Les recettes de l’Audomarois

Entre la Métropole et la Côte d’Opale, l’Audomarois joue toutes ses cartes depuis près de deux décennies où la transformation économique du territoire fut une obligation pour les décideurs qui vécurent le grand plan de restructuration d’Arc international. Depuis, ses 18 parcs d’activités se remplissent. Rencontre avec un des acteurs de ce succès territorial.

« Jean Betremieux, directeur Grands Projets de l’agence de développement économique de l’audomarois et de Flandre intérieure ».
« Jean Betremieux, directeur Grands Projets de l’agence de développement économique de l’audomarois et de Flandre intérieure ».

Jean Betremieux, directeur Grands Projets de l’agence de développement économique de l’Audomarois et de Flandre-Intérieure.

Des côtes de la mer du Nord à Oye-Plage jusqu’à la frontière belge flamande à Nieppe, le territoire de l’agence de développement économique SOFIE s’étend sur des kilomètres. Historiquement mono-industriel avec le géant verrier Arc international, l’Audomarois, désormais allié à la Flandre-Intérieure, a mis en place en quelques années une offre foncière étonnante en multipliant les parcs d’activités : la Porte-du-Littoral, les Escardalles, la Porte-Multimodale-de-l’Aa… «Il faut se souvenir d’où part le territoire, rappelle Jean Betremieux, directeur Grands Projets de Saint-Omer Flandres interface d’entreprises (SOFIE). L’origine de la création de cette offre foncière, c’est d’abord les 2 652 premiers licenciements d’Arc. La contraction des activités d’Arc international depuis janvier 2002 était due à la réorganisation de la production mondiale.» La reconversion du territoire était en route. «Il nous a fallu penser autrement la stratégie du développement économique de notre territoire», ajoute l’ancien cadre consulaire. Les acteurs du territoire mettent alors une gouvernance politico-économique à la tête de laquelle siège – « toujours» – un «économique».

Un effet «pôle» ?

Les collectivités commencent alors à acheter du foncier agricole et le viabilisent au fil de leurs investissements. Le territoire n’étant pas très endetté aux début des années 2000, les achats vont bon train. Le Pays de Saint-Omer cherche donc à se diversifier : «c’est une des raisons du succès», pointe Jean Betremieux. Cinq parcs sont créés et les prix du foncier sont harmonisés. Tous les parcs seront généralistes afin de conserver une palette d’activités la plus large possible. Des règles s’imposent très vite : pas de commerces pour ne pas dévitaliser les centres-villes, pas d’activités polluantes afin de conserver le caractère vert d’un territoire abritant un Parc naturel régional.

Par ailleurs, la concurrence des communautés de communes est réduite, l’accueil étant le même partout : «c’est aussi le fruit d’une intelligence collective», précise le cadre qui salue l’aide des services de l’Etat. Les savoir-faire en accompagnement se perfectionnent peu à peu et la diligence fait le reste : «La Brasserie Goudale, c’est trois mois de permis de construire. En dix-huit mois, le projet était totalement bouclé.» Pour décider les entreprises intermédiaires comme Alphaglass, l’entregent pèse aussi : «L’entreprise avait le choix dans son développement : rénover chez elle ou acheter ailleurs (en l’occurrence chez Arc). En onze mois, ils étaient opérationnels…» En dépit de leurs tailles modestes, les collectivités ont acheté du foncier pour l’aménager. Au total, le financement des parcs se fait aux deux tiers sur les finances locales, le reste provenant de l’Etat, de la Région et de l’Europe.

Depuis 2014, l’heure est désormais à la transformation. «On s’appuie toujours sur notre tissu industriel, mais on se tourne vers les services et la numérisation. La Station (pôle numérique en gare de Saint-Omer ), c’est le totem de cette nouvelle stratégie», conclut Jean Betremieux. Aujourd’hui, 80% du foncier disponible ne l’est plus. L’émergence d’autres parcs sera-t-elle envisagée ?

 

Pour Aletheia Press, Lucy Duluc

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