Les laboratoires Anios : vers de nouveaux défis

Avec une croissance de 6,6% en 2012 et l’aménagement d’un nouveau Centre de recherche sur son site phare de Sainghin-en-Mélantois, Anios, leader de la désinfection en France et reconnu au niveau européen, conserve une bonne santé économique. Avec un rayonnement international toujours en expansion, il se lance vers de nouveaux marchés pour la rentrée.

Bertrand Letartre, le directeur des laboratoires Anios au sein de l'usine de Sainghin-en-Mélantois.
Bertrand Letartre, le directeur des laboratoires Anios au sein de l'usine de Sainghin-en-Mélantois.
D.R.

Bertrand Letartre, le directeur des laboratoires Anios, au sein de l'usine de Sainghin-en-Mélantois.

Le Nord-Pas-de-Calais renferme les deux sites de production français : Hellemmes et Sainghin-en-Mélantois, le site pluridisciplinaire qui, d’ici cinq ans, devrait devenir un grand campus haute qualité environnementale.

Dans les coulisses de l’usine. Depuis la tour de contrôle, Christelle Fonteyne supervise depuis deux ans une soixantaine de salariés, répartis en deux équipes de jour et une équipe de nuit. Dans le centre névralgique de l’usine, où flotte une odeur d’alcool, les matières premières arrivent à flots avant d’être incorporées à 90% automatiquement dans l’une des huit cuves de fabrication, dont cinq en zone Atex. «Une supervision gère la recette validée par le service R&D. On ne modifie jamais la formule. Ensuite, chaque préparation est contrôlée par un opérateur et testée en laboratoire. Par ailleurs, pour éviter une rupture de process et gagner en flexibilité, nous avons mis en place dix cuves tampons. Puis, entre chaque fabrication, les cuves sont nettoyées. La plupart d’entre elles sont continuellement en activité», souligne-t-elle. Le mélange enfin prêt est ensuite transféré vers l’une des dix lignes de conditionnement, manuelles ou automatiques, qui remplissent des flacons de 25 millilitres à 5 litres. «Sur la ligne de conditionnement standard de 750 ml, nous préparons des pulvérisateurs avec différentes formules. Notre objectif est de rationaliser l’ensemble de la chaîne. Lorsque l’on modifie par exemple l’étiquetage en fonction des commandes, on doit faire en sorte de créer la plus petite rupture possible», précise la responsable d’usine. Cependant, même si 20% des produits représentent 80% des volumes et sont donc toujours disponibles, la rentabilité est de mise : «Nous avons dix jours pour fabriquer entre la commande et l’expédition. Sprays ou gels restent ensuite en moyenne trois semaines en stock», conclut-elle. Au total, sur les deux sites, les laboratoires Anios conditionnent 120 000 flacons quotidiennement, stockent 12 000 m2 de produits finis, expédient 43 000 tonnes et développent 30 nouveaux produits par an.

Innover et exporter. Pour asseoir leur notoriété au-delà des frontières, les laboratoires Anios, qui réalisent déjà 35% de leur activité à l’étranger, affûtent sans arrêt leurs recherches pour combattre l’ennemi invisible. «Nous voulons atteindre les 50% d’ici trois à cinq ans», souligne Bertrand Letartre, PDG d’Anios et conseiller du Commerce extérieur. Répondant à l’appel de l’export et à une compétitivité accrue, Anios relève évidemment les défis du marché hospitalier et plus récemment de l’industrie pharmaceutique, cosmétique et agroalimentaire, ainsi que des collectivités (hébergement et restauration). «Le secteur hospitalier et les professions médicales sont encore en croissance en France et représentent 70% de notre chiffre d’affaires. Les collectivités et le nouveau marché de l’industrie se partagent les 30% restants. Ce dernier nécessite pourtant un volume de fabrication important et beaucoup de R&D. Et même si le retour sur investissement est long, c’est un marché porteur», explique-t-il. Anios s’est lancé à l’assaut de la cosmétique il y a deux ans. C’est un nouveau métier pour nous, car il s’agit d’ une demande de nettoyage technique − par exemple les cuves de fabrication de mascara. Cela nous a permis de conquérir des groupes tels que Dior ou encore L’Oréal, dont nous sommes désormais le fournisseur officiel, et de surpasser notre concurrent américain. Nous livrons à travers le monde avec des problématiques différentes selon les marchés. Nous faisons donc du sur-mesure”, appuie-t-il fièrement.

S’ouvrir à de nouveaux secteurs et à l’international est donc la ligne de conduite des laboratoires Anios. Ayant commencé à exporter au Liban et au Kenya, le groupe, déjà présent dans 80 pays, développe son marché en Afrique du Sud − vers lequel les premiers conteneurs sont fraîchement partis − et s’installe en Inde. «La Chine est aussi en ligne de mire mais le processus est très compliqué», avoue le directeur. La valse de l’export n’est donc pas dénuée de complications avec des normes toujours plus complexes. Les laboratoires vont certainement devoir élaguer 10% de leur production. «Il y a les normes AFNOR, les normes européennes et les autres. D’ailleurs nous sommes le seul représentant français de ce type à siéger à la Commission européenne. Il faut s’adapter au marché avec beaucoup de souplesse et de réactivité. Pour se lancer vers un nouveau pays, il faut compter généralement deux à trois ans. Nous avons treize personnes ici dans le service réglementaire et nous avons recruté deux personnes supplémentaires à l’international. Nous devons faire de la croissance externe en établissant plus de productions locales et accroître l’activité là où nous sommes implantés», confie l’arrière-petit-fils du créateur, qui tient les rênes d’Anios depuis 1976 auprès de Thierry Letartre, et qui ne cache pas sa déception quant au 6,6% de croissance soulevée par le groupe en 2012, affichant un chiffre d’affaires de 185 millions d’euros : «ce n’est jamais assez», assure-t-il.

D’ici le mois de septembre, les laboratoires Anios mettent au point le Scop’Anios, un appareil qui permettra de nettoyer les endoscopes avec les produits adéquats. «C’est l’un de nos gros dossiers de la rentrée. Il sera facilement exportable car il est adapté au marché étranger», souffle Bertrand Letartre, avant de reprendre : «Puis nous désirons aussi nous diriger vers le grand public avec le lancement d’une gamme de produits destinés à l’entretien de la maison. Cela fait longtemps que j’y pense. Pour l’instant, nous avons passé un partenariat avec Shiva.»

 

De nouveaux aménagements. Depuis 1898 et quatre générations plus tard, les laboratoires Anios suivent une stratégie de diversification avec pour leitmotiv l’innovation ; 450 salariés dont 350 en France y travaillent. A Sainghin-en-Mélantois, le nouveau centre de recherche Anios, baptisé Luce Letartre, qui regroupe trois laboratoires (chimie et formulation, chime analytique, microbiologie) et 40 chercheurs, permet de doubler les manipulations et les essais. Enfin, les travaux du nouveau centre logistique battent leur plein après plus de quatre ans d’attente. Il devrait être opérationnel d’ici 18 mois : «10 000 m2 viennent s’ajouter au local existant pour une surface total de 16 000 m2. Avant, nous avions en plus des entrepôts extérieurs, mais il fallait ramener la marchandise ici et cela faisait trop de va-et-vient. Optimiser notre organisation en vue d’une augmentation des exportations était nécessaire. Avoir notre propre logistique permettra de mieux préparer les commandes et de minimaliser les coûts», conclut Bertrand Letartre. Ces investissements, qui atteignent 14 millions d’euros, devraient ainsi apporter un avenir prometteur à Anios.