Conjoncture

Les pisciniers voient l'avenir en bleu

La pandémie a boosté le marché déjà florissant des piscines en France. Et la profession s'attend à une poursuite de la croissance, basée sur une démocratisation de cet achat que les Français considèrent aussi comme un investissement.

Au micro,  Stéphane Figueroa  président de la FPP.
Au micro, Stéphane Figueroa président de la FPP.

Qui fait mieux que le e-commerce et ses taux de croissance à deux chiffres ? Le secteur de la piscine... Après une année 2021 déjà « historique », la Fédération des professionnels de la piscine (FFP) et du Spa, qui réunit 1 400 entreprises, s'attend à une poursuite de la croissance. 

Le 7 avril, lors d'une conférence de presse, à Paris, elle présentait le bilan de son activité et les tendances pour l'avenir de ce secteur. « Le marché des piscines privées est au sommet de la vague (…). Nous nous attendons à une très bonne année 2022 , et celles qui viennent ensuite devraient l'être également », annonce Stéphane Figueroa, président de la FPP.

En 2021, pour la sixième année consécutive, le marché a crû avec un taux record record de 32%, pour atteindre 3,84 milliards d’euros. Durant cette année, 86 000 piscines enterrées ont été construites, ainsi que 158 000 hors sol, soit près de 244 000 nouveaux bassins installés. 

Au total, il existe donc 3,2 millions de piscines privées en France : un véritable phénomène sociétal qui fait de l’Hexagone le pays le plus équipé d'Europe. « La piscine fait toujours rêver. Elle relève du phénomène social du bien vivre à l'extérieur », explique Stéphane Figueroa. 

En outre, « le consommateur a compris qu'il s'agissait d'un investissement immobilier », ajoute-t-il. D'après la FPP, la présence d'une piscine accélère la vente d'une maison et permet une valorisation accrue du bien immobilier, qui compense systématiquement les dépenses consenties.

Et si l'équipement de la France en bassins est historique, aujourd'hui, « nous assistons à la démocratisation de la piscine privée », ajoute Jacques Braun, administrateur de la FPP. D'après celui-ci, en effet, la clientèle a évolué, et comporte une part croissante d'employés, ouvriers et agriculteurs : ils représentent aujourd'hui près du quart des possesseurs de piscine, contre 14,1% en 2017. 

La part des entrepreneurs et cadres demeure stable, tandis que celle des retraités diminue. Pour la FPP, la généralisation de la pratique du télétravail contribue aussi à booster le marché. En parallèle, la demande se transforme : implantées sur des terrains aux dimensions qui se restreignent, les piscines deviennent plus petites, moins profondes et mieux équipées (pompe à chaleur, couverture...). 

Leur usage est de plus en plus lié à la détente et au bien-être, de moins en moins au sport. Et la tendance bénéficie au marché des accessoires et traitements, qui a progressé de 33%, l’an passé.

La piscine privée, dont l'usage est de plus en plus lié au bien-être et à la détente, se démocratise. (c)AdobeStock

Piscine privée et écologique : un oxymore ?

Pour les années à venir, la profession fait face à plusieurs défis, celui de l'écologie et de sa capacité à satisfaire de la demande dynamique. En effet, en dépit du contexte économique inquiétant, pour l'instant plusieurs tendances laissent augurer d'une poursuite de la croissance pour le secteur des piscines. 

Ainsi, en 2022, les demandes de devis ont crû de 6,5%. Et d'après la FPP, les Français sont très nombreux à avoir pris la décision de faire construire une piscine enterrée dans leur jardin, d'ici la fin 2024. Au total, 230 000 d'entre elles devraient être bâties entre 2022 et 2024. Et malgré les tensions internationales actuelles sur les prix et la disponibilité des matières premières, la FPP estime que la profession sera en mesure de répondre à la demande, comme elle l'a fait en 2021.

Autre défi en cours, celui écologique. Par exemple, dès 2023, les piscines feront l'objet d'une classification environnementale née d'une norme européenne. Comme pour les lave-linges ou les réfrigérateurs, des pictogrammes illustreront les performances environnementales des équipements et produits de la piscine (dispositif de traitement de l'eau, chauffage…), afin que le consommateur puisse prendre en compte l'enjeu de la consommation d'énergie dans son choix. 

D'après la FPP, le secteur a déjà fait d'importants progrès dans ce domaine. En matière d'utilisation de l'eau, les piscines privées représenteraient 0,11% de l'utilisation annuelle en France, soit 45% de moins qu'il y a 25 ans, notamment grâce à des techniques de filtration plus efficaces et à la réduction de la taille des bassins. 

La consommation d'énergie aussi a été réduite. En particulier, grâce à l'amélioration du fonctionnement des systèmes de chauffage (avec l'utilisation de pompes à chaleur), des systèmes de filtration et des éclairages moins énergivores. Reste la question de la compatibilité du principe même des piscines privées avec la démarche écologique. 

Lors du Grand débat national lancé en 2019 par le Président de la République Emmanuel Macron, certains citoyens consultés, ont prôné l'interdiction de cet équipement dans un but écologique. Mais l'attachement des Français pour les piscine privées semble constituer aujourd'hui la logique prédominante.