) et les intercommunalités concernées (La communauté d’agglomération de Cambrai et la communauté de communes Osartis Marquion) a pris plus de temps que souhaité : elle n’a été conclue qu’en avril dernier.
Où en est-on ? Début juillet, le site de la base aérienne a fait l’objet d’une promesse de vente entre les intercommunalités et le porteur du projet. Le montant serait, selon M. Taïeb, de l’ordre de 5 millions. L’acte définitif n’interviendrait qu’après l’obtention du permis de construire, de l’autorisation d’exploiter et tout ce qui reste à faire en matière de déminage (toujours en cours), dépollution, désamiantage, fouilles archéologiques et autres contraintes administratives et environnementales liées à ce projet. Le groupe, dit-il, engage des frais qui seront déduits du montant de l’acquisition.
Le projet, en dehors d’aménagements techniques (hauteur des bâtiments, accès aux pompiers…) a peu changé. Il s’agit toujours pour BT Immo Group de créer une base logistique, appelée «E-Valley», dédiée au e-commerce, sur ces 329 hectares cédés par l’Etat. Ce projet serait unique en Europe. Le PDG évalue maintenant l’investissement à 300 millions d’euros.
Une première tranche. Selon M. Taieb, trois à cinq tranches sont prévues. Leur réalisation dépendra du succès et du rythme de la commercialisation. En l’état du projet, 700 000 m2 de constructions, divisées en une centaine de cellules, sont prévues. La première phase, de 200 000 m2, se fera au niveau des pistes de l’ancienne base aérienne.
Le projet mise sur la forte croissance du e-commerce, en termes de chiffres d’affaires et de transactions. Une activité qui exige des surfaces de stockage et une logistique complexe et efficace… Le groupe BT Immo a choisi le Cambrésis en raison de la proximité des autoroutes, des grandes métropoles de l’Europe du nord et des ports (Calais, Anvers, Le Havre). Faut-il mentionner le projet de canal Seine-Nord Europe ? On se demande s’il se fera un jour.
Comme un parc à thème. Sur place, un ensemble de six sociétés, toutes reprenant le nom de E-Valley, va s’installer et se partager le travail : une pour le fonctionnement général, une pour les magasins, une pour la sécurité, une pour les bâtiments existants, une pour les espaces verts, une autre pour le courant faible et Internet. Les bâtiments seront, dit-on, adaptables, modulables et équipés des dernières technologies dans les domaines de la domotique et de la robotique. La fibre optique est annoncée. A l’image de l’ex-base militaire, les espaces seront fonctionnels, avec quais, aires de manœuvre, zone de vie, bureaux, ateliers, parkings. Une mutualisation de services est annoncée. La base devrait ainsi proposer un centre de formation aux métiers du commerce, un centre d’aide par le travail, des studios photo, une crèche d’entreprise, un call center, un hôtel, une antenne de Pôle emploi, deux ou trois restaurants, une station-service… Un vrai parc à thème pour les pros, avions-nous déjà écrit !
Entreprises et emplois. Pour la première tranche de ce projet, David Taïeb ne s’engage pas sur un nombre précis d’emplois créés mais maintient l’engagement d’en amener globalement 1 300 à 1 500 sur le site. Pour les élus, on le sait, ce nombre de 1 500 est symbolique, car il correspond à celui des emplois perdus avec la fermeture de la BA.
Qui va s’installer là ? En affaires, la discrétion étant de mise tant que rien n’est définitivement signé, le PDG de BT Immo explique simplement à propos de la première tranche de 200 000 m2, qui doit démarrer, si tout va bien, fin 2018 : «Pour 120 000 m2, deux sociétés ont donné leur accord écrit et, pour les autres 80 000 m2, des négociations sont toujours en cours.»
Les entreprises attendues relèvent des secteurs de la mode, du e-commerce, de la distribution classique ou via Internet.