Les maires de l’Oise à bout de souffle
Le 9 octobre, près de 300 maires et conseillers de l’Oise se sont rassemblés dans les rue de Beauvais pour manifester contre les baisses de dotations de l’État. Un rassemblement qui marque la fracture entre l’État et ses communes.
De l’argent pour nos communes, de l’argent pour nos communes », arguaient en chœur les maires isariens, devant la Préfecture de l’Oise. Cette manifestation est davantage un appel à la raison qu’une volonté de conflit. Car les maires ont peur des conséquences pour l’investissement public et pour l’avenir des citoyens suite à la baisse des dotations annoncées par l’État. « Nous sommes une majorité de maires ruraux et nous vivons au quotidien ces baisses : nous allons devoir licencier ou ne pas embaucher, on ne peut plus investir et donc on ne pourra plus répondre aux besoins des habitants… c’est dramatique », confie Alain Pétrement, maire d’Ermenonville, accompagné de sa première adjointe Yveline Le Mignot. Après un tour dans les rues de Beauvais, les maires de l’Oise ont trouvé porte close devant la direction des finances publiques, qui a fermé ses grilles symboliquement à la venue du cortège. Seul le Préfet, Emmanuel Berthier, a reçu une délégation de 25 maires pour écouter leurs revendications… mais en catimini car la presse n’a pas été autorisée à participer. « Nous sommes pris à la gorge, confie Bernard Billière, premier adjoint de la commune de La Chapelle-en-Serval, à une heure au sud de Beauvais. Nous sommes à un point critique et nous disons au gouvernement qu’il faut revoir la loi des finances et ne pas tacler sur le budget des communes pour faire des économies ».
Une suite très incertaine
Cette manifestation est le signe d’un ras-de-bol général des maires. Il faut dire que les communes vivent actuellement un chamboulement sans précédent, avec la loi Notre. Cette dernière porte une nouvelle organisation territoriale de la République et renforce les compétences des régions. La première étape est déjà réalisée avec le nouveau découpage des régions puis va venir celui des intercommunalités, qui passeront de 5 000 à 15 000 habitants et seront organisées autour de bassins de vie. Comme le résume Richard Kubisz, maire de Péroy-Les-Gombries : « Nous sommes dans la rue car cette baisse des dotations est la goutte d’eau ». Après l’entrevue avec le Préfet de l’Oise, les maires restent déçus, sans aucune réponse à leurs inquiétudes. « Le Préfet ne nous a pas donné de réponse précise et nous a fait comprendre qu’on pleurait pour rien », relate Alain Vasselle, député de l’Oise et président de l’Association des maires de France (AMF) dans l’Oise. « Il nous a expliqué que ces baisses sont compensées par des dotations de péréquation ». Mais les maires de l’Oise n’attendent pas de miracle : « Le problème est que les communes rurales sont plus impactées car ces dotations représentent parfois pour elles 70% de leur budget. Ils nous demandent de contribuer à l’effort… nous voulons bien le faire mais que ces baisses se fassent plus longuement dans le temps comme demande l’Association des maires de France ».