Les salariés de Casino se mobilisent, avant une réunion jeudi
"On ne sait pas où on va": un millier de salariés du groupe Casino se sont mobilisés mardi à Saint-Etienne et en région parisienne pour témoigner de leur inquiétude concernant l'avenir du groupe en difficulté financière, avant une réunion jeudi entre les...
"On ne sait pas où on va": un millier de salariés du groupe Casino se sont mobilisés mardi à Saint-Etienne et en région parisienne pour témoigner de leur inquiétude concernant l'avenir du groupe en difficulté financière, avant une réunion jeudi entre les syndicats, la direction actuelle et le consortium de repreneurs.
"Casino est mort, nous demandons à pouvoir partir dignement": Hervé Preynat, de la CFDT, ne masquait pas son pessimisme dans le cortège de Saint-Etienne, où est situé le siège de l'entreprise, qui s'est récemment déclarée prête à céder de nouveaux magasins à la concurrence.
Les cinq organisations représentatives du personnel du groupe (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) ont appelé à la mobilisation pour alerter sur la situation de Casino, qui, fin 2022, comptait encore 200.000 salariés, dont 50.000 en France, et qui traverse de très fortes turbulences.
Casino, qui doit désormais se résoudre à vendre des magasins, s'était accordé avec ses créanciers fin juillet sur une restructuration de son endettement, accompagnée d'un changement d'actionnariat avec une prise de contrôle par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor.
Le passage de témoin par celui qui est encore PDG et premier actionnaire du groupe, Jean-Charles Naouri, est prévu au premier trimestre 2024.
Une réunion est prévue jeudi à Paris entre des représentants du consortium de repreneurs, des membres de la direction actuelle de Casino et les syndicats, ont appris les journalistes de l'AFP mardi soir.
A Saint-Etienne, le cortège s'est ébranlé vers 10H30 depuis le siège de Casino en direction de l'hôtel de ville, où les représentants de l'intersyndicale ont rencontré le maire, Gaël Perdriau. Dans un communiqué publié dans l'après-midi, celui-ci a demandé "au gouvernement de prendre à bras-le-corps ce dossier".
Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Economie et des Finances a réaffirmé mardi l'engagement de l'Etat dans ce dossier, au travers du Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri).
Des comptes à rendre
Bercy a également renvoyé aux propos tenus par le ministre Bruno Le Maire au Parlement en juillet, selon lesquels "l'Etat (serait) vigilant sur l'emploi" et le maintien du siège à Saint-Etienne.
Les salariés "n'ont pas à payer pour les erreurs qui ont pu être commises par la direction" de Casino, avait-il martelé.
Le député de la Loire Quentin Bataillon (Renaissance) avait plus tôt mardi rappelé cet engagement du gouvernement en faveur de l'emploi et du maintien du siège. Il a jugé que M. Naouri avait "des comptes à rendre".
A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), près de Paris, la centaine de salariés rassemblés ont déploré le manque de visibilité sur leur situation. "On ne sait pas où on va, ni où on en sera dans quelques mois", s'inquiétait Mireille, depuis 25 ans chez Casino et qui ne souhaite pas donner son nom de famille.
A Saint-Etienne, où on "se souvient de la fin de Manufrance et de la Manufacture d'armes" avec leurs "conséquences économiques", dixit l'intersyndicale, 2.000 personnes travaillent au siège du groupe fondé il y a 125 ans par Geoffroy Guichard, qui a donné son nom au stade de football de l'AS Saint-Etienne.
Compte tenu de la situation économique du groupe, Casino a dû se résoudre à étudier des "marques d'intérêt" de concurrents pour le rachat d'hypermarchés et de supermarchés, faisant craindre aux syndicats une "vente à la découpe".
Auchan et Intermarché sont les seuls à avoir officiellement confirmé une offre conjointe et d'ampleur.
Mais une cession de magasins pourrait avoir des conséquences en chaîne sur les fonctions support de Casino et menacer des milliers d'emplois directs et indirects, selon la CGT. Nathalie Devienne (FO), une des porte-parole de l'intersyndicale, craint aussi "pour les autres filiales, la logistique et les sièges sociaux".
Un porte-parole du groupe EP du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky en France avait assuré la semaine dernière à l'AFP que le repreneur était "attaché au maintien d'un siège à Saint-Etienne".
Pour maintenir la pression, les syndicats ont déposé un préavis de grève courant du 5 au 31 décembre. Il concerne "l'ensemble des salariés et des gérants du groupe".
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