Les textiles du futur sont au Ceti

Les textiles de demain étaient au cœur des problématiques évoquées tout au long des deux jours consacrés à l’inauguration du Centre européen des textiles innovants. Avec, notamment, la présentation d'une étude prospective qui promet de beaux jours à ce nouvel outil extra-ordinaire.

Les textiles du futur sont au Ceti

«Dans les années 1980, on se demandait s’il y avait encore un marché pour le textile. En 2012, on s’interroge pour savoir s’il existe encore un marché qui n’est pas touché par le textile ! La question s’est complètement retournée», constate Lutz Walter, directeur recherche chez Euratex. La présentation de l’étude prospective «Matériaux textiles avancés 2030», réalisée par l’Observatoire des textiles techniques et l’IFM, présentée lors de la journée d’inauguration du 10 octobre, lui a donné raison jusqu’en… 2030 (au moins !).

Le textile sera partout en 2030. En 2012 déjà, le textile est partout, même si la composante textile n’est pas visible au final. Evelyne Chaballier et Christine Browaeys  ont présenté l’étude prospective en imaginant notre vie de demain avec le textile, sans limite de marchés, ni de problèmes techniques de fabrication. Elles ont tissé les fils d’une vie avec des énergies renouvelables et des synergies entre les villes et les campagnes, avec une maison comme un doux bunker, ouverte et reliée, avec des transports collectifs interconnectés et des moyens de locomotion partagés, avec une santé préservée plus longtemps. Les textiles sont présents partout, sous forme technique, dans les transports, l’habitat, l’architecture, le matériel de santé, la défense, etc.

Le marché est en croissance. «Au-delà de la crise, la croissance structurelle des textiles techniques est constante depuis 1960 : le marché a augmenté cinq  fois plus vite que celui du textile traditionnel, fait remarquer Evelyne Chaballier. Et le tiers de la production mondiale de fibres est consacré aux textiles techniques.» Elle note aussi l’importance du Japon dans la R&D ( 1er détenteur de brevets dans le monde) et la montée de la Chine (1er pour les flux de nouveaux brevets dans le monde).  «L’Europe reste néanmoins  encore l’un des leaders dans le domaine, notamment pour le non-tissé avec 26% de la production mondiale  en tonnage en 2011, contre 25% pour les Etats-Unis et 22% pour la Chine», complète Christine Browaeys . Mais si la demande de fibres composites est corrélée avec la montée du niveau de vie et la croissance économique, les choses risquent de changer. «L’Europe a un avantage : les smarts textiles (les textiles intelligents). Elle est leader mondial sur ces textiles appliqués à la santé», souligne Evelyne Chaballier. Elle conclut l’étude en parlant de textiles qui n’appartiennent plus aux seuls textiliens, mais à plusieurs champs sectoriels, par le biais d’i-manufacture, plus proche du client, plus réactive : une description du Ceti, en quelque sorte.

Le Ceti est justifié. Pierre Veltz, président de Paris-Saclay, explique cette «hybridation des secteurs, associée aux savoirs circulants et à la géographie des hommes et des talents avant celle des matières premières, comme l’un des paradoxes de la mondialisation».  «Le Ceti est la recréation de l’industrie textile de demain», résume Eugène Deleplanque, PDG de Dickson Constant, qui a rendu un hommage appuyé à «l’entêtement et à la vision» d’André Beirnat pour imaginer puis créer le Ceti.  Fort de sa paternité, le président fondateur a fait deux prévisions pour son bébé : «il est trop petit ! Il va donner envie d’avoir encore plus d’outils nouveaux : y a-t-il de la place à côté ?», «il y aura la queue à la porte avant deux ans». Comment ne pas encore le croire ? Les 380 personnes qui étaient présentes à la journée Futex, le lendemain de l’inauguration, pour une journée de conférences de stature internationale lui ont déjà donné un peu raison.

D.R.

380 personnes étaient présentes à la journée Futex

 

 

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"Dans les années 1980, on se demandait s’il y avait encore un marché pour le textile. En 2012, on s’interroge pour savoir s’il existe encore un marché qui n’est pas touché par le textile !"

 

 

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Le textile sera partout en 2030 !