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Les seniors encore victimes de freins à l’embauche

L’association A compétence égale, qui promeut l’égalité de traitement et la diversité dans l’accès à l’emploi et les parcours professionnels, dévoile les résultats de sa nouvelle étude réalisée en collaboration avec IPSOS. Le dernier baromètre de l’association révèle que des freins persistent à l’embauche des seniors. A compétence égale avance quelques pistes pour améliorer les processus de recrutement et lutter contre les discriminations.

© Adobe Stock.
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71% des actifs et 64% des recruteurs admettent l’existence de freins à l’embauche des personnes seniors. Un constat qui reste stable par rapport à 2022, mais qui prouve que les obstacles à leur recrutement restent encore marqués en 2024, malgré la reconnaissance de leurs compétences. C’est ce que révèle le dernier baromètre de l’association* qui vise à comprendre ces enjeux et à développer des actions concrètes pour améliorer le processus de recrutement et lutter contre les discriminations.

Depuis vingt ans, À Compétence Égale fédère les entreprises engagées dans la promotion de l'égalité et de la diversité dans le monde professionnel. « Les freins à l'embauche demeurent et peu de vrais progrès sont perceptibles », note Stéphanie Lecerf, présidente de l’association. Parmi les obstacles les plus fréquemment cités, on retrouve notamment des préjugés liés à l’âge : la proximité de l’âge de la retraite, la santé plus fragile, ou encore la difficulté perçue à s’adapter aux nouvelles technologies. Un tiers des recruteurs évoquent également des difficultés à intégrer des seniors dans des équipes jeunes, tandis que 27% des actifs soulignent la question de la surqualification. Ces freins se retrouvent aussi dans les décisions d’embauche : 59% des recruteurs déclarent avoir déjà proposé une candidature senior à un décideur qui n’envisageait pas ce type de profil.

Des leviers à activer pour employer des seniors

Dans un contexte où l’âge de départ à la retraite est repoussé à 67 ans et alors que la France s'est fixée, en début d'année, l'objectif d'un taux d'emploi de 65 % à l'horizon 2030 pour les 60-64 ans, il s’avère nécessaire de mettre en place des dispositifs pour accompagner l'employabilité des seniors. « Actifs et entreprises s'accordent sur le fait que des mesures incitatives de politique publique sont nécessaires pour faire vraiment évoluer les choses », signale Stéphanie Lecerf. La majorité des professionnels du recrutement (82%, contre 76% en 2022) estime qu'un dispositif légal incitant les entreprises à recruter des seniors contribuerait à augmenter leur taux d'emploi. Actifs et recruteurs identifient trois mesures d’accompagnement pour faciliter l’intégration des seniors et les accompagner. Première proposition, la réduction progressive du temps de travail sans impact sur les droits à la retraite. Deuxième mesure, la possibilité de cumuler une activité professionnelle avec la retraite. Enfin, ils proposent de créer un CDI senior pour encourager leur embauche. En outre, 88% des recruteurs pensent qu'un dispositif encourageant la formation de binômes seniors/juniors favoriserait efficacement la transmission des savoirs.

Expérience et expertise

Les freins perçus n’empêchent pas six recruteurs sur dix de présenter la candidature de seniors à des managers opérationnels ou à des clients qui n’envisageaient pas ce type de profil a priori. En effet, malgré les obstacles, les seniors continuent d’être perçus comme des atouts précieux dans les entreprises. 87% des recruteurs reconnaissent l’expérience et l’expertise comme étant leurs principales forces. 82% soulignent également leur autonomie et leur fidélité à l’entreprise et 76% apprécient leur capacité à encadrer et motiver des équipes. In fine, l'employabilité des seniors est une problématique qui requiert une analyse approfondie des perceptions et des réalités. En mettant en avant les atouts des travailleurs seniors et en adoptant des politiques ainsi que des dispositifs appropriés, il est possible de changer les mentalités et de lever les obstacles à leur embauche.

L’étude met enfin en avant un recul de la séniorité. « Ce baromètre fait ressortir un léger recul de l'âge auquel on est considéré comme étant ‘senior’ », relève Stéphanie Lecerf. Ainsi, l’âge auquel une personne est perçue comme senior varie : pour les recruteurs, ce seuil est fixé à 50,2 ans, alors que pour les actifs, il se situe à 53,2 ans. La séniorité varie aussi selon leur niveau d’expérience : 61% des recruteurs estimant qu’une personne devient senior après 10 à 15 ans d’expérience dans un domaine spécifique. En revanche, 36% des actifs placent le seuil de la séniorité après 25 ans d’expérience, contre seulement 20% des recruteurs.

*Étude menée en ligne via FastFacts (Ipsos digital) en juillet 2022, puis juillet 2024, auprès de 500 candidats âgés de 40 ans et plus et de 500 personnes en charge du recrutement

Charlotte DE SAINTIGNON