Les maisons de l’emploisur la sellette
Engagées depuis 2005 dans l’animation de leurs territoires en matière d’emploi et de cohésion sociale, les maisons de l’emploi sont sous la menace d’un désengagement financier de la part de l’Etat qui est à l’origine de leur création en 2005. Elles se mobilisent pour préserver leurs capacités d’action.
Bis repetita non placent… L’an dernier, le projet de loi de finances 2011 soumis aux Assemblées prévoyait une baisse de 40% des moyens alloués aux maisons de l’emploi. Cette année, c’est une baisse de 34% qui est inscrite dans le projet de budget 2012. Et comme l’an dernier, le réseau Alliance villes emploi (AVE), association nationale qui regroupe des communes, des structures intercommunales, des maisons de l’emploi, des plans locaux pour l’insertion et l’emploi (PLIE) et des élus sur le thème de l’emploi, de la lutte contre le chômage et l’exclusion, et que préside l’ancien ministre de l’Emploi et député du Nord Jean Le Garrec, a décidé de mobiliser les acteurs des maisons de l’emploi, élus et présidents, pour une journée nationale, le 21 octobre, de défense du f inancement de ces outils qui favorisent l’ancrage territorial des politiques de l’emploi. L’an dernier, le Parlement avait in fine limité la casse à une baisse de 21,45% à 64,41 M€ inscrits, contre 82 M€ en 2010. Pour cette année, le projet de budget dévolu aux maisons de l’emploi est de 42,41 M€.
18 maisons dans la région. Les maisons de l’emploi sont une émanation de la loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005, dite loi Borloo. “L’idée était de créer des synergies au service d’un projet de territoire, expression de la stratégie territoriale en matière d’emploi, construit et partagé par les acteurs de ce territoire autour de trois piliers que sont l’Etat, Pôle emploi et les collectivités locales. Leur développement a besoin de sérénité et de stratégie”, a indiqué Bernard Charles, adjoint au maire de Lille délégué à l’emploi et à l’insertion et président de la MDE de Lille-Lomme-Hellemmes.
La France compte 196 maisons de l’emploi mobilisant 6 000 communes pour une population de 15 millions d’habitants. Au niveau régional, elles sont 18 pour 935 communes et 3 millions d’habitants. “Les maisons de l’emploi ont permis la mise en place d’outils de compétence partagée à même de développer des politiques transversales et d’animation en complémentarité de celles menées par Pôle emploi qui a en charge la collecte et le placement de l’emploi, a précisé de son côté Hervé Hénon, vice-président de la communauté d’agglomération du Boulonnais, président délégué d’AVE et président de la MDE de Boulogne-sur-Mer. Les maisons de l’emploi sont de réels outils de développement économique territorial. Nous souhaitons conforter ces outils d’observation, de partenariat et d’ancrage du service public territorial de l’emploi et pérenniser cette organisation de compétence partagée.” Au total, ce sont plus de 300 actions qui sont menées dans la région par les maisons de l’emploi, du copilotage avec Pôle emploi de la cellule de recrutement du terminal méthanier à Dunkerque, à l’animation du réseau d’acteurs engagés dans les procédures de recrutement pour les enseignes du centre Sogreen à Seclin.
67 emplois menacés. Si la contribution de l’Etat (8,063 M€ en 2011) était ramenée à 5,354 M€ – l’Etat contribue pour 70% au budget des MDE –, cette réduction amènerait les maisons de l’emploi de la région à se séparer de 67 salariés sur les 220 qu’elles emploient, mais aussi à revisiter dans l’urgence leurs actions.
Bernard Charles et Hervé Hénon étaient appuyés dans leur démarche par Christian Loison, adjoint au maire de Marcq-en-Baroeul, président délégué d’AVE, président de la MDE Métropole Nord-Ouest, Jacques Patris, vice-président de la MDE du Pays d’Artois, Marc Godefroy, maire de Lezennes et président de la MDE Pévèle Mélantois-Carembault, Martial Blanckaert, directeur adjoint de la MDE de la région dunkerquoise, Bernard Hanicoette, président du PLIE Val de Marque, soucieux d’illustrer et de défendre la proximité de ce dispositif ancré au service du développement économique de leurs territoires. Egalement par des élus : Christiane Bouchart, conseillère municipale de Lille, Marie-Christine Blandin, sénatrice, Eric Bocquet, sénateur, Roger Vicot, adjoint au maire de Lomme, représentant Yves Durand, plus enclins, au moins pour les sénateurs, à se positionner “dans une attitude de combat et de colère” et à “faire monter l’indignation”.
Valeur ajoutée. “Nous avons bon espoir d’arriver, comme l’an dernier, à réduire la réduction, c’est indispensable pour nos territoires”, a indiqué Bernard Charles. D’autant que les plus hautes autorités de l’Etat – Président, Premier ministre, ministres – ont reçu une missive leur rappelant et leur démontrant qu’une “vraie valeur ajoutée (…) aux politiques nationales de l’emploi” est apportée par les maisons de l’emploi. Une missive signée par une trentaine d’élus emblématiques dont, dans la région, Jean- Louis Borloo, Jean-Pierre Decool, Michel Delebarre, Valérie Létard, Pierre de Saintignon, René Vandierendonck, Jean-Marie Vanlerenbergue, Francis Vercamer. Puisse cette valeur ajoutée emporter la décision !