Les pépinières Thieffry investissent pour «retarder le printemps»

A Chéreng, les pépinières Thieffry vont pouvoir aborder les prochaines saisons avec plus de sérénité. Elles sont les seules lauréates nordistes du fonds de relance «Investissement productif dans la filière graines et plants».

Marie-Agnès et Christophe Rouze, entourés de leurs peupliers. (© Aletheia Press / M. Guillot)
Marie-Agnès et Christophe Rouze, entourés de leurs peupliers. (© Aletheia Press / M. Guillot)

À Chéreng, commune de la Métropole européenne de Lille, la petite boutique des pépinières Thieffry profite du calme de l’été tout en travaillant sur les mois à venir. Des mois qui s'annoncent plus sereins depuis que l'entreprise familiale a été désignée lauréate de France relance.

Spécialisée dans les peupliers et les sapins, l’entreprise familiale, forte de 13 hectares dispatchés dans la région, tourne bien. Il faut dire que les pépinières Thieffry ont vu passer quelques saisons. «Mon grand-père a créé l’entreprise en 1898. C’est une exploitation familiale, entre frères et sœurs qui arrive à sa troisième génération», raconte Marie-Agnès Rouze, cogérante, avec son mari Christophe, du GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun). «On est en constante augmentation de production, on espère que cela va continuer. Il y a de plus en plus de demandes dans la région et au niveau national», constate-t-elle.

Répondre au changement climatique

Et l’appétence croissante des Français pour améliorer leur cadre de vie se fait ressentir : «Nous n’avons pas tellement souffert de la crise sanitaire, au contraire même. Lors du Noël dernier, nous avons eu une augmentation de 10% des ventes de sapins», explique Christophe Rouze. Les pépinières Thieffry surfent ainsi sur un retour à l'achat local.

Une proximité cultivée par des pratiques spécifiques. «On coupe à la demande, on ne jette rien. On essaie aussi d’être au plus proche de ce que les clients veulent. Ils viennent choisir leur sapin, et ensuite on le met dans un filet. Ça fait plaisir à tout le monde, aux petits comme aux grands.»

«On essaie d’avoir notre dimanche quand même ! sourit Marie-Agnès Rouze. Notre plus gros travail, c’est le peuplier qui demande une culture de deux ans. On met une bouture en terre, on l’entretient, jusqu’à sa vente à la fin des deux ans.» Mais la culture est fragile, et sous la menace du changement climatique.

Avec des printemps de plus en plus chauds et avancés en début d’année, l’entreprise familiale doit trouver des solutions. Pour les peupliers, majeure partie de la production, les chambres froides permettent de retarder la plantation. «Les plans de peupliers sont en chambre froide à partir de mars jusqu’à fin avril, explique Christophe Rouze. Cela permet de pouvoir les planter plus tard dans la saison. Cela fait quelques années que l’on a adopté cette technique, mais on utilise la chambre froide d’un voisin agriculteur.»

37 500 € d'investissement

Un inconfort et une prise de risque que les pépinières Thieffry ont souhaité gommer en déposant un dossier dans le cadre du fonds d’investissement productif dans la filière graines et plants, prévu dans France relance. Seules lauréates nordistes, les pépinières chérengeoises obtiennent un chèque de 15 000 €.

Une aide qui va permettre de financer à hauteur de 40% une chambre froide qui devrait être livrée à la fin de l’année. «On a profité de ce plan de relance pour financer ce projet. Cela va nous permettre de planter plus tard, sans faire les faire les allers-retours chez notre voisin», explique Marie-Agnès Rouze. De quoi regarder 2022 avec plus de sérénité.