Les LMI Awards célèbrent 37 champions de l’innovation
Le total de prêts d’honneur en amorçage accordé à l’ensemble de la promotion 2013 s’élève à 825 500 €. Le mois dernier, à la CCI Grand-Lille, LMI innovation a tenté elle-même de mettre de la nouveauté dans la célébration de la trentaine de créateurs lauréats.
Le trophée LMI innovation fait généralement partie de ces rares objets que les chefs d’entreprise aiment mettre sur leur bureau. Il sera quelque peu difficile aux lauréats de cette année d’en faire autant… car le trophée LMI innovation 2013 est un peignoir. Un peignoir dont le dos est marqué des nom et prénom du dirigeant d’entreprise lauréat, comme ceux portés par les boxers. «C’est sur la thématique du boxeur qui est en combat et qui gagne son combat», indique Dominique Rybicki, directrice de LMI innovation. Le public n’était pas au bout de ses surprises. L’invité d’honneur de la soirée n’était autre que Louis Schweitzer, président d’Initiative France, réseau associatif de financement des créateurs d’entreprise. Pour l’ancien patron de Renault, innover c’est savoir identifier les besoins cachés et non exprimés des clients (voir encadré). Bien des projets de cette promotion entrent dans cette logique.
Avant l’essor de l’activité des véhicules de tourisme avec chauffeur, EcoTa.Co a développé très tôt une plate-forme web pour réserver les VTC. La plate-forme compte à ce jour environ 2 000 utilisateurs. La TPE villeneuvoise a remporté ce début d’année l’appel d’offres «service porte à porte» de la SNCF pour les gares de Lille-Flandres et Lille-Europe. «Le ‘service porte à porte’ c’est de pouvoir réserver un véhicule depuis son lieu de départ jusqu’à la gare et depuis la gare jusqu’à la destination finale», explique Alexis Quesney, codirigeant d’EcoTa.Co.
Chez LMI innovation, on dit de Stéphanie Derlyn qu’elle «donne un visage aux chiffres». Cette statisticienne, créatrice d’Aistsys à Roubaix, a développé un logiciel de traitement de ce que l’on commence par appeler la matière première de l’ère numérique c’est-à-dire la donnée client. Traitées, «les données permettent de classer les individus en groupes de comportement et de leur proposer au bon moment le produit adapté. C’est le passage du marketing de masse au marketing personnalisé».
Avec un peu plus de six projets sur dix, la filière numérique l’emporte largement en nombre parmi les projets distingués, comme c’était déjà le cas les deux dernières années. Mais les projets développés dans les autres secteurs d’activité ne manquent pas d’originalité.
Saveurs minutes, créée à Arras par Alix De Wazières, installe dans les entreprises des distributeurs automatiques de plats cuisinés et de desserts. «Des produits sans additifs, qui conservent toutes leurs qualités gustatives et nutritionnelles», explique le dirigeant.
Dans le secteur de l’industrie, Origami Packaging à Wavrin a conçu un produit auquel les équipementiers automobiles manifestent déjà de l’intérêt. «C’est une grille en plastique thermoformée qui sert à emballer des pièces mécaniques et qui permet à la fois d’éviter les risques de corrosion et de faciliter le calage des pièces quand elles sont transportées par voie maritime sur de longues distances», explique Vivien Sydor, dirigeant d’Origami Packaging.
Autre surprise des LMI Awards cette année, la désignation par le public du lauréat du prix «coup de cœur» remporté par une entreprise des TIC. Il s’agit de Fitizzy qui développe une solution pour choisir la bonne taille des vêtements sur Internet.
L’appellation «LMI Awards», plus dans l’air du temps, était elle-même une surprise. Elle a été suggérée par des lauréats pour remplacer «Soirée des lauréats LMI innovation» ainsi que cet événement avait toujours été appelé.
Les 21 entreprises lauréates (37 créateurs) représentent un total de prêts d’honneur de 825 500 €. Un financement dont LMI innovation revendique le caractère de «prêts en amorçage» et qui fait «effet de levier pour d’autres financements». Pour les lauréats, c’est aussi l’entrée au sein du Club LMI innovation qui développe le réseau entre ses membres. Le réseau, un facteur décisif de réussite de l’entreprise, selon Louis Schweitzer.
Encadré :
«L’innovation ce n’est pas toujours plus, c’est aussi aller droit à l’essentiel»
Louis Schweitzer, ancien patron de Renault, président actuel d’Initiative France, invité d’honneur des LMI Awards.
La Gazette. On pense souvent qu’innover c’est ajouter et rajouter des éléments nouveaux. Vous dites, vous, qu’innover c’est quelquefois enlever ce qui n’est pas essentiel pour aller à l’essentiel.
Louis Schweitzer. Je pense que l’innovation, c’est vraiment s’interroger sur ce que le client souhaite au fond de lui-même. Au-delà du marketing traditionnel, c’est chercher le besoin qui n’est pas exprimé mais qui est réel.
Un besoin qui n’est pas exprimé ?
Très souvent, quand on interroge les gens sur ce qu’ils veulent, ils regardent ce qui existe déjà et ils pensent par rapport à ce qui existe. La vraie innovation est de dépasser cela. C’est aller au-delà d’une logique de suivisme du marché pour aller au-devant des idées des gens. L’innovation ce n’est pas toujours plus, mais c’est de répondre à un besoin qui est caché et aller droit à l’essentiel. Je crois qu’Albert Einstein disait que la logique mène de A à B mais que l’imagination mène à tout.
Vous affirmez que ce dont vous êtes le plus fier lors de votre passage à Renault c’est la Dacia.
La Dacia a été conçue pour répondre aux besoins de l’utilisateur rationnel de l’automobile. C’est-à-dire l’utilisateur qui ne fait pas de l’automobile un symbole de statut social mais qui s’attache simplement à son utilité. La Dacia se vend à peu près un million d’exemplaires chaque moisdans le monde.