Prospectives

Les territoires en mode transition au pluriel…

Environnement, énergie, numérique, digital, sociétal sont aujourd’hui au cœur des préoccupations des collectivités locales, et ce, quelle que soit leur taille. Maître-mot affiché : transition ! La crise sanitaire et ses prises de conscience jugées salvatrices s’affichent comme des fils rouges à suivre pour tenter de construire des territoires plus résilients visant à bâtir un destin commun. Le monde d’après se prépare aujourd’hui, reste à faire converger les synergies histoire d’y aboutir réellement tout en programmant les financements. Le challenge a relevé est immense et bon nombre d’acteurs locaux doutent d’avoir les moyens nécessaires pour y parvenir.

Quel monde voulons-nous en 2040 ? Question posée au début du mois à l’occasion du lancement de la contribution participative et citoyenne pour la révision du Scot (Schéma de cohérence territoriale) de la Multipole Nancy Sud Lorraine (qui devrait être approuvée en 2023). À l’instar d’autres syndicats mixtes et structures communales et locales, la Multipole lorraine (regroupant treize intercommunalités) entend dépasser le mode «prospectives» qui prévaut toujours aujourd’hui en matière d’anticipation de la construction des territoires de demain en mode actions rapides, histoire d’actionner les bons leviers pour parvenir à bâtir des territoires devant satisfaire un destin commun. Une donne et approche bien présentes dans la région. «La crise sanitaire qui perdure, l’accélération du réchauffement climatique, nous obligent à engager sans plus attendre, les mutations nécessaires. Et c’est bien à l’échelle des territoires avec l'ensemble de ses habitants que les leviers sont à activer», assurait fin février Chaynesse Khirouni, présidente de l’agence de développement des territoires Nancy Sud Lorraine, Scalen, et vice-présidente de la Métropole du Grand Nancy en charge de la transition écologique, de l’urbanisme, du foncier, de l’énergie, de l’agriculture et de l’alimentation, à l’occasion de la présentation de l’Atlas de l’agence s’affichant comme un document majeur et de travail en termes d’élaboration de politique territoriale.

Crises écosystémiques

Maître-mot affiché : transition mais transition au pluriel. «La situation actuelle confirme aujourd’hui les transitions qui se doivent d’être engagées. Écologique, énergétique, alimentaire, des mobilités et de l’économie.» Constat établi et, dans l’ensemble, reconnu à différents degrés par une grande majorité d’acteurs et de décideurs locaux. Futuribles, centre de réflexion et d’études prospectives visant à une intégration efficace du temps long dans les décisions et les actions, s’est intéressé à savoir quels étaient les principaux changements à venir selon les acteurs des territoires. Dans une récente enquête (parue au début du mois de février où une centaine d’acteurs territoriaux ont été interrogés), il ressort «que, ce sont les changements environnementaux et sociaux qui sont les plus importants avec une mention particulière pour les crises dites écosystémiques correspondant à la superposition des différentes natures de crise (économique, sociale…) liées à une forte dégradation des écosystèmes ou du climat (…). Les acteurs territoriaux sont conscients de l’ampleur des changements à l’œuvre, mais aussi du fait que la capacité à anticiper ou à gérer ces changements sera nécessairement collective», peut-on lire dans cette enquête. Du collectif nécessaire où les échelons locaux devraient, en toute logique, monter en puissance, le tout avec une articulation des échelles territoriales efficace. La pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques et sociales accélèrent ce besoin inexorable de changement et d’adaptation en matière de politique territoriale. Reste que, toujours selon l’étude de Futuribles : «une part importante des acteurs territoriaux considèrent que leurs marges de manœuvre sont nulles ou quasi inexistantes.»

Écoute, adaptation, expérimentation

Crise, recul de la biodiversité, place de plus en plus croissante des nouvelles technologies (et de la mainmise des Gafa sur l’économie urbaine) dans l’organisation des services publics, stratégie poussée de zéro artificialisation des sols, en passant par le changement climatique sont autant d’éléments qui aujourd’hui sont pris en compte (à différents niveaux d’acceptation et surtout de mises en œuvre). «2040, c’est demain et c’est aujourd’hui que les investissements et les programmes se préparent. Il est nécessaire, de faire converger les différents points de vue pour aboutir à un cadre global et solide en lien avec le destin commun des différents territoires», assure Denis Vallance, le président du syndicat mixte de la Multipole Nancy Sud Lorraine. L’accélération des transitions s’affiche quasiment comme le salut des territoires «avec une force d’action locale pour favoriser l’écoute, l’adaptation, l’expérimentation, la solidarité en renforçant la cohésion spatiale en assumant pleinement l’interdépendance accrue entre les territoires urbains, péri-urbains, centraux et multipolarisés», explique Pascal Taton, le directeur général de l’agence Scalen dans l’introduction de la dernière édition de l’Atlas de cette agence de développement des territoires. «La nécessité d’agir collectivement plus vite pose des questions de méthode : coercitive et ou incitative, directive et ou participative, par petit pas et ou par seuils.» À cette question de méthode s’ajoute l’échéance des différents rendez-vous électoraux régionaux et départementaux (prévus pour le mois de juin prochain) qui viendront s’additionner aux changements municipaux et intercommunaux opérés l’an passé. C’est dans ce contexte de réorganisation territoriale engagée que la mise en œuvre des transitions nécessaires va devoir s’opérer. Pas facile… sauf si tout le monde s’y met.

Mobilité : moteur de la relance ?

3,9 milliards d’euros ! C’est le montant, au niveau national, que les territoires urbains pourraient investir dans plus d’une centaine de projets dès cette année au niveau de la mobilité. Sur deux ans, le chiffre atteindrait les 9 milliards d’euros. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par France Urbaine (l’association des métropoles, communautés urbaines, communautés d’agglomération et grandes villes) visant à recenser le volume total des programmations pluriannuelles. «Les projets locaux existent et les territoires urbains sont disposés à s’engager sur des investissements massifs et structurants, les élus urbains attendent un accompagnement de l’État à hauteur de cet engagement. Un soutien plus ambitieux aux mobilités urbaines s’avère nécessaire», assure France Urbaine dans un communiqué.

Transition énergétique : suivez le guide…

Agir pour plus de sobriété et d’efficacité énergétique. Favoriser l’insertion des énergies renouvelables et des projets de territoires. Déployer et faire évoluer les réseaux d’énergie. Anticiper et optimiser le développement de la mobilité électrique sur le territoire. Lutter contre la précarité énergétique ! Ce sont les cinq axes de réflexion que le réseau Amorce (réseau national des territoires engagées dans la transition écologique) et Enedis mettent en avant dans un guide commun à destination des collectivités locales. «Il est nécessaire de coconstruire avec l’ensemble des parties prenantes de la politique énergétique des territoires (communes, intercommunalités, départements, régions), une stratégie de transition écologique impliquant le réseau public de distribution d’électricité», assurent les deux structures. Objectif affiché de ce guide : inciter les collectivités locales à mettre le service public de distribution de l’électricité au service de la transition écologique.

Smart city : l’avenir ?

Smart city ! Le terme est apparu il y a une petite dizaine d’années et ce concept de ville intelligente est presque tombé dans le langage courant. Reste que derrière cette dénomination bon nombre d’interrogations apparaissent. Une smart-city est-elle forcément une ville numérique ? À l’heure où les villes sont soumises au déferlement des technologies numériques et où l’économie urbaine est devenue le terrain de jeu des entreprises du secteur, la question se pose. Éléments de réponse dans l’ouvrage de l’économiste et urbaniste, Jean Haëntjens, «Smart City, ville intelligente : quels modèles pour demain ?» disponible cette semaine dans la collection Doc’ en Poche des Éditions La Documentation française.