Les nouvelles missions d’une «vieille dame»

Implantée en cœur de ville de Boulogne depuis 1881 et dans son siège actuel, place d’Angleterre, depuis 1958, la Banque de France prépare son déménagement sur l’autre rive de la Liane. Ouverture le 22 octobre d’un nouvel accueil au public, avec des missions qui ne cessent d’évoluer...

Jean-Marc Oltra va céder les clefs d u nouveau siège boulonnais de la Banque de France à  son adjoint Benoît Dhaille (à droite).
Jean-Marc Oltra va céder les clefs d u nouveau siège boulonnais de la Banque de France à son adjoint Benoît Dhaille (à droite).

Les succursales de la Banque de France ont été longtemps connues pour leurs activités de banque centrale. À Boulogne-sur-Mer, la caisse travaillait d’abord à l’échange et au tri des billets, mais la banque avait deux autres missions : la comptabilité pour le compte des banques, avec notamment la compensation quotidienne des chèques, ainsi que le contrôle du crédit et la cotation des entreprises de son territoire. «À l’époque, se rappelle un agent, les banquiers débarquaient avec des valises de chèques pour se les échanger chaque matin.» Depuis, avec l’évolution des techniques et la dématérialisation, toute l’activité matérielle s’est réduite puis a été supprimée. S’est alors posée la question des implantations, d’autant plus que le coût pour sécuriser une unité devenait très important. Après le passage à l’euro en 2002, le gouvernement a revu la carte de France de la Banque. De 212 succursales – on en a compté jusqu’à 261 au plus haut de l’histoire –, on est passé à 95 en 2017, ce qui a entraîné le départ de plusieurs milliers de salariés. La nouvelle organisation s’est calquée sur celle des départements. Dans le Pas-de-Calais, une seule succursale a été conservée, au chef-lieu. En tenant compte de l’intérêt économique du secteur, elle a maintenu une entité à Boulogne dont le périmètre d’action s’étend sur quatre arrondissements (Boulogne, Calais, Saint-Omer et Montreuil-sur-Mer). Cette antenne économique, qui dispose de 1 000 m² de locaux (sur trois niveaux) place d’Angleterre, comprend encore une quinzaine d’agents. Il était temps de trouver un bâtiment plus fonctionnel et plus économe. «Nous l’avons trouvé (320 m²) sur l’autre rive de la Liane, au 84 bis boulevard Chanzy, où nous serons locataires, explique le directeur Jean-Marc Oltra. Le siège historique est en vente.»

Une mission économique et sociale

«Nous avons trois missions : la stabilité financière, la stratégie monétaire (refinancement et contrôle des banques françaises) et les services à l’économie, précise le directeur. Nous exerçons notre activité de banque centrale, par délégation du directeur d’Arras, en cotant les entreprises (dès 750 000 € de CA), en relevant leur excellence ou, au contraire, en émettant des réserves. Nous nous fondons sur l’analyse des bilans, en tenant compte aussi d’une analyse qualitative de l’environnement économique sur le terrain. Nous interrogeons chaque mois 60 chefs d’entreprise. La qualité des portefeuilles clients des différentes banques est en effet indispensable pour celles qui souhaitent se refinancer.» Une autre mission consiste à traiter le surendettement. «Nous l’effectuons par délégation de service public, à la suite de la loi Neiertz (1989). La commission de surendettement, qui se réunit régulièrement, a traité 2 300 dossiers en 2017. Si nous établissons des fichiers d’incidents de paiement ou des chèques irréguliers, nous faisons également appliquer la loi qui prévoit désormais un droit pour tous à un compte bancaire (300 demandes par an), ou des effacements de dette pour nos concitoyens les plus surendettés.» L’établissement financier a un rôle social, au service des particuliers.

L’ancien bâtiment (1 000 m²), place d’Angleterre, a été mis en vente.

Jean-Marc Oltra insiste également sur l’excellence et l’exemplarité visées par son établissement pour protéger le consommateur. Un effort particulier est désormais effectué pour éduquer les différents publics (travailleurs sociaux, Éducation nationale, chefs d’entreprise, correspondants TPE…) sur le microcrédit ou sur les moyens de prévenir le surendettement. «Notre antenne accueille 600 clients chaque mois, rappelle Benoît Dhaille, adjoint du directeur. Pour leur garantir la meilleure écoute, nous leur conseillons cependant de prendre rendez-vous.» Si la Banque de France n’est plus une vieille dame, elle n’est pas pour autant devenue une jeune fille excentrique…

Un établissement bicentenaire

La Banque de France a été créée le 18 janvier 1800 par le Premier Consul Napoléon Bonaparte, dans le but de favoriser la reprise de l’activité économique après la forte récession de la période révolutionnaire et de redonner confiance dans le monétaire après la faillite de Law et l’expérience malheureuse des assignats. Progressivement, la Banque a acquis le pouvoir d’être la seule à battre monnaie sur tout le territoire, et elle s’est installée en province, à l’appel des notables ou des négociants locaux. Ainsi, la succursale de Boulogne – appelée alors comptoir d’escompte – s’est implantée à Boulogne en 1881. En 2006, la succursale est devenue une antenne économique. En octobre 2018, elle emménage dans un nouveau siège en modernisant ses missions et son organisation.